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Alphonse BARBOTTE
(1839-?)
Doreur et photographe
Alphonse Jean-Baptiste Barbotte est né le 12 octobre 1839 à Paris. On ne sait rien des trente premières années de sa vie avant qu’il s’installe à Alençon (Orne) en décembre 1869. (1) Il avait racheté le fonds de commerce de François Provost, décédé quelques mois plus tôt, qui était peintre et photographe mais aussi doreur et encadreur. (2) Barbotte va marcher dans les pas de son prédécesseur avec moins de talent et de succès. L’une des rares photographies conservée de lui est une vue de la cathédrale d’Alençon format "carte de visite" avec au dos les mentions :"Doreur & Encadrement" Alphonse Barbotte - Peintre Photographe 5 Rue du Bercail - Alençon". Provost avait fait quasiment la même vue de la cathédrale. Mais, peut-être, s’agissant des vues d’Alençon, que Barbotte s’est contenté d’exploiter le fonds de son prédécesseur en signant de son nom les épreuves de Provost. Au printemps 1874, Barbotte qui est désormais rue de la Halle-aux-Toiles, informe "sa nombreuse clientèle qu’il s’occupe spécialement des travaux de peinture, vitrerie, décors et collage de papiers peints, au plus juste prix". (3) Sauf que sa "nombreuse clientèle" n’est qu’un mirage. Ses affaires sont médiocres, si médiocres qu’à la fin de l’année 1874, il est au bord du dépôt de bilan.
UNE FAILLITE FRAUDULEUSE :
Le 19 février 1875, Barbotte est déclaré en faillite. Le bilan révèle un passif de 22 000 francs pour un actif réduit à 2 000 francs. C’est bien peu, cela sent la fraude. La librairie Hachette, créancière de Barbotte, dépose plainte contre lui le 13 septembre 1875 car elle a appris qu’une quantité considérable de marchandises avait été détournée de l’actif de la faillite. Barbotte les avait fait expédier à Paris où il vivait depuis peu avec son épouse. Le 13 septembre 1875, un commissaire de police de Paris arrête Barbotte qui comparaît le 12 janvier 1876 devant la cour d’assises de l’Orne pour banqueroute frauduleuse. Le rédacteur du "Journal de l’Orne" qui rend compte de 1’audience n’est pas tendre pour Barbotte :" Jamais accusé ne s’est trouvé aussi à son aise sur le banc d’infamie ; jamais nous n’avons été scandalisé par autant de désinvolture, autant d’impudence ni d’audace". (4) Il est vrai que Barbotte, commerçant malhonnête, était aussi un mari "excessivement violent". Plusieurs fois, sa jeune épouse avait fui le domicile conjugal. Au président du tribunal qui lui reproche sa conduite envers sa femme, l’accusé répond : "Oui je suis violent en paroles. Puis, il y a des choses qui forcent les maris à sortir de leur caractère". Cette violence n’était pas que verbale. Quand le commerçant failli a quitté Alençon où il était trop connu pour s’installer à Paris, il a, sans aucune pudeur, exigé de son épouse qu’elle aille se prostituer sur les Champs-Elysées : "Si tu ne me rapportes pas vingt francs chaque soir, je te chasse de chez de moi." Ce n’était pas pour cela qu’il comparaissait devant la cour d’assises et les jurés -tous des hommes- furent plutôt cléments. Défendu par un bon avocat qui plaida les circonstances atténuantes, Barbotte ne fut condamné qu’à quatre ans d’emprisonnement alors qu’une banqueroute frauduleuse pouvait être sanctionnée par des travaux forcés.
Sources :
(1) La première annonce de Barbotte est publiée dans "Le Journal d’Alençon" du 30 décembre 1869. Consultable en ligne sur Normannia - Le patrimoine écrit de Normandie.
(2) "Images révélées - 150 ans de photographies aux Archives de l’Orne". (2007)
(3) "Le Journal d’Alençon" du 2 juin 1874. voir supra.
(4) "Le Journal d’Alençon" du 13 janvier 1876. voir supra.