Marie-Appoline BAUDY (veuve)

(1864-1919)
Photographe d'atelier
1 photographie

Saint-Dié-des-Vosges Vosges

Marie-Appoline Gérard naît le 20 janvier 1864, une commune de Meurthe-et-Moselle située à 5 kilomètres de Baccarat où son père est tailleur de cristaux. Le 11 décembre 1883, quelques jours avant d’avoir atteint son vingtième anniversaire, Marie Appoline épouse à Baccarat Emile Baudy, photographe ambulant. De droit, il est domicilié chez ses parents à La Nouaille, commune de la Creuse où il est né en 1859 ; de fait, il se déplace de ville en ville, peut-être accompagne-t-il son frère Etienne, lui aussi photographe, qui s’établira en 1885 à Epinal (Vosges). Le fils aîné d’Emile et de Marie-Appoline, Emile Etienne, naît à Baccarat le 3 décembre 1884, (1) une commune que ses parents quittent au plus tard au premier semestre 1886. Cette année-là, ils sont recensés 3, rue du Casino à Saint-Dié-des-Vosges où Emile Baudy travaille à l’enseigne « Photographie Lyonnaise ». Sa carrière à Saint-Dié sera brève. Il meurt le 12 juin 1890. Veuve à l’âge de 26 ans avec un jeune garçon à sa charge, Marie-Appoline fait face à ce coup du sort. Sans doute parce que son mari l’avait associée à ses travaux, elle se sent capable de le remplacer. A juste titre. Les nombreux portraits signés « Veuve Baudy » (dont beaucoup de militaires en garnison à Saint-Dié) l’attestent. Avant 1904, la photographe transfère son atelier 5, rue Jacques-Delille. Elle y est recensée en 1906. En décembre 1909, cet atelier, construit en planches, est intégralement détruit par un incendie. (2) Après ce désastre, Marie-Appoline Baudy déménage au 62, rue Thiers là où avait opéré Victor Franck, grande figure de la photographie déodatienne au XIXe siècle. (3) Peu après son installation rue Thiers, Marie Appoline Baudy confie les rênes de l’atelier à son fils Emile Etienne. En 1911, il est photographe patron 62, rue Thiers où il est domicilié avec son épouse alors que sa mère est repartie à Baccarat. Cela lui épargnera d’être le témoin, en janvier 1913, d’un triste spectacle : le laboratoire de la rue Thiers est à son tour la proie des flammes. Un grand nombre d’épreuves signées Veuve Baudy ou Victor Franck part en fumée. Dès que cela a été possible, Emile Etienne Baudy a repris son travail rue Thiers et ce, jusqu’à ce qu’il soit mobilisé en 1914. (4) Le photographe se trouvait-il encore à Saint-Dié le 26 août quand les Allemands sont entrés dans la ville qu’ils ont occupée jusqu’au 11 septembre 1914. Est-ce à lui ou à sa mère que l’on doit attribuer les clichés signés Baudy faits pendant l’occupation allemande ? Plusieurs ont été diffusés par l’éditeur Bouteiller sous forme de cartes postales : convoi de blessés, cuisines roulantes, cyclistes…

Pendant que son fils était mobilisé, Marie-Appoline Baudy a-t-elle travaillé à Saint-Dié, devenue la cible de l’artillerie allemande ? On ne sait. Elle est décédée à Saint-Dié le 12 juin 1919 mais, à cette date, elle était domiciliée à Baccarat où sa succession a été réglée.

Après la guerre, son fils sera antiquaire à Saint-Dié. En 1921, c’est le photographe Robert Henri Woelflin qui travaillait rue Thiers dans l’ancien atelier Baudy.

Notes et sources :

 (1) Le deuxième garçon du couple, prénommé Charles est né le 23 février 1887 à Baccarat chez ses grands-parents maternels où sa mère, qui vivait à Saint-Dié, était venue accoucher. Il est mort le 16 avril suivant.

(2) « Patrimoine photographique des Vosges – (1870-1950) un héritage pour demain » Catalogue de l’exposition organisée par les Archives départementales des Vosges en 2006.

(3) Au 62 rue Thiers, Mme Baudy était presque  voisine de Georges Huss, photographe au n°56, auquel elle était apparentée par sa mère.  En 1896, Georges Huss était apprenti photographe dans l’atelier de Mme Baudy rue du Casino Dix ans plus tard, elle sera témoin à son mariage.

 (4) Le feuillet matricule d’Etienne Emile Baudy étant très succinct, on ne sait à quelle date il a été mobilisé, ni dans quelle unité il a été affecté pendant la Première Guerre mondiale. Il était passé devant le conseil de révision en 1904 mais avait été dispensé de service militaire étant fils unique de veuve.