Jean-Baptiste BEYNIE

(1847-1924)
Photographe d'atelier
2 photographies

Brive Corrèze

Fils d’un teinturier, Jean-Baptiste Beynié est né le 2 novembre 1847 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze). Il a fait une belle carrière de photographe dans sa ville natale. Elle aurait débuté vers 1872-1873, il est alors associé à Charles Bühl qui, précédemment, avait exercé à Périgueux (Dordogne). Jean-Baptiste Beynié poursuit seul dans son atelier situé square de la République ; un atelier dont il s’échappe souvent pour réaliser des vues de Brive et du Limousin. On lui doit notamment un reportage sur les mines d’Allassac (1). Pour se déplacer, le photographe utilise sa bicyclette mais il a aussi fait des vues aériennes depuis la nacelle d’un ballon.

Beynié vélocipédiste : Selon la revue "Le Véloce-sport", Beynié commence à enfourcher une bicyclette dès le début des années 1880 devenant ainsi le plus ancien vélocipédiste de la ville. Longtemps, il sera le vice-président du "Véloce-club" briviste dont il était l’un des fondateurs. Quand deux membres du club se provoquent en duel au pistolet, Beynié est choisi comme témoin par l’un des deux duellistes. Deux balles sont échangées, sans faire de victime (2). En 1888, le "Véloce-club" organise plusieurs courses dont une pour les monocycles.  "Le Courrier du Centre" nous apprend "qu’un appareil photographique établi au bas de la tribune a permis de reproduire les coureurs dans leur plus grande vitesse, c’est-à-dire lorsqu’ils parviennent au poteau d’arrivée."(3) Beynié n’est pas cité mais qui d’autre aurait pu avoir l’idée de placer son appareil à cet endroit ? Au printemps 1893, le photographe parcourt en pédalant les routes italiennes malgré qu’elles soient "bien mauvaises" (4). L’année précédente, délaissant momentanément sa bicyclette, il s’était rendu, avec deux amis vélocipédistes, dans le Cantal où la Dordogne prend sa source. Embarqué sur un canot, les trois hommes descendirent la rivière jusqu’à son confluent avec la Gironde (5). Beynié était-il monté à bord du "frêle esquif" avec son appareil ? Peu probable. Trop risqué.

Beynié aérostier : Sa première ascension en ballon a lieu le 7 octobre 1888. Il accompagne Georges Besançon, capitaine des aérostiers de Paris. "...après un gonflement rendu des plus difficultueux par suite de la tourmente le ballon "Ville-de-Brive" quittait solennellement le Champanatier (place de la Liberté)... Après un superbe voyage au-dessus des nuages, à 2 200 mètres d’altitude, l’atterrissement s’effectua dans les meilleurs conditions, malgré un vent terrible..."(6). Les deux hommes se retrouvent trois ans plus tard pour deux ascensions successives. Entre temps, Besançon a été promu directeur de l’Ecole supérieure de navigation aérienne. Le 13 mai 1891, il est à la manoeuvre quand "Le Sirius" s’élève au-dessus de l’usine à gaz de Brive. Beynié, quant à lui, "muni d’un nouvel appareil" est chargé de prendre des vues photographiques (6). Nouvel ascension en juin, cette fois-ci Besançon et Beynié partagent leur nacelle avec deux officiers du 14e de ligne. "Le Sirius" finit sa course à Lubersac "au milieu des applaudissements de tous les habitants. Le trajet parcouru par le ballon a été photographié du haut de la nacelle par M. Beynié". (7)

Comme d’autres notables de la IIIe République, Beynié s’intéresse de près au développement de la pratique sportive dans sa ville. Il cumule ses responsabilités au sein du Véloce-club" avec celles de vice-président de la société locale de gymnastique dénommée, on s’en serait douté, "La Gaillarde". Ces multiples activités l’éloignent souvent de son atelier. Quand il n’est pas là, c’est son cousin Marcel Beynié (1866-1942) qui accueille les brivistes venus se faire tirer le portrait chez le plus connu des photographes de la ville. Selon certaine source, c’est en 1906 que Jean-Baptiste Beynié aurait laissé les clés de son atelier à son cousin.

Célibataire, Jean-Baptiste Beynié est décédé à Brive le 28 décembre 1924 à l’âge de 78 ans.

Sources :

(1) Sur son site Géoculture, la bibliothèque francophone multimédia de Limoges reproduit quatre épreuves d’Allassac signées Beynié.

(2) Gallica  - "Le Véloce-sport" organe de la vélocipédie française, du 8 décembre 1892.

(3) Le Courrier du Centre" du 9 octobre 1888 consultable en ligne sur le site de la bibliothèque francophone multimédia de Limoges.

(4) Gallica -  "Le Véloce-sport" du 27 avril 1893.

(5) Gallica -  "Le Véloce-sport" du 28 juillet 1892.

(6) Gallica -  "Le Rappel" du 22 octobre 1888.

(7) Gallica -  "La Lanterne" du 20 mai 1891 et "Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze" 1891. Le récit de la deuxième ascension du "Sirius" par M. Beynié pages 409 à 418.

(8) Gallica -  "La Lanterne" du 6 juin 1891.