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Jules BRECHET
(1835-1910)
Photographe d'atelier
3 photographies
Cherbourg Manche Lisieux Caen Langrune-sur-Mer Calvados
Jules François Bréchet est né le 25 décembre 1835 à Paris. Pendant quarante ans, il sera photographe en Normandie. On trouver sa signature sur de nombreuses cartes postales du Calvados.
CHERBOURG (Manche) : Il y est déjà photographe quand il épouse le 18 avril 1865 Angela Gallot. Un mois plus tard, Blanche Bréchet, soeur de Jules, se marie avec Charles Gallot, frère d’Angela, qui était aussi photographe. Les beaux-frères ne se feront pas longtemps concurrence dans la sous-préfecture de la Manche où Bréchet avait un atelier 19, rue de l’Union.
LISIEUX (Calvados) : Il s’y établit en 1867 environ. En septembre 1868, quand la grande salle du casino de Trouville est inaugurée, Bréchet, photographe à Lisieux, en fait une vue pour stéréoscope (1). Au printemps 1871, une rumeur malveillante annonce la création d’une Commune de Lisieux dont Jules Bréchet prendrait la direction. Etre étiqueté communard dans une petite ville normande plutôt conservatrice ne pouvait que nuire à ses affaires. Le photographe s’insurge et menace de poursuivre devant les tribunaux toute personne qui colporterait ce ragot. (2) Est-ce ce qui l’amena à quitter Lisieux ? En 1872, il s’installe à Caen conservant un temps une succursale à Lisieux.
CAEN (Calvados) : Bréchet y exerce d’abord 12, place Royale et place du Théâtre où il aurait pris la succession d’un certain Charles qui n’est répertorié nulle part comme photographe. En 1886, il transfère son atelier 5, rue de Lisieux à proximité d’une fabrique de meubles qui est détruite lors d’un incendie en mars 1887. Les flammes traversent la rue, passent sous la porte de la maison de Bréchet. Son atelier et son laboratoire sont réduits en cendres. (3) A la même adresse, il en fera bâtir un autre qui sera détruit lors des bombardements de 1944. Le seul souvenir qui nous en reste est une carte postale ancienne.
LANGRUNE-SUR-MER (Calvados) : A son atelier principal de Caen, Bréchet avait adjoint une succursale à Langrune, station touristique. Il s’y trouve le 5 octobre 1883 et malgré une mer furieuse sauve, avec l’aide d’un ami, une barque qui sans cela se serait brisée. Durant la longue saison des bains de mer, il quitte Caen pour se rendre à Langrune, un bourg de 900 habitants qui accueille beaucoup de touristes en villégiature. Bréchet photographie les groupes d’estivants sur la plage. Moins banal, il se rend à Langrune le 14 janvier 1885 tirer des épreuves d’une baleine échouée sur la plage. (4)
TILLY-SUR-SEULLES OU LE COMMERCE DES APPARITIONS : Dans ce village du Calvados, deux jeunes filles, Marie Martel et Louise Polinière, déclarent que la Vierge leur est apparue le 18 mars 1896 au lieu-dit l’Ormeau. Ces apparitions se poursuivront jusqu’en 1897. Tilly devient un lieu de pèlerinage et comme à Lourdes, un petit commerce de souvenirs se développe. Bréchet y prend part. et vend "une très belle épreuve de l’apparition". Sans vergogne, il explique au journaliste parisien de "Gil Blas" comment il a procédé. "J’ai tout d’abord été photographié l’Ormeau et je me suis fait expliquer par la petite Polinière quel genre de vierge elle voyait. Quand elle me l’eut dit, j’ai photographié une vierge de plâtre, entourée de ouate et de mousseline pour faire un nuage, et le cliché étant à peu près venu, je l’ai reporté sur le cliché de l’Ormeau... l’apparition était faite..." Bréchet se vante d’avoir "débité quatre mille clichés dans les premiers mois" (5) Bientôt, il sera concurrencé par Jules Leprunier à qui les parents de Louise Polinière avaient confié le droit exclusif de photographier Louise et de vendre son portrait.
Jules Bréchet a été actif à Caen jusqu’en 1905. C’est Félix Baudet qui lui a succédé. (6)
Sources :
(1) "Le Journal de Honfleur" du 5 septembre 1868 consultable sur Normannia.
(2) "Le Bonhomme normand" du 22 avril 1871 consultable sur le site des archives départementales du Calvados.
(3) "Le Journal d’Alençon" du 26 mars 1887 consultable sur Normannia.
(4) Une épreuve est répertoriée par la Bibliothèque nationale de France.
(5) Gallica - "Gil Blas" des 8 et 12 juin 1897 et du 3 juillet 1897.
(6) "Objectif Calvados - Un siècle de photographie aux Archives du Calvados (1850-1950)" Cahier de la Direction des archives du Calvados n° 44 - 2010.