Paul CABAUD

(1817-1895)
Artiste peintre et photographe

Annecy Haute-Savoie

Paul Cabaud est né le 17 juin 1817 à Annecy.  Comme toute la Savoie, sa ville natale était encore rattachée au royaume de Piémont-Sardaigne. Son père avait dirigé une forge et  rien ne prédestinait, l’adolescent à suivre une formation artistique à Annecy puis à Paris et à Genève. (1)

ARTISTE PEINTRE ET PROFESSEUR :  C’est en 1844, âgé de 27 ans, que Paul Cabaud débute sa carrière d’artiste peintre dans sa ville natale. Certains de ses portraits sont exposés à Gênes (Italie) en février 1850 et valent des louanges au jeune peintre piémontais.  (2)  Mais Paul Cabaud est avant tout un paysagiste.  En septembre 1860, quand Napoléon III et l‘impératrice visitent la Savoie rattachée depuis peu à la France, la municipalité d’Annecy leur offre deux grands tableaux, des vues du lac, signées Cabaud. (3)  Le lac d’Annecy et les  alentours sont sa principale source d’inspiration. L’une de ses lithographies « Paysage sur les bords du lac d’Annecy » est insérée dans « La Savoie historique et pittoresque » publiée en 1854. (4) Cette année-là, Paul Cabaud obtient un brevet d’imprimeur-lithographe.  Avec un associé, il ouvre un atelier équipé d’une belle presse lithographique. (5) Le journal local s’en fait l’écho mais rien n’indique que cette petite entreprise artisanale ait été une affaire pour l’artiste peintre. Comme la vente de ses toiles ne lui procure pas des revenus suffisants, il est professeur de dessin au collège, poste qu’il cumulera, à partir d’avril 1862, avec celui d’enseignant à l’école publique de dessin ouverte par la commune d’Annecy. « Le cours a lieu tous les jours, le dimanche et le jeudi exceptés à sept heures du soir ». (6)

PHOTOGRAPHE :   Au printemps 1862, six mois avant de se marier à l’âge de 45 ans, Paul Cabaud ouvre un atelier de photographie avenue de Chambéry à Annecy. « Le journal de la Savoie » se réjouit de l’ouverture « d’un établissement dont l’absence nous forçait de recourir le plus souvent à des artistes improvisés… des photographes de passage dont nous étions tributaires et qui, pour la plupart, ne possèdent pas les premières notions de l’art ». Dans son atelier de peinture et de photographie, M. Cabaud va « déployer avantageusement son talent et ne livrer des épreuves photographiques comme en produisent seulement les grands établissements de ce genre, à Paris et à Lyon. »  (7) L’ouverture de cet atelier ne marque pas l’entrée de Paul Cabaud dans le monde de la photographie qu’il avait découvert bien avant. « L’Echo du Mont-Blanc » daté du 18 décembre 1855, informe ses lecteurs que M. Cabaud d‘Annecy est « Possesseur d’un excellent appareil photographique, il prend des portraits photographiques sur verre, les reporte ensuite sur papier pour les avoir dans leur position normale et au moyen de ce dessin, parfaitement exact, il exécute de charmantes miniatures à l’huile de la plus grande ressemblance ».(8) En juillet 1856, il est de passage à Chambéry (Savoie) où les promeneurs peuvent admirer « de charmants portraits photographiques et à l’huile exposés sous les Portiques ». En février 1857, au même endroit, Paul Cabaud expose ses « belles épreuves photographiques » dont un portrait de M. Francière, acteur d’une troupe dramatique de passage à Chambéry « Dans les limites actuelles de l’art photographique, il serait bien difficile d’obtenir un portrait plus achevé que celui-là. Jamais le daguerréotype n’avait atteint chez nous ce degré de perfection… » (9)

Le 12 novembre 1862, à Annecy, Paul Cabaud épouse Emilie Marie Poreaux (1836-1897), fille d’un architecte. Artiste elle aussi, elle participe, avec son mari, à une exposition de peinture en 1867. (10) Mais Madame Cabaud sera aussi photographe. Accaparé par ses divers travaux d’artistes et d’enseignant, Paul Cabaud n’était pas toujours disponible pour accueillir les Annéciens dans son atelier de l’avenue de Chambéry.  C’est son épouse qui le suppléait. En 1872, 1876 et 1881, Paul Cabaud est recensé comme artiste peintre et sa femme comme photographe. On imagine que nombre de portraits signés Cabaud sont l’œuvre de son épouse. En 1886, Emilie Cabaud n’est plus photographe mais maîtresse d’écriture.  Concurrencé par d’autres photographes, son mari avait sans doute fermé son atelier.

 Septuagénaire, Paul Cabaud , quitte Annecy et vient vivre  à Cran-Gevrier  où il est toujours peintre et professeur de dessin en 1891. Il y décède le 6 mars 1895 deux ans avant son épouse.

 

Sources :

(1)   Sur l’œuvre de Paul Cabaud, artiste peintre et photographe, la source essentielle est le catalogue de l’exposition qui lui a été consacrée en 2017 pour le 200e anniversaire de sa naissance. « Paul Cabaud, amoureux d’ici. Peintre et photographe à Annecy dans la seconde moitié du XIXe siècle » Electre (2019)

(2)   « Le Courrier des Alpes » du 6 février 1850.

(3)   « Le Courrier des Alpes » du 3 septembre 1860.

(4)   « Le Courrier des Alpes » du 6 juin 1854.

(5)   « L’Echo du Mont-Blanc » du 31 mai 1854.

(6)   « Le Journal de la Savoie » du 17 avril 1862.

(7)    « Le Journal de la Savoie » du 17 mai 1862.

(8)   « L’Echo du Mont-Blanc » du 18 décembre 1855.

(9)   « La Gazette de Savoie » du 28 février 1857.

(10) « Le Journal de la Savoie » du 1er septembre 1867.

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