Antonio COSMES DE COSSIO

(xxxx-1869)
Daguerréotypeur puis photographe

Espagne Etats-unis France Mexique

Fils d’Antonio Cosmes, officier espagnol, et de Guadalupe de Cossio, mexicaine, Antonio L. Cosmes de Cossio est né à Mexico en 1820 environ. Il sera dans son pays l’un des premiers à faire des portraits au daguerréotype. Au début de sa carrière, il est associé à l’Américain Charles S. Betts alors que leurs deux petits sont en guerre depuis 1846. Après leur séparation en janvier 1848, Cosmes de Cossio ouvre son propre atelier San Jose Real 5 à Mexico. (1) A ce jour, aucun daguerréotype fait dans son pays natal ne peut lui être attribué. Cependant, le musée du Quai-Branly – Jacques-Chirac a acquis en 2017 trois daguerréotypes dont l’un glissé dans un étui qui porte la mention A. Cosmes. (2)

ESPAGNE : En 1852, Antonio Cosmes embarque pour l’Espagne, le pays natal de son père et s’installe à Cadix, capitale de l’Andalousie. Alors qu’il était déjà établi en Espagne ou juste avant de rejoindre Cadix, Cosmes de Cossio présente à Paris des « épreuves diaphanes obtenues directement à la chambre obscure. » Le 23 octobre 1852, « La Lumière » nous explique comment il procède : « Il couvre la plaque de verre de collodion qu’il traite par de l’iodure de potassium et du lactate d’argent, au lieu du nitrate. Il fait apparaître ensuite l’image au moyen de l‘acide pyrogallique. Une fois qu’elle est développée, il la soumet à l’action d’un mélange d’ammoniaque et d’acide azotique, puis il la fixe à l’hyposulfite ». (3)

ETATS-UNIS : A des dates qui restent à préciser, (4) le photographe aurait travaillé aux Etats-Unis. La seule mention que nous ayons trouvée de ce séjour est dans un article d’Ernest Lacan publié dans « La Lumière » du 13 juin 1857. Lacan y fait l’éloge des portraits que le photographe avait déposés au bureau du journal sans préciser qu’il en était l’auteur. « Ces portraits sont de M. Cosme de Cossio… qui arrive d’un long voyage en Amérique. C’est là qu’il a exécuté les magnifiques portraits dont nous parlons. Pendant un séjour de plusieurs années au Mexique, à la Nouvelle-Orléans, à Saint-Louis, à Cincinnati, à New-York, M. de Cossio, peintre habile et chimiste expérimenté, a fait de curieuses études. Ses portraits, sur verre collodionné, sont le résultat d’un procédé dont il n’a trouvé la formule qu’après de laborieuses recherches, et qui diffère entièrement de ceux employés par les portraitistes en général… Disons en terminant que M. Cosme de Cossio a l’intention de se fixer à Paris. C’est une bonne chose pour la photographie. » (5)

FRANCE
Paris - Lyon : Cosmes de Cossio ne se fixera pas dans la capitale. Le 16 juin 1857, alors qu’il est domicilié, 29, rue de Richelieu à Paris, il dépose un brevet sur la coloration et le montage des épreuves photographiques. (6) Un mois plus tard, à Lyon, il crée le 11 juillet 1857 avec Noël Pelletot une société ayant pour objet l’exploitation :
1) de l’ambrotype ou établissement et production des épreuves positives sur verre ;
2) de la photographie en noir sans retouche ou retouchée en noir ou à l’aquarelle ;
3) et pour le bénéfice à retirer, par M. Cosmes seul, des photographies par un nouveau procédé par lui inventé suivant un système appelé diaphonotype, et pour lequel il a pris un brevet, soit en France, soit à l’étranger, étant expliqué qu’il ne met pas en Société, l’usage de ces brevets, mais qu’il s’oblige seulement à exécuter par ces procédés et brevets, et uniquement pour la Société, toutes les épreuves dont elle aura le soin, les procédés et brevets restant la propriété de M. Cosmes. Le siège de la Société est 31, rue de Bourbon à Lyon ; sa raison sociale Antonio Cosmes & Cie. (7) Prévue pour durer six années, la société est dissoute après seulement trois mois d’existence. Antonio Cosmes est nommé liquidateur et continuera seul l’exploitation du même procédé photographique. (8)
Toujours domicilié à Lyon, le photographe dépose le 2 janvier 1858, un brevet d’invention sur l’impression des épreuves photographiques sur des toiles préparées. (9) Deux mois plus tard, il présente à la Société française de photographie « des épreuve positives obtenues sur un papier spécial qui, d’après l’auteur aurait la faculté de donner aux épreuves dans le châssis le ton et l’intensité exacts. » (10)

ESPAGNE : En mai 1858, associé au photographe madrilène, José Martinez Sanchez, il couvre l’arrivée de la reine Isabel II dans le port de Valence. Leurs vues constituent le premier reportage photographique fait dans le pays. (11) Antonio Cosmes de Cossio aurait été actif en Espagne quelques d’années mais c’est en France qu’il finira sa carrière.

FRANCE :
Bayonne – Roanne : Après avoir franchi les Pyrénées, Cosmes de Cossio aurait travaillé à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) durant la seconde moitié des années 1860. (12) Ensuite il rejoint Roanne (Loire), commune natale de Marie Talon, son épouse. (13) Elle y décèdera le 10 septembre 1868. Antonio Cosmes de Cossio ne vivra seul que treize mois. Il est mort à Roanne le 20 octobre 1869 à l’âge de 45 ans. Sans héritier. Le 13 avril 1870, ses biens seront vendus aux enchères, à savoir :
- Lits, matelas, linge, bureau, chaise, glace, vêtement, robes de soie, montre en or garnie de brillants., sautoir en or et autres bijoux ;
- appareils de photographie, presse à satiner à planche d’acier, portraits peints et photographies, vitrines. (14)
Son atelier de photographie fut évalué à 277 francs, peu de chose comparé au passif constaté lors de l’inventaire après décès qui s’élevait à plus de 2 600 francs. (15)

Sources :
(1) John Hannavy « Encyclopedia of Nineteenth-Century Photography ».
(2) Société des amis du musée du quai Branly – Jacques-Chirac.
https://www.amisquaibranly.fr/wp-content/uploads/2018/07/daguerrotypes.pdf
(3) Gallica « La Lumière » du 13 juin 1857.
(4) Dans son « Répertoire des photographes de France au dix-neuvième siècle », Jean-Marie Voignier indique que Cosmes de Cossio a été actif aux Etats-Unis de 1853 à 1857.
(5) Gallica « La Lumière » du 23 octobre 1852.
(6) Institut national de la propriété industrielle (INPI) Base brevets du 19e siècle. Brevet 1BB32627.
(7) « Le Salut public » du 20 juillet 1857. Consultable en ligne sur Lectura Plus – Le portail du patrimoine écrit et graphique en Auvergne-Rhône-Alpes.
(8) « Le Salut public » du 9 octobre 1857. Voir supra.
(9) Institut national de la propriété industrielle (INPI) Base brevets du 19e siècle.1BB34980. La demande avait été déposée par Antoine Comes et Antoine Lacombe, tous deux domiciliés 38, rue de Bourbon à Lyon.
(10) Gallica « Bulletin de la Société française de photographie »  séance du 26 mars 1858.
(11) Francisco Montellano « Antonio L. Cosmes de Cossio – un precursor del fotorreportage ». Consejo National para la cultura y las artes – Mexico .(2001)
(12) Jean-Marie Voignier « Répertoire des photographes de France au dix-neuvième siècle »,
(13) Fille d’un charpentier de bateaux, Marie Talon est née le 11 février 1832 à Roanne. Son mariage avec Antonio Cosmes de Cossio n’a été célébré ni à Roanne, ni à Lyon.
(14) « Le Journal de Roanne » du 10 avril 1870. Consultable en ligne sur Lectura Plus – Le portail du patrimoine écrit et graphique en Auvergne-Rhône-Alpes.
(15) Archives départementales de la Loire. Bureau de l’enregistrement de Roanne. Mutations par décès (3Q5203).