Paul Brutus DEFOSSE

(1800-?)
Photographe (?)

Paris

Fils d’un marchand frippier, Paul Brutus Défossé est né le 17 fructidor an VIII (4 septembre 1800) à Arras (Pas-de-Calais). Il n’a pas fêté ses 17 ans quand  l'adolescente Aimable  Josèphe Payen (1820- ?), dentellière, accouche de leur fille Clémence Euphémie, le 20 février 1818. Sur l’acte de naissance, la mère est censée avoir 24 ans soit neuf de plus qu’à l’état civil. Deux ans plus tard, Clémence Euphémie aura un petit frère prénommé Augustin Paul. Comme son aînée, il sera reconnu et légitimé le 31 mars 1820, quand Paul Brutus Défossé, tailleur d’habits, âgé de 19 ans, épousera Aimable Payen, couturière, 17 ans. Le jeune ménage aura une autre fille née à Arras le 6 février 1822 puis s’installera à Amiens (Somme) où naîtront deux garçons : Paul Marcellin voit le  jour en 1824, il meurt de « convulsions périodiques » deux ans plus tard ; Achille Joseph, le futur photographe, cinquième et, semble-t-il, dernier enfant du couple, est né à Amiens le 22 juin 1829.  A une date qui reste à préciser, les Défossé quittent Amiens et viennent à Paris.

PARIS : Le 27 mai 1854, Achille Joseph Défossé, sculpteur, épouse Florence Constance Robart sans profession, née à Arras en 1830 de père inconnu. Achille vit chez ses parents 51, rue Saint-Antoine et, même après son mariage, les suivra quand ils déménageront 13, rue de Rivoli.  Achille s’éloigne, un peu, de  ses parents, en mars 1861 quand il prend la direction d’une fabrique de sculpture mécanique en bronze dont  les ateliers se trouvent rue de Harlay dans le quartier du Marais.  Sans doute piètre gestionnaire, Achille met la clé sous la porte et devient photographe, un métier très en vogue. Son père, qui  probablement n’a jamais fait un portrait de sa vie,  lui met le pied à l’étrier.

Le 14 juin 1864, Paul Brutus Défossé crée avec Alfred Théodore Lair (1) une société en nom collectif pour l’exploitation d’un établissement de photographie sis 19, boulevard Saint-Denis à l’enseigne « Maison du Nègre » où avait opéré Victor Coquet. (2) La société Défossé & Lair qui devait durer quinze ans, est dissoute le 31 décembre 1864, soit six mois après sa création (3)  Défossé père, chargé de sa liquidation, a déjà trouvé d’autres associés. Le 3 janvier 1865, il créé une société en nom collectif et en commandite ayant le même objet que la précédente sous la raison sociale "Société A. Défossé et Cie". (4)  Contrairement à Alfred Lair, ses deux nouveaux associés ne sont pas des photographes, Julien Dumas est négociant et Joseph Roux, expert-comptable. Le capital social de la société est de seize mille francs. Paul Brutus Défossé en avance la moitié ; les deux commanditaires l’autre moitié. Dans l’acte notarié, l’apport de Défossé est détaillé comme suit :

1) l’établissement photographique situé boulevard Saint-Denis n°19 qui lui appartient, comprenant la clientèle et l’achalandage y attachés ;  le mobilier et le matériel industriel en dépendant ;

 2) le droit à la location des lieux où s’exploite ledit fonds, et d’une montre (5) ou exposition, sise rue Bourbon Villeneuve au coin de la rue Saint-Denis;

 3) les clichés et photographies dépendant de l’établissement ; Le tout évalué à huit mille francs.

Dès le 28 janvier 1865, Achille a procuration de son père pour gérer et administrer la photographie du 19, boulevard Saint-Denis. (6)   Il fera faillite en mai 1874 mais là, Paul Brutus -peut-être décédé- ne lui sera d’aucun secours.

 Sources :

(1)   Alfred Lair (1839-1879).  Photographe à Paris, il poursuivra sa carrière à Beaufort-en-Vallée (Maine-et-Loire) où il se mariera le 17 février 1873.  Il est décédé à l’asile d’aliénés de Sainte-Gemmes-sur-Loire le 2 mars 1879.

(2)   Gallica - « La Gazette nationale ou le Moniteur universel » du 22 juin 1864.

(3)   Gallica - « La Gazette nationale ou le Moniteur universel » du 7 janvier 1865.

(4)  Gallica – « La Gazette nationale ou le Moniteur universel » du 15 janvier 1865.

(5)  Pendant longtemps, les photographes avaient leur atelier dans les étages supérieurs afin qu’il soit éclairé au mieux par la lumière naturelle. Pour compenser l’absence de devanture au rez-de-chaussée, les photographes accrochaient au pied de leur immeuble une montre  (un coffre vitré) dans laquelle ils exposaient leurs plus beaux portraits afin d’inciter les chalands à grimper jusqu’à leur atelier. Les mauvaises langues insinuaient que certains professionnels affichaient dans leur montre des portraits faits par des collègues plus talentueux.

(6)   Durand Marc « De l’Image fixe à l’image animée » 1820-1910 » Archives nationales (2015)