Joseph DUCROS

(1823-1902)
Professeur de musique et photographe
1 photographie

Rodez Aveyron

Fils d’un propriétaire, Jean Joseph Ducros est né le 31 mars 1823 à Manhac (Aveyron). Le 25 octobre 1847 il se marie à Rodez (Aveyron) dont il sera longtemps un acteur de la vie musicale : professeur de musique, directeur de l’orphéon, chef d’orchestre. Parallèlement, il s’intéresse de près à la photographie, son second métier.

LES PLUS BELLES VUES DE L’AVEYRON : UN PROJET INABOUTI. Le 24 avril 1858, sous le titre "Vues et portraits photographiques", "Le Journal de l’Aveyron" (1) publie un long article consacré à Ducros "un photographe très exercé, qui est avantageusement connu dans le département… M. Ducros a séjourné quelque temps à Paris pour y étudier les délicatesses d’un art qui demande une certaine habileté… M. Ducros a exhibé diverses épreuves et, entre autres, des vues de la ville et de la cathédrale de Rodez, qui sont bien venues et une collection de portraits dont la plupart sont parfaitement réussis..." Le photographe avait écrit au journal pour qu’il fasse écho "au projet qu’il a formé de prendre, à l’aide du daguerréotype, les vues les plus intéressantes des sites et monumens (sic) du département de l’Aveyron... " Quelques mois plus tard, le photographe recherche l’appui de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron. Lors de la séance du 8 septembre 1858, "le secrétaire donne lecture d’une lettre qu’il a reçue dans laquelle M. Ducros, maître de musique à Rodez, sollicite le patronage de la société pour une œuvre qu’il a conçue , qu’il est sur le point d’entreprendre et qui a pour objet la photographie des principales localités du département, des ruines des châteaux, des vues pittoresques et généralement de tout ce que le département offre des plus curieux. La collection comprendraient 80 vues ayant 18 centimètres sur 24 et 12 ayant 33 centimètres sur 27. On souscrira chez M. Ducros, savoir pour 85 vues, dont 80 de 18 sur 24, au prix de 60 fr ; pour 50 vues de 18 sur 24 au prix de 50 fr. Chaque vue, achetée en détail, coûtera 3 fr et 2 fr, selon les dimensions". La société savante décide de souscrire pour 85 vues.(2) Cela ne sera pas suffisant. Sans doute faute d’un nombre suffisant de souscripteurs, Ducros devra renoncer à son projet.

DUCROS, PHOTOGRAPHE DE l’IDENTITE JUDICIAIRE. Cette même année 1858, Ducros est encore mentionné dans "Le Journal de l’Aveyron" mais pour une toute autre raison. En mars, un individu qui s’apprêtait à commettre un vol au moyen d’une échelle avait été appréhendé. Emprisonné à Rodez pour vagabondage, il avait toujours refusé de décliner son identité. Après six mois de silence, le juge avait demandé à Joseph Ducros de faire un certain nombre de portraits de l’individu et les avait envoyés à plusieurs parquets de France. Le procureur impérial de Vitré (Ille-et-Vilaine) en avait transmis un à la gendarmerie de Retiers où l’inconnu de Rodez fut identifié comme étant le charpentier Lefeuvre, accusé d’avoir assassiné en 1854 la femme Cuibert qu’il soupçonnait d’avoir empoisonné son chien. A la fin de son article, le rédacteur du "Journal de l’Aveyron" écrit : "Si le meurtrier est reconnu comme on a lieu de le croire, la photographie dont l’invention est due au célèbre Daguerre, aura rendu un grand service à la justice".(3)

DUCROS ET LES TABLES TOURNANTES. En 1864, Joseph Bizouard, avocat, publie le volume 6 de son grand ouvrage "Des rapports de l’homme avec le démon - Essai historique et philosophique". Il relate, de seconde main, une séance d’un groupe spiritualiste de Rodez qui s’était réuni le jour de la Pentecôte, fête du Saint-Esprit chez M. Ducros, photographe, directeur de l’orphéon, domicilié en face la grand séminaire. A l’issue de la séance, Ducros invite Cabantous, l’un des participants, à prendre un verre. "Ils dégustaient leur vin quand de grands bruits se firent entendre au-dessus d’eux. On monte dans cette pièce, et en ouvrant la porte de la salle, on vit la table qui nous avait servi se promener seule, tantôt à petits pas ou au trot ou au grandissime galop. La femme de M. Ducros et ses enfants, criaient , la table allait toujours son train, le mari et la femme eurent peur, les enfants pleuraient. Je le disais bien, s’écriait Mme Ducros que ces gens m’auraient amené le diable dans la maison…" Cabantous, qui était médium, toucha la table en priant les esprits de cesser et les esprits cessèrent. "M. Ducros, railleur et incrédule jusque là, converti et fortement impressionné, dut être debout toute la nuit pour tâcher de fléchir les esprits…" On ne sait comment étaient meublés les Ducros mais une solide table en bois qui se déplace "au grandissime galop" cela avait de quoi vous impressionner !

Tous les portraits signés  Ducros à l’enseigne "Photographie aveyronnaise" datent du Second Empire. Après que d'autres photographes ont ouvert un atelier à Rodez, le maître de musique s'est entièrement consacré à cet art..

Joseph Ducros, ancien professeur de musique, est décédé le 1er avril 1902 à l’âge de 79 ans.

Sources :

(1) "Le Journal de l’Aveyron" du 24 avril 1858. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales de l’Aveyron.

(2) "Le Journal de l’Aveyron" du 29 septembre 1858.

(3) "Le Journal de l’Aveyron" du 25 septembre 1858..