Charles FERGEAU

(1815-1877)
Daguerréotypeur itinérant et sédentaire puis photographe.

Paris Seine

Fils d’un cordonnier, Charles Fergeau est né le 8 décembre 1815 à Rochecorbon (Indre-et-Loire). Il est ébéniste à Paris quand il épouse le 25 mai 1841 sa compagne Philippine Henriette Molin. Le couple reconnaît et légitime leur fille Clémence Rosalie née, jour pour jour, deux ans plus tôt.  C’est sans doute son travail  d’ébéniste qui a conduit Fergeau  à devenir peintre en daguerréotype. Après avoir fabriqué le coffret en bois dans lequel on plaçait l’appareil, il a pu avoir envie de s’en servir. Sa carrière de daguerréotypiste est peu documentée. Il semble qu’il ait eu un atelier 47, rue Vivienne au Palais-Royal , adresse très prisée des professionnels.  (1) En 1850 et 1851, il entreprend une tournée dans l‘ouest de la France dont nous avons conservé quelques traces :

LANNION :  A la fin du mois d’octobre 1850, Fergeau est à Lannion. Il fut peut-être le premier professionnel à s’arrêter dans cette sous-préfecture des Côtes-du-Nord qui comptait un peu plus de 6 000 habitants. Dans l’annonce publiée dans « Le Lannionnais », Fergeau vante les mérites du nouveau  procédé qu’il emploie : « Ce procédé nouveau a obtenu, jusqu’à ce jour, tous les avantages qu’on devait en attendre ; ensuite, la facilité avec laquelle il est permis d’opérer, lui fait acquérir l’immense avantage d’obtenir, même dans un appartement, dans l’espace de 10 ou 15 secondes, des résultats parfaits : tandis qu’avec l’ancien procédé on était obligé de profiter de la vive lumière du soleil et de poser cinq ou six minutes. On obtient sur ces portraits, la reproduction des teintes naturelles de la chair, au point qu’on pourrait les prendre pour des miniatures…»  (2)

LE MANS : En mars 1851 Fergeau, « peintre au daguerréotype » est domicilié 67, Grande rue au Mans (Sarthe) où vivait sa sœur Clémence.  (3)

VIRE :  Fin mai 1851, il reste deux semaines à Vire (Calvados) où Il ne travaille pas seul. L’annonce publiée dans le journal est signée par M. Fergeau et Cie.  (4)

ALENCON : A partir du 1er août 1851, il opère seul à Alençon (Orne). Il n’y restera que deux semaines. (5) 

RENNES : En octobre 1851, Fergeau « artiste de Paris » arrive à Rennes où il opère 43, rue Saint-Melaine chez M. Imbert. Dans « Le Journal de Rennes », il précise que « Son nouveau procédé sur papier offre tous les avantages que l’on désirait depuis longtemps, c’est-à-dire l’absence du miroitage, le modelé, le coloris de la miniature et de l’aquarelle, avec la vérité si exacte du daguerréotype, ce que la peinture ne pouvait obtenir que très rarement, et à des prix très élevés… » (6) Fergeau restera à Rennes jusqu’à la fin du mois de novembre. Avant qu’il ne parte à Bordeaux, « Le Journal de Rennes » conseille à ses lecteurs de se hâter : « Les personnes qui ne voudront pas laisser échapper une occasion qui ne se représentera  pas de longtemps devront donc se hâter. L’heure la plus convenable est depuis onze heures jusqu’à deux ». (7)

BORDEAUX : Il poursuit (ou achève ?) son périple à Bordeaux (Gironde) où il se trouve pendant les fêtes de fin d’année. (8)

BAGNERES-DE-BIGORRE : En août 1852, Fergeau, est à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).  Pour ses portraits, il utilise le « nouveau procédé sur plaque qui offre tous les avantages que l’on désirait depuis si long-temps, c’est-à-dire l’absence de miroitage, le modelé et le coloris de la miniature et de l’aquarelle, avec la vérité si exacte du daguerréotype, ce que la peinture ne pouvait obtenir que très rarement, et encore à des prix très élevés… » Le prix de ses « portraits sur métal » est de 5 francs, 6 francs et au-dessus. (9)

MADRID : Le 2 septembre 1852, « L’Echo des Vallées » prévient ses lecteurs que Fergeau, appelé à Madrid, ne pourra prolonger son séjour à Bagnères. (10)  De son séjour en Espagne, nous n’avons conservé aucune trace.

SAUMUR : En 1855, les professionnels qui continuent à faire des portraits au daguerréotype subissent la rude concurrence des photographes qui proposent de belles épreuves tirées sur papier. Fergeau, semble-t-il, n’a pas vu le vent tourné. En juin 1855, il est à Saumur (Maine-et-Loire). Il y expose des portraits au daguerréotype dont « L’Echo saumurois » vante les qualités.  «La daguerréotypie, depuis son origine, a fait d’immense progrès ; on obtient aujourd’hui, par ce merveilleux procédé, le modelé, le coloris de la miniature, aussi bien sur le papier, sur la toile et le verre que sur des plaques métalliques. Malheureusement cette précieuse découverte est journellement exploitée par des hommes inhabiles qui font au daguerréotype plus d’ennemis que de partisans ; il faut être en garde, chaque jour, contre leurs promesses vantardes. Toutefois il ne faut pas être défiant jusqu’à repousser le vrai talent, et on doit examiner les oeuvres de l’artiste avant de le juger…  C’est à quoi nous engageons dans ce moment nos lecteurs. Qu’ils voient au Belvédère, les portraits si vrais, si parlants de M. Fergeau, ils admireront les résultats du daguerréotype obtenus par un artiste habile, et pourront asseoir leur jugement, sans le secours d’autrui." (11)

En août 1860, lors du règlement de la succession de son père, Charles Fergeau, photographe, est domicilié au Mans mais rien n’atteste qu’il ait été actif dans la Sarthe.

ISSOUDUN : En 1866, Charles Fergeau, photographe, est recensé rue de la Surrerie à Issoudun (Indre) où il ne vit pas avec sa femme dont il est séparé. Il ne semble pas que dans cette sous-préfecture de 14 300 habitants, il ait fait beaucoup de portraits. Il se déclare rentier, le 9 juin 1869, quand il se rend à Paris à la mairie du 3e arrondissement déclarer le décès de son frère Jean-Martin Fergeau. Deux ans plus tard, le 23 octobre 1871 il est témoin du mariage de sa nièce, Augustine Fergeau, orpheline qui vivait chez lui ;elle épousait Emile Lepinte,  cultivateur à Meunet-Planches, à 12 kilomètres d'Issoudun. C'est dans ce village   où il vivait auprès de sa nièce et héritière que Charles Fergeau  est décédé le 16 septembre 1877.

Sources :

(1)  Sur Daguerreobase on trouve un portrait au daguerréotype d’une femme tenant son enfant sur ses genoux. L’étiquette au dos est peu lisible si ce n’est l’adresse du 47, rue Vivienne.

(2)  « Le Lannionnais » des 26 octobre et 1er nombre 1850. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales des Côtes d’Armor.

(3)  Marc Durand « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » Archives nationales (2015).

(4)  « L’Hebdomadaire de la ville de Vire » du 28 mai 1851. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Calvados.

(5)  « Le Nouvel alençonnais » du 3 août 1851. Consultable en ligne sur Normannia - Le patrimoine écrit de Normandie.

(6)  « Le Journal de Rennes -Echo de la Bretagne » du 9 octobre 1851 et jours suivants. Collection mise en ligne par la bibliothèque de Rennes métropole.

(7)  « Le Journal de Rennes – Echo de la Bretagne » du 25 novembre 1851. Voir supra.

(8)  RetroNews – « L’Indicateur de Bordeaux » du 24 décembre 1851.

(9) « LEcho des vallées – Journal de Bagnères et des Etablissements thermaux voisins » du 12 août 1852. Consultable en ligne sur Ressources – Le patrimoine en Occitanie.

(10) « L’Echo des vallées » du 2 septembre 1852. Voir supra.

(11)  « L’Echo saumurois » du 9 juin 1855. Collection mise en ligne par les archives de la ville de Saumur.

Notice mise à jour le 3 octobre 2023.