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Eugène FOULQUIER
(1801-1879)
Daguerréotypeur et photographe
Bordeaux Gironde Quimper Finistère
Fils d’un marchand, François Eugène Foulquier est né le 3 mai 1801 à Bordeaux (Gironde) deux ans après son aîné Etienne Emile Foulquier (1799-?). Celui-ci sera imprimeur et obtiendra un brevet en avril 1832. (1)
LE DAGUERREOTYPE A BORDEAUX : Le 29 septembre 1839, dans "Le Courrier de Bordeaux", on lit ceci : "Avant hier, par un beau soleil, M. Foulquier, en présence de monsieur le maire de Bordeaux et de plusieurs de ses adjoints, a procédé, depuis l’une des fenêtres de la mairie, à une expérience presque solennelle du daguerréotype (2) ; la chambre obscure avait été renversée, afin d’obtenir la vue générale de l’église Saint-André ; l’épreuve a été magnifique, et M. Foulquier se propose, dit-on d’en faire hommage à Monseigneur Donnet. Déjà dans la journée, la vue du Grand-Théâtre avec les quinconces dans le lointain avait été achetée par un amateur... Bordeaux est une des premières villes de France ou le daguerréotype a fonctionné : tout est venu à bien, les premières hésitations n’existent plus ; avec l’expérience aujourd’hui acquise, rien n’empêchera plus désormais une réussite entière et continuelle, lorsqu’il plaira du moins au soleil d’épancher ses rayons sur nos monuments et sur la puissante nature de nos contrées". (3) De son côté, Pierre Bernadau, qui relatait dans ses Tablettes tous les évènements de la vie bordelaise écrit à la date du 26 septembre 1839 : "Expérience de daguerréotype répétée à Bordeaux par M. Foulquier, imprimeur, en faveur de cette ville, qui du haut d’une fenêtre de la Mairie, a fixé sur le papier en huit minutes le panorama de l’église de Saint-André. Les connaisseurs sont assez satisfaits du résultat de cette expérience. Ils ont seulement remarqué que l’ensemble du monument dessiné est un peu obscur dans les principales parties". (4) "M. Foulquier imprimeur" semble désigner Etienne Emile, comme l’auteur de ce daguerréotype mais on ignore quel métier exerçait Eugène en 1839 ; qu’il ait travaillé dans l’imprimerie de son frère n’aurait rien de surprenant. En 1841, l’un des deux frères annonce qu’il va pratiquer le portrait au daguerréotype à Bordeaux. (5) Trois ans plus tard, en 1844, Eugène Foulquier, papetier et encadreur, rue Sainte-Catherine présente des épreuves daguerriennes d’après nature lors de la VIe exposition de la Société philomathique de Bordeaux. (6)
LA MAISON GIROUX A PARIS : Par la suite Eugène Foulquier quitte Bordeaux et s’installe à Paris. Là, il va travailler pour la Maison Giroux. Elle avait été fondée par François Simon Alphonse Giroux (1776-1848), apparenté à l’épouse de Louis Daguerre. "D’abord marchand de tableaux, il sera ensuite le fabricant exclusif des chambres daguerréotypiques mise au point par Daguerre... La société A. Giroux et Cie est une des premières maisons à proposer dès 1840, du matériel pour daguerréotype..." (7) Mais la Maison Giroux ne se limitait pas à la vente de matériel photographique. C’était « un important fabriquant parisien de meubles et d’accessoires de luxe, dont les produits étaient destinés à une clientèle aristocratique et bourgeoise… » (8) Après le décès d’Alphonse, ses deux fils Gustave (1809-1886) et André (1801-1879) lui succéderont. Dans la Maison Giroux, Eugène Foulquier était chargé de superviser la restauration des tableaux et l’encadrement des dessins et estampes. Il a aussi "mis en ordre et restauré plusieurs galeries de tableaux et… remis à neuf les nombreux tableaux de trois églises de Paris » (9) En 1867, la maison Giroux est cédée à Duvinage. Mais à cette date, Eugène Foulquier, veuf, est parti en Bretagne vivre auprès de sa fille Eugénie qui avait épousé Jules Duclos (1824-1879), photographe à Lorient puis à Quimper.
PHOTOGRAPHE A QUIMPER :
En 1866, Eugène Foulquier, qui vit seul, est recensé rue du Parc au-dessus de la bijouterie Caron ; le couple Duclos-Foulquier est lui domicilié rue du Quai. A Quimper, le photographe sexagénaire semble s’être principalement consacré, avec son gendre, à la série « Vues et costumes de la Bretagne ». C’est ainsi que le portrait d’un paysan breton pouvait être signé indifféremment Duclos ou Foulquier. Celui-ci aurait fermé son atelier au milieu des années 1870. Après le décès de Jules Duclos le 5 juillet 1879, Eugène Foulquier part vivre avec sa fille rue du Quai où ils sont recensés en 1881 et 1886.
LE MUSEE DES BEAUX-ARTS DE QUIMPER :
Décédé en 1864, le comte Jean-Marie de Silguy avait légué sa collection d’œuvres d’art (10) à la ville de Quimper à la condition qu’elle construise un musée où elle serait conservée et mise en valeur. Le musée des beaux-arts de Quimper est inauguré le 15 août 1872. Avant même son ouverture, la municipalité s’était préoccupée de restaurer certaines peintures. En 1871, le peintre Auguste Goy (1812-1875), ancien d’élève d’Ingres, qui s’était établi à Quimper vingt ans plus tôt, recommande au maire la candidature d’Eugène Foulquier en faisant valoir le travail qu’il avait accompli à Paris pour la Maison Giroux (voir supra). Le maire ratifie ce choix. C’est ainsi que l’ancien photographe a participé au développement du musée qu’il avait vu naître. Après son décès, le journal « Le Finistère » lui rend hommage dans son édition du 13 septembre 1899 : « Qui n’a rencontré cent fois ce vieillard de haute taille et d’aimable mine, faisant d’un pas alerte le trajet entre le musée communal et son logis de la rue de Brest ? Le musée ! c’était la vie de M. Foulquier, c’était sa raison d’être ; il s’était identifié avec lui et en paraissait aussi inséparable que s’il eût fait lui-même parti des collections. Là se sont écoulées une trentaine d’années de sa laborieuse existence ; il s’est vite éteint quand cet aliment a manqué à son activité.
De fait, il n’est que juste que son nom reste attaché à une entreprise artistique qu’il a contribué pour une bonne part à organiser puis à mettre en pleine valeur. Que de toiles de prix, qui rayonnent aujourd’hui en bonne place, seraient ignorées ou méconnues si les soins de ce restaurateur incomparable n’étaient venus leur rendre la jeunesse, l’éclat, parfois même l’intégrité qui leur manquait. Son rôle n’a pas été moins important dans la création de cette galerie ethnographique bretonne qui aussitôt constituée, est devenue l’une des premières attractions du musée départemental/ M. Beau en fut l’inspirateur, M. Foulquier l’exécuteur. C’est de ses mains que sortirent toutes ces figures qui, par la justesse des attitudes et l’art du groupement, donnent si bien l’illusion de la vie… » (11)
Décédé à l’âge de 98 ans, le 11 septembre 1899, Eugène Foulquier officier d’académie, fut inhumé en présence du maire de Quimper, du député et du sénateur.
Sources :
- (1) Le 12 octobre 1872, Emile Foulquier, commis, décède à Bordeaux à l’âge de 75 ans. Sa filiation n’est pas précisée. Il pourrait s’agir du frère aîné d’Eugène dont les affaires auraient périclité.
- (2) Moins « solennelle », une première démonstration de daguerréotype avait eu lieu le 11 septembre. M. G. (Gaucheraud ?) avait transporté son matériel sur les allées de Tourny et pris une vue du Grand-Théâtre après avoir exposé sa plaque sensible pendant neuf minutes environ. (Pierre Bardou – « Photographes en Gironde »).
- (3) Gallica - « Le Moniteur universel » du 2 octobre 1839 reproduit l’article du « Courrier de Bordeaux ». Voir aussi Pierre Bardou. Op. cit.
- (4) Des extraits des Tablettes de Pierre Bernadau sont consultables en ligne sur https://bernardau.wordpress.com
- (5) Yves Bardou. Op cit.
- (6) Jean-Marie Voignier « Répertoire des photographes de France au XIXe siècle » (1993)
- (7) Marc Durand « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » Archives nationales (2015).
- (8) Blog de Marc Maison. www.marcmaison.fr
- (9) Archives municipales de Quimper. « Peindre la lumière. Invention de la photographie, origine et premiers ateliers quimpérois. Les Foulquier-Duclos ». www.quimper.bzh
- (10) Wikipedia. Le legs portait sur 1 200 peintures, 2 000 dessins et 12 000 gravures.
- (11) « Le Finistère » du 13 septembre 1899. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Finistère.