Rechercher une photo, un photographe, un lieu...
Auguste GOULON
(1858-1924)
Photographe, Fabricant de tissus, Editeur de cartes postales
Edouard Auguste Goulon naît le 21 novembre 1858 à Rouen (Seine-Maritime). Dix ans plus tôt son père, Rémy Goulon (1824-1896) est employé de commerce à Elbeuf (Seine-Maritime) où il épouse le 17 juillet 1848 Pélagie Justine Després, fille d’un marchand fripier. Après leur mariage le couple s’installe à Rouen où Rémy Goulon n’est plus employé mais patron d’une fabrique de textile : bonneterie, articles de rouenneries en coton destinés à une clientèle populaire. Rémy Goulon s’intéresse de près aux métiers à tisser et cherche à en améliorer le fonctionnement. En février 1861, il obtient un brevet pour un « produit industriel en tissus » puis un autre l’année suivante pour un « métier à velours bouclé ou coupé dit système Goulon aîné ». Le 28 avril 1870, il dépose un brevet pour une « étoffe d’ameublement ». (1) Rémy Goulon n’avait qu’un fils, Auguste, qui se passionnait plus pour la peinture que pour la fabrique de tissus. Il se forme à l‘Ecole de peinture et de dessins de Rouen. En 1886, âgé de 27 ans, il est artiste peintre et vit toujours chez ses parents. Comme beaucoup d’artistes normands, Auguste Goulon, depuis 1880, participe à l’exposition bisannuelle des Beaux-Arts qu’organise la Ville de Rouen. En 1886, il accroche aux cimaises de l’ancien musée une nature morte avec des chrysanthèmes et une vue des bords de la Seine à Rouen. (2) Un paysage qu’il a peint plusieurs fois et qu’il aurait pu photographier. Et peut-être l’a-t-il fait ; à moins qu’il n’ait accompagné son jeune cousin, Clovis Petiton (3) qui en 1886 était déjà un photographe amateur expérimenté. De là à s’associer et à ouvrir un atelier de pose professionnel, il n’y avait qu’un pas à franchir. Les deux cousins le franchissent en 1887. Désormais ils travailleront sous le nom de « Photographie-Modèle ».
GOULON & PETITON : Le 17 septembre 1887, Auguste Goulon fils, photographe, rue de la Grosse Horloge, dépose au greffe du Conseil de Prud’hommes, sous le n°806, « deux feuilles de photographies dont la forme et les dispositions générales sont de son invention et dont il se réserve la propriété exclusive pendant cinq années ». (4) En novembre 1887, MM. Goulon et Petiton, photographes galerie Saint-Herbland, offrent un portrait d’une valeur de 30 francs à celui qui tirera le bon numéro à la loterie organisée par la crèche Saint-Jean. (5) Passage Saint-Herbland (ou rue de la Grosse Horloge n°2), les deux cousins ont succédé au photographe Guillaume Abel dont l’atelier était vacant depuis son décès le 31 août 1886. Mais contrairement à lui, ils ne se limiteront pas à des portraits d’atelier. Bien au contraire. Le 23 juin 1888, malgré le mauvais temps, les deux artistes sont à pied d’œuvre pour photographier l’inauguration du Pont-d’Acier, nouveau pont qui franchit la Seine à Rouen. Deux semaines plus tard, « Le Monde illustré » publie une gravure « d’après la photographie instantanée de MM. Goulon et Petiton à Rouen » où l’on voit les officiels, à l’abri sous leur parapluie, traverser le pont. (6) Un mois plus tard, ils se rendent sur le port photographier l’épave de « L’Asturiano », un vapeur-pétrolier qui avait brûlé. (7) Les deux cousins signeront une vue de l’église Saint-Laurent (8) et des photographies des fontaines rouennaises qui seront exposées à la Société protectrice des monuments. (9) On peut, sans risque, leur attribuer deux belles épreuves acquises par le musée d’Orsay en 2006 : portrait d’un vieil homme ; boutique d’antiquaire ou intérieur de collectionneur. (10) Le 11 novembre 1894, Auguste Goulon qui s’est marié six mois plus tôt, part avec son matériel assister à l‘inauguration de l’imposant monument édifié sur la place Cauchoise en l’honneur d’Augustin Pouyer-Quertier, industriel et homme politique qui était mort trois ans plus tôt. L’une des épreuves d’Auguste Goulon sera reprise sous forme de gravure par « Le Monde illustré ». (11) Ce reportage marque la fin de sa carrière de photographe professionnel. Désormais, Clovis Petiton travaillera seul passage Saint-Herblain.
FABRICANT DE TISSUS : Agé de 36 ans, Auguste Goulon est fabricant de tissus quand il épouse le 28 mai 1894 l’une de ses voisines, Marthe Lucie Dubois-Duplessis, fille d’un marchand de meubles et tapissier. En 1894, Rémy Goulon dirige encore la fabrique de tissus qu’il avait fondée en 1849. Auguste en prend la direction après son mariage. (12) Mais le fils, semble-t-il, n’avait pas l’âme d’un entrepreneur. On ne sait à quelle date, ni dans quelles circonstances, il quittera l’entreprise familiale.
DESSINATEUR ET EDITEUR DE CARTES POSTALES : En 1905, les éditeurs français de cartes postales en ont imprimé plus de 400 millions. Une production industrielle. Pour se démarquer de ses concurrents, Auguste Goulon ne choisit pas la facilité : chaque carte qu’il édite est un dessin à la plume et non une photographie. Un travail artisanal d’une grande précision. Voir la carte représentant l’escalier de la cathédrale de Rouen ou celle du jubé de l’église Saint-Etienne-du-Mont à Paris. Pour faire ces dessins, il devait s’appuyer sur des photographies qu’il avait faites (les fontaines de Rouen, la rue Saint-Romain où il était né) ou qu’il se procurait quand il partait en repérages à Orléans, Marseille, Pau, Cambrai ou Paris.
Après avoir été éditeur à Rouen, Auguste Goulon s’installera juste à côté au Petit-Quevilly. Il est décédé le 14 juin 1924 à l’âge de 65 ans.
Notes et sources :
(1) Base brevets du XIXe siècle de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).
– 1BB48392 - Produit industriel en tissus - Date de dépôt : 11 février 1861.
– 1BB55410 – Métier à velours bouclé ou coupé dit système Goulon aîné – Date de dépôt : 8 août 1862. Certificat d’addition : 22 aôut1862.
- 1BB89650 – Etoffe d’ameublement – Date de dépôt : 28 avril 1870. Certificat d’addition : 30 juillet 1872.
(2) Gallica « Catalogue de la trentième exposition municipale des Beaux-Arts ouverte au musée de Rouen ». La Ville de Rouen organisait cette exposition en lien avec la Société de amis des arts dont Rémy Goulon, père d’Auguste, était membre.
(3) Clovis Auguste Petiton, qui avait huit ans de moins que son cousin, était le fils de Clovis Eugène Petiton et de Sophie Goulon, sœur de Rémy.
(4) « Le Journal de Rouen » du 19 septembre 1887. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales de la Seine-Maritime.
(5) « Le Journal de Rouen » du 11 novembre 1887. Voir supra.
(6) Gallica « Le Monde illustré » du 7 juillet 1888.
(7) « Le Journal de Rouen » du 25 juillet 1888. Voir supra.
(8) Gallica « L’Echo de Rouen illustré » du 30 janvier 1892.
(9) « Le Journal de Rouen » du 5 octobre 1888. Voir supra.
(10) https://www.musee-orsay.fr/fr/ressources/repertoire-artistes-personnalites/photographie-modele-10017
(11) Gallica « Le Monde illustré » du 17 novembre 1894.
(12) Rentier, Rémy Goulon est mort le 27 septembre 1896.