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Emile HAMONIC
(1861-1943)
Photographe et éditeur de cartes postales
Fils d’un couple de marchands, Emile Eugène Louis Hamonic est né le 25 août 1861 à Moncontour (Côtes d’Armor). Son service militaire au 2e régiment d’infanterie de marine est interrompu par le décès de son père. Fils aîné de veuve, il revient à Moncontour et travaille avec sa mère. C’est dans sa commune natale qu’il fait ses débuts dans la photographie. "Le Véloce-sport" daté du 18 avril 1889 nous apprend qu’Emile Hamonic, photographe à Moncontour (Côte-du-Nord) a été admis comme membre individuel à l’Union vélocipédique de France. (1) Un an plus tard, on lit dans "Le Véloce-sport" du 18 septembre 1890 : "Nous avons passé d’agréables instants avec M. Hamonic de Saint-Brieuc, notre aimable confrère de la presse vélocipédique et sportive".
SAINT-BRIEUC : Emile Hamonic est donc domicilié dans la préfecture des Côtes-du-Nord en 1890. Il va y faire une longue carrière. Le 26 juillet 1895, un train tiré par deux locomotives qui ramenait des pèlerins de Sainte-Anne d’Auray déraille à Saint-Brandan à 18 kilomètres de Saint-Brieuc. La catastrophe avait fait vingt-deux victimes. Emile Hamonic se rend sur place. Il réalise plusieurs clichés dont deux qu’il remet à l’envoyé spécial du "Petit Journal" venu exprès de Paris.
"LE GRAND IMAGIER DE BRETAGNE" : Ce n’est pas pour ces clichés de la catastrophe, ni pour les portraits faits dans son atelier qu’Emile Hamonic est connu en Bretagne mais en tant qu’éditeur de cartes postales. En plus de ses vues des villages et ports bretons, on lui doit de grandes séries de cartes postales largement diffusées : - Types de Bretagne ; - Les bonnes gens de chez nous ; - Les chansons de Botrel illustrées ; - Nos loups de mer ; - Monuments mégalithiques de Bretagne ; - Autour des lits-clos. Cette dernière est sans doute celle qui a eu le plus de succès et qui sera copiée.(2)
En 1912, Hamonic fait éditer le livre du pilote Le Sech "Islande et Norvège" illustré de 75 photographies faites par l’auteur. Emile Hamonic est décédé le 20 octobre 1943 à Saint-Brieuc. Son fils Amaury (1905-1993) a poursuivi l’activité. (3)
Sources :
(1) La collection du Véloce-sport". est consultable en ligne sur Gallica, portail de la Bibliothèque nationale de France. Chez les Hamonic, ce n’est pas Emile qui s’est le plus illustré dans le sport cycliste mais son jeune frère Henri. En avril 1894, il participe à la course Rennes-Brest et retour, soit 498 kilomètres. Henri abandonne au retour à Saint-Brieuc sur les conseils de son aîné. Après coup, Emile écrit au "Véloce-sport" pour justifier cet abandon : son jeune frère avait absorbé une trop forte quantité de caféine que ses entraineurs lui avaient fait absorber. ("Le Véloce-sport" du 26 avril 1894).
(2) En avril 1930, Emile Hamonic est entendu comme témoin par le tribunal correctionnel de Rennes devant lequel l’abbé Trochu, l’un des fondateurs de "L’Ouest-Eclair", a assigné le journal monarchiste "L’Action française". Depuis des semaines, le journal de Charles Maurras et Léon Daudet accusaient sournoisement l’abbé Trochu d’être un éditeur de cartes pornographiques. Les cartes incriminées étaient une série sur les lits-clos éditées par deux nantais Nozay et Artaud qui s’étaient visiblement inspirés du travail d’Hamonic. En 1915 ou 1916, Nozay en avait vendu 40 à 50 000 au directeur des services administratifs de "L’Ouest-Eclair".L'abbé Trochu ne s'était nullement occupé de cette transaction mais les Royalistes qui le vomissaient et plus encore la ligne républicaine et démocrate de "L’Ouest-Eclair" s’étaient emparés de cela pour faire du prêtre un éditeur d’images obscènes. Premier témoin appelé à la barre, Emile Hamonic "photographe à Saint-Brieuc, peintre d’un aimable talent et spécialiste des scènes bretonnes" déclare d’emblée "qu’il n’a aucune déposition à faire ne connaissant rien au procès en instance". Le président du tribunal l’interroge sur la fameuse série des "Lits-Clos" : - Votre collection de cartes postales, avez-vous l’impression qu’elle est obscène ? M. Hamonic sourit : - Il y a 25 ou 30 ans que j’ai tiré le premier cliché. A ce moment-là, les jambes pouvaient paraître un peu découvertes mais aujourd’hui ! Les robes sont si courtes que n’importe quelle dame assise dans un salon en montre plus qu’une petite fille qui descend d’un lit-clos. - Vous avez des concurrents ? - Plusieurs malheureusement reconnait l’honorable commerçant briochin. Ces cartes n’étaient donc pas la spécialité de qui que ce soit..." Citations extraites du long compte rendu d’audience publié dans "L’Ouest-Eclair" édition Orne-Sarthe-Mayenne du 19 avril 1930. Consultable en ligne sur le site Normannia, le patrimoine écrit de Normandie.
(3) Arbre généalogique mis en ligne par Daniel Hamonic sur Geneanet.