Rechercher une photo, un photographe, un lieu...
Jean-Baptiste LAIGNELOT
(1833-1909)
Photographe d'atelier
1 photographie
Jean-Baptiste Laignelot est né le 26 décembre 1833 à Meaux (Seine-et-Marne) ; il est l’enfant naturel de Jean-Baptiste Laignelot, du 6e régiment de cuirassiers qui était domicilié de droit à Montpellier (Hérault) et de Madeleine Segot, lingère à Meaux mais native de Gerbeville en Lorraine. Le 6 octobre 1838, à Paris, Laignelot père, désormais garde municipal caserné rue Mouffetard, épouse sa compagne. Le couple légitime leur fils. Le 19 mars 1862, Laignelot père quitte l’armée avec le grade de capitaine (1) et prend sa retraite à Montpellier. Son fils est lui aussi domicilié à Montpellier quand il épouse l’Italienne Hélène Scalchi le 14 mai 1862 à Albano dans les Etats pontificaux. Deux ans plus tard, le 9 novembre 1864, la fille aînée du couple naît à Montpellier où Jean-Baptiste Laignelot est commis négociant puis photographe.
LE PHOTOGRAPHE : Jean-Baptiste Laignelot s’est formé dans l’atelier de Charles Martin situé place de la Saunerie avec entrée rue des Grenadiers. Martin était photographe mais aussi peintre d’histoire. Sans doute parce qu’il se consacrait en priorité à son œuvre de peintre, son atelier de photographie était exploité « habilement et savamment » par Laignelot. Cela dura jusqu’à ce qu’un autre Martin, peintre et photographe, s’installe à Montpellier en juillet 1866. « Afin qu’il n’y ait aucune méprise pour le nom », Charles Martin informa le public que l’atelier de la place de la Saunerie placé à l’enseigne « Photographie Rationnelle » porterait désormais le nom de Laignelot. « Pour ce qui a rapport aux photographies sortant des ateliers de M. Laignelot, élève d’un de nos meilleurs maîtres (Charles Martin ?), le public intelligent, amateur et savant, saura les distinguer à première vue sans être obligé de se reporter au nom de l’artiste ». (2) Et juste sous l’annonce de Charles Martin « Le Messager du Midi » avait placé celle de Laignelot. D’entrée de jeu, celui-ci se démarqua de ses concurrents et frappa fort.
PHOTOGRAPHIER LES INDIGENTS ?
« M. Laignelot, successeur de M. Charles Martin, a l’honneur de prévenir le public de Montpellier que, malgré les améliorations et agrandissements portés par lui dans ses ateliers, situés place de la Saunerie, entrée rue des Grenadiers 6, il continue d’opérer toujours de la même manière et pour les mêmes prix que son prédécesseur. Il profite aussi de l’occasion pour prier instamment les personnes qui ont et auront des photographies sortant de ses ateliers, de vouloir bien les comparer avec celles sorties d’ailleurs qui ont coûté et qui coûtent encore aujourd’hui 12, 15, 20 et 24 fr, la douzaine. Le résultat de cette comparaison convaincra, malgré elles, les personnes incrédules et à préjugés, que pour 8 fr la douzaine on a chez le successeur de M. Charles Martin des photographies aussi belles et aussi bien réussies que chez ses confrères, qui les font payer le double ou même le triple.
M. Laignelot, voulant que dans Montpellier la photographie marche pas à pas avec les autres arts et sciences et que les pauvres puissent, comme les riches, avoir la consolation d’envoyer leur portrait à des parents, comme eux trop pauvres pour sacrifier une pièce de 5 francs, qui est souvent le produit total du travail d’une semaine, prévient le public de Montpellier que, à l’instar de MM. les professeurs et docteurs qui instruisent et soignent les indigents gratis Pro Deo, il institue dans ses ateliers, à dater du 15 août prochain, fête de l’empereur, une photographie gratuite.
En conséquence, tous les dimanches, à partir du 15 août 1866, et de deux heures de l’après-midi jusqu’à cinq heures, M. Laignelot photographiera gratuitement toutes les personnes reconnues réellement indigentes qui se présenteront chez lui, et il sera délivré dans le courant de la semaine, aux susdites personnes, une douzaine de cartes, toujours à titre gratuit ». (3) On peut douter que les Montpelliérains « réellement indigents » aient été des lecteurs assidus du « Messager du Midi » et qu’ils se soient précipités place de la Saunerie pour avoir leur portrait. Dans une annonce de la « Photographie Laignelot » insérée dans « Le Messager du Midi » le 9 décembre 1866, il n’est plus question de photographie gratuite.
Sous son nom, Jean-Baptiste Laignelot a travaillé à Montpellier trois ans tout au plus. Le 11 mars 1869 et pendant les six mois qui suivent, « Le Messager du Midi » informe ses lecteurs que la Photographie Laignelot est à vendre : « établissement photographique complet avec terrasse mesurant 104 m2 de superficie. » « 3 ans d’exercice - 3 230 clichés ». (4) On ignore à quelle date Laignelot céda son fonds de commerce et qui lui succéda. (5)
Propriétaire, Jean-Baptiste Laignelot aurait vécu une douzaine d’années à Montpellier avant de partir à Paris.
PARIS : En 1891, quand son fils Joseph se marie à Nîmes (Gard), Jean-Baptiste Laignelot est ingénieur civil domicilié à Passy (Paris (16e). Deux ans plus tard, Joseph Laignelot, lieutenant au 55e régiment de ligne est le témoin de sa sœur Jeanne qui épouse à la mairie du 16e arrondissement Felice Rigolleti, employé à Rome au secrétariat de la reine d’Italie. Sur l’acte de mariage de sa fille, Jean-Baptiste Laignelot est employé, chevalier de la Légion d’honneur. (6)
Jean-Baptiste Laignelot, ingénieur civil, est décédé le 29 septembre 1909 à l’hôpital Saint-Joseph à Paris (14e).
Sources et notes ;
(1) Jean-Baptiste Laignelot (1811-1874), capitaine au 59e régiment de ligne est fait chevalier de la Légion d’honneur le 1er janvier 1858. (Gallica « Bulletin des lois » du 1er janvier 1858).
(2) « Le Messager du Midi » du 3 juillet 1866. Consultable sur Ressources – Le patrimoine en Occitanie ».
(3) « Le Messager du Midi » du 3 juillet 1866. Voir supra.
(4) « Le Messager du Midi » du 25 mars 1869. Voir supra.
(5) En 1872, c’est le photographe Charles Lacabanne qui est recensé place de la Saunerie.
(6) Jean-Baptiste Laignelot a-t-il reçu cette décoration et pour quels services rendus à la Nation ? Sur la base Leonore des Archives nationales, on ne trouve pas de dossier individuel à son nom. En revanche, celui de son fils Joseph Jean-Baptiste (1867-1940), est consultable en ligne. Chef de bataillon au 16e bataillon de chasseurs à pied, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 8 juillet 1911 ; officier le 16 octobre 1915 ; commandeur le 17 octobre 1918 puis grand officier de la Légion d’honneur le 3 novembre 1928 alors qu’il était commandant supérieur des troupes en Tunisie avec le grade de général de division.