Gustave LEGRAY

1820-1884
Photographe d'atelier.

Paris Seine

A l'âge de vingt ans, Gustave Le Gray entre comme clerc chez le notaire de Villiers-le-Bel, commune où il est né. C'est ainsi qu'il fera la connaissance d'Auguste Mestral, greffier de la justice de paix d'Ecouen. En 1842, Le Gray s'installe à  Paris et devient l'élève du peintre Paul Delaroche dans l'atelier duquel il rencontre Charles Nègre et Henri Le Secq.

Après un séjour en Italie, il revient à  Paris en 1847. Avec le savant François Arago, il cherche à  fixer sur des plaques daguerriennes les taches noires du soleil. En juin 1850, il publie son « Traité pratique de photographique sur papier et sur verre ». Membre fondateur de la Société héliographique, il est l'un des cinq photographes choisis pour la Mission héliographique de 1851 (voir ci-dessous). Dans la liste des monuments français qu'il doit photographier figurent plusieurs édifices de Touraine. Plutôt que de remplir chacun de leur côté la mission que leur a confiée la commission des Monuments historiques, Le Gray et son ami Mestral choisissent de voyager ensemble. Ils séjournent quelques jours en Touraine durant l'été de 1851.

Entre 1856 et 1858, Le Gray signe plusieurs marines qui comptent parmi les plus beaux chefs d'oeuvre de l'art photographique. Photographe officiel de Napoléon III, l'empereur lui demande de réaliser en septembre-octobre 1857 un reportage sur le camp militaire de Châlons-sur-Marne. Le Gray est alors au sommet de sa carrière mais ce grand artiste n'avait pas le sens des affaires. En 1860, faute de pouvoir rembourser ses créanciers il doit quitter le superbe atelier du 35 boulevard des Capucines. Il part avec Alexandre Dumas pour l'Italie avant de s'installer à  Alexandrie comme professeur de dessin et photographe. Le Gray meurt en Egypte dans la plus totale indifférence. Un siècle plus tard les épreuves qu'il a signées atteignent des prix astronomiques.

La Mission héliographique de 1851.

Au cours du second semestre de l'année 1851, cinq photographes sillonnent la France. Leur but est de photographier les monuments dont une liste leur a été fournie avant leur départ de la capitale. Dans l'histoire de la photographie, ce que l'on a appelé a posteriori « La Mission héliographique de 1851 » apparaît comme un événement majeur. C'est la première commande publique passée à  des photographes lesquels vont faire beaucoup plus que répondre à  une commande officielle. Les épreuves qu'ils ramènent à  Paris témoignent de la maîtrise de leur art.

Durant le premier tiers du XIXe siècle, la nécessité de répertorier et de sauvegarder tous les bâtiments qui ont un intérêt patrimonial émerge peu à  peu en France. En 1830, François Guizot, ministre de l'Intérieur mais aussi historien, crée le premier poste d'inspecteur des monuments historiques. Sept ans plus tard, une commission des Monuments historiques est créée, Prosper Mérimée assure son secrétariat. Peu à  peu, ceux qui se passionnent pour la sauvegarde du patrimoine (archéologues, historiens, architectes, membres des société savantes) sont convaincus de l'utilité de la photographie pour dresser l'état des lieux des monuments français qu sont souvent en grand péril.

En janvier 1851, la commission des Monuments historiques examine des épreuves des cathédrales de Reims et de Chartres faites par Henri Le Secq. Elle envisage de le mandater pour photographier d'autres monuments. Au fil des semaines, le projet prend de l'ampleur. Ce n'est plus un mais trois puis cinq photographes qui seront envoyés en mission. Les cinq photographes sélectionnés (Le Secq, Baldus, Bayard, Le Gray et Mestral) sont tous membres de la Société héliographique. Fondée en janvier 1851, elle est la première société savante de photographie du monde. A l'exception de Mestral, ce sont tous des photographes professionnels.

Le 26 juin 1851, le ministre de l'Intérieur adresse une lettre aux cinq photographes les chargeant d' «une mission ayant pour but de recueillir un certain nombre d'épreuves photographiques destinées à  compléter les études faites par MM. les architectes attachés au ministre de l'Intérieur, pour la restauration des édifices historiques les plus précieux».

La mission des photographes a été définie par la commission des Monuments historiques. qui a dressé pour chacun la liste des édifices, pour la plupart religieux, qu'il devra photographier. Gustave Le Gray se rendra dans huit départements dont l'Indre-et-Loire ; Auguste Mestral doit parcourir un espace géographique très vaste qui va du Cher aux Pyrénées-Orientales, en passant par la Nièvre et la Gironde. Sauf que les deux amis ne respectent pas le mandat qui leur a été confié. Ils quittent la capitale le 1er juillet et vont voyager ensemble selon un itinéraire qui leur permet de remplir une partie de la mission de l'un et une partie de la mission de l'autre.

Après un séjour de douze jours à  Blois, ils font étape à  Amboise puis se rendent à  Tours. De là , ils font un aller et retour à  Loches, Après Tours, ce sera Azay-le-Rideau puis Langeais et Saumur d'où ils iront à  Candes-Saint-Martin avant de quitter la Touraine.

De leur séjour dans notre département, ont été conservées les épreuves suivantes :

Amboise à château :

- façade sur la Loire ;

- tour du château (image non retenue par la commission des Monuments historiques)

Chenonceaux - château:

- façade sur la cour d'honneur ;

- façade est

- façade ouest

Loches - Eglise Saint-Ours :

- clocher

- entrée du porche

- portail ouest

Tours à cathédrale Saint-Gatien :

- façade ouest

Cet édifice ne faisait pas partie de la liste des monuments que Le Gray devait photographier.

Azay-le-Rideau à château

- façade sud

Candes-Saint-Martin à Eglise Saint-Martin

- portail nord

Source :

Anne de Mondenard

La Mission héliographique. Cinq photographes parcourent la France en 1851.

Monum. Editions du Patrimoine - 2002