Hyacinthe MADIOU

(1831-1910)
Photographe ambulant
2 photographies

Cancale Ille-et-Vilaine

Les portraits ci-dessous sont signés Madiou - photographe, sans indication du lieu où il opérait. Ils sont probablement l’œuvre de Hyacinthe Madiou (1831-1910) qui, après avoir été marin, a été photographe itinérant en Bretagne pendant quelques années avant de reprendre la mer.

Hyacinthe Jean Madiou est né à Cancale (Ille-et-Vilaine) le 30 août 1831 alors que son père, marin, était absent en mer. Dès l’adolescence, Hyacinthe a dû embarquer sur des bateaux de pêche.

MARIN : En 1849, Madiou a l’âge légal pour être inscrit maritime à Cancale. (1) Le 5 juillet 1853, il intègre la Marine impériale. De janvier à novembre 1854, il est matelot sur « L’Hercule », un vaisseau de 100 canons sur lequel embarqueront les soldats français engagés dans la guerre de Crimée qui prendra fin en mars 1856. (2) Ensuite, Madiou traverse l’océan Atlantique et débarque à Rio de Janeiro le 1er novembre 1856. Il est de retour en France le 6 avril 1857, date de la fin de son service dans la Marine impériale. Trois semaines plus tard, il embarque à Cancale sur le bateau de pêche « La Bonite ». Agé de 29 ans, Hyacinthe Madiou épouse le 23 janvier 1861 à Cancale, Angélique Perrigault (1837-1920) qui mettra au monde huit enfants entre 1863 et 1876 dont seulement trois atteindront l’âge adulte. (3) Le 31 janvier 1864, Hyacinthe Madiou, est toujours marin quand naît son deuxième enfant, une fille qui ne vivra que quelques jours. C’est dans les mois qui suivent qu’il cesse d’être marin pêcheur pour devenir photographe professionnel, sans doute associé à un autre marin cancalais Julien Robichon (1831-1906). (4) On ne saura jamais où et auprès de qui les deux hommes se sont formés au métier de photographe.

PHOTOGRAPHE ITINERANT : Quand Madiou fait ses premiers portraits à la fin de l’année 1864, Cancale est un port peuplé de 6 400 habitants ; peu d’entre eux avaient les moyens de passer chez le photographe. Pour gagner sa vie, Madiou devait se déplacer dans les bourgs d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-d’Armor et de la Manche. C’est ce qu’il fera au moins jusqu’en janvier 1871.

MARIN ET PHOTOGRAPHE : Selon l‘inscription maritime, Hyacinthe Madiou reprend son métier de marin pêcheur en janvier 1871 mais il est de retour à Cancale trois mois plus tard. L’année suivante, il ne sera absent que deux semaines en avril. Le reste du temps, il pouvait continuer à faire des portraits. Sur l’acte de naissance de ses trois derniers enfants nés à Cancale les 11 octobre 1871, 31 août 1873 et 17 septembre 1876, il est qualifié de photographe mais aussi lors du recensement de 1881. On ignore jusqu’à quelle date il a été photographe ; en revanche, on sait qu’il a pris sa retraite de marin en octobre 1890 à l’âge de 59 ans.
Marin pensionné, Hyacinthe Madiou est mort à Cancale le 28 janvier 1910.

Cette notice est le fruit des recherches effectuées par Pascal Cordonnier.

Notes et sources :
(1) Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. Inscription maritime de Cancale. 4S/1529 (vue 236) 4S1536 (vue 181) 4S1581 (vue 17).
(2) La guerre de Crimée a d’abord opposé l’Empire russe à l’Empire ottoman à partir de 1853. En mars 1854, la France et le Royaume-Uni s’allient à l’Empire ottoman et envoient des troupes sur place. La guerre de Crimée s’achèvera en mars 1856 six mois après que les Russes eurent évacué Sébastopol. En 1854, la reine Victoria décide de créer une médaille commémorative qui sera accordée à tous les marins et soldats anglais qui avaient combattu en Crimée ; plusieurs milliers seront offertes à la France. C’est ainsi que le matelot Hyacinthe Madiou obtint la médaille de Crimée.

(3) Geneanet – Généalogie par Jean-Paul Trotin.

(4) Comme Hyacinthe Madiou, né deux mois avant lui, Julien Robichon a été marin pêcheur à Cancale. Après avoir participé à la guerre de Crimée, il reprend son métier au moins jusqu’en 1864. Mais, en décembre 1865, il est qualifié de photographe ex-marin sur l’acte de naissance d’une nièce. Les deux hommes se connaissaient. Il est vraisemblable qu’ils étaient associés d’autant que Robichon, atteint de surdité, n’aurait pu travailler seul.