Tewis MICHELSEN (MIKKELSEN)

(1844-1921)
Photographe d'atelier
4 photographies

Bayonne - Pau Pyrénées-Atlantiques Belfort Territoire de Belfort Epinal Vosges Cannes Alpes-Maritimes Lure Monaco Principauté de Monaco Vesoul Haute-Saône

Thewis Mikkelsen est un photographe danois qui a fait l’essentiel de sa carrière en France sous le nom de Tewis Michelsen.

DANEMARK : Thewis Mikkelsen est né le 31 octobre 1844 à Nyborg. Agé de 20 ans, il est soldat au 19e bataillon d’infanterie lors de la « Guerre des Duchés » qui oppose le Danemark à la Prusse qui en sortira vainqueur. (1)  On ne sait rien de ses débuts professionnels dans son pays natal où il sera honoré du titre de photographe officiel de Sa Majesté le roi du Danemark ou de photographe officiel de la Cour. En 1872, alors qu’il vit en France depuis plusieurs années, il obtient une médaille à l’exposition de Copenhague. Le roi du Danemark lui décerne en janvier 1886 une médaille d’or à porter avec le ruban de l’ordre du Dannebrog pour les travaux photographiques qu’il a exécutés lors de la venue de l’empereur de Russie à Copenhague. (2)

PARIS : C’est en 1870 que Tewis Mikkelsen s’installe en France. A Paris, il sera comme beaucoup d’autres photographes étrangers ou français, » opérateur de MM. Nadar et Disderi ».  Après avoir travaillé deux ans dans la capitale, il cherche à travailler à son compte en province.   Au printemps 1872, il est recensé à Chaumont (Haute-Marne) où il est domicilié chez un marchand-épicier.

LURE : Le 15 octobre 1873, Thewis Mikkelsen épouse à Lure (Haute-Saône) Fanny Madeleine Ribaud, fille d’un couple de propriétaires. Cette union fera l’objet d’un contrat de mariage devant notaire.  A l’enseigne « Photographie du Danemark », Michelsen opère deux ou trois ans  à Lure, commune de 3 500 habitants.  Des portraits carte-de-visite faits à Lure mentionnent un deuxième atelier 23, rue de la Préfecture à Epinal (Vosges). Le photographe reviendra dans cette ville (voir ci-dessous).

VESOUL : Le dimanche 8 août 1875, Michelsen accueille ses premiers clients dans son atelier de la rue de la Gare à Vesoul (Haute-Saône) où il succède à Louis Maillet. Celui-ci lui a cédé son fonds de commerce et tous ses clichés. (3) En avril 1881, Michelsen transfère son atelier vésulien et opère désormais 31, rue Basse. A cette date, le photographe a ouvert une succursale à Belfort. (4)   Dans « Le Journal de la Haute-Saône » daté du 16 octobre 1886, il informe ses clients qu’il a repris la direction de son établissement de photographie à Vesoul sans que l’on sache où il avait exercé précédemment : Belfort ou Cannes ? C’est dans cette dernière ville que Michelsen est domicilié quand est prononcé en 1887 la séparation de corps   d’avec son épouse. Le jugement est daté à Vesoul du 28 juillet 1887. (5)  Moins de deux mois plus tard, soit le 20 septembre 1887, Fanny Madeleine Ribaud  épouse séparée de Tewis Michelsen décède à l’âge de 41 ans. Ses meubles et ses bijoux sont vendus aux enchères. (6) On relève sur l’acte de décès le nom de Marcel Saint-Supéry, photographe, âgé de 23 ans. Sans doute était-il l’employé qui remplaçait Michelsen pendant ses absences. Il fera carrière à Valence (Drôme). L’atelier de Michelsen à Vesoul sera cédé à Emile Koch.

BELFORT : Avant avril 1881, Michelsen avait ouvert un second atelier Faubourg de Montbéliard à Belfort à une soixantaine de kilomètres de Vesoul. (7) Le photographe devait se partager entre ces deux villes, sans compter les séjours qu’il faisait dans son pays natal. Au début de l’année 1887, il se trouve à Copenhague pour affaires privées. Loin de la Franche-Comté, il est la cible d’une méchante rumeur. En février, « Le Journal de Belfort », sous le titre « Un Canard »  fait état d’un bruit qui s’est répandu selon lequel " un industriel d’origine étrangère, qui a habité notre ville pendant une dizaine d’années   et qui est fort connu ici, vient dit-on d’être arrêté  dans une ville voisine, à la suite de la découverte qu’il se livrait à l’espionnage pour le compte des allemands… "  Le journal ajoute que « les accusations qu’on porte contre cet homme, généralement bien vu pour son caractère bon enfant, quoique un peu bizarre, ne nous paraissent pas très vraisemblables…" (8)   La  même calomnie circule  à Vesoul.  Un ami en informe Michelsen qui, après son retour du Danemark, adresse au rédacteur du « Réveil de la Haute-Saône » une mise au point publiée le 23 février 1887.  On y lit notamment ceci « J’habite en France depuis dix-sept ans, j’y ai vécu entouré de l’estime publique et je m’y suis conduit en étranger respectueux de l’hospitalité qu’on m’y donnait, et sympathique à un pays que de communes douleurs et de communes espérances rapprochent du mien ».  (9) Dans l’esprit de Revanche qui anime les Français depuis le désastre de Sedan, l’accusation d’être un espion allemand, qui plus est à Belfort, est un violent coup de poignard dans le dos du photographe. Est-ce cela, ajouté à ses problèmes conjugaux, qui pousse Michelsen à quitter la Franche-Comté ?  En 1887 environ, il cède l’atelier de Belfort au photographe suisse Jacques Spalinger qui était son employé à Vesoul en mai 1885.

EPINAL : La préfecture des Vosges n’était pas une ville inconnue pour le Danois qui y avait fait un passage au début des années 1870.  En 1889, il succède au photographe Steinbach dans son atelier situé 4, rue du Palais-de-Justice. Il se partage alors entre les Vosges et Cannes où il passe l’hiver. (10)

CANNES : En juillet 1887, quand est prononcé le jugement de séparation de corps d’avec son épouse, Michelsen est déjà domicilié à Cannes (Alpes-Maritimes).  Dans cette ville, durant la mauvaise saison, il opère villa Cicilia situé 64, rue d’Antibes. Le Danois a alors un nouveau titre à accrocher à son drapeau puisqu’il est désormais « le Photographe de Sa Majesté le Roi des Hellènes ». En 1889, c’est Frédéric Michel qui succède à Michelsen à Cannes.

BAYONNE : Au printemps 1891, le président de la République, Sadi Carnot, est en voyage officiel au Pays Basque. Le 23 mai, il est à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Pour se rendre aux Forges de l’Adour, le cortège officiel embarque sur deux bateaux.  Tewis Michelsen photographie la scène. Une épreuve signée de lui est conservée à la bibliothèque de Bayonne.  Dans cette ville, il a opéré 11, rue Frédéric-Bastiat puis 2, rue Lenormand, avec une succursale à Saint-Jean-de-Luz.

PAU : En 1906, le photographe et son épouse sont recensés rue Léon-Daran à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

MONACO : Le 5 décembre 1891, Henri Michelsen, photographe, collaborateur de « L’Illustration », acquiert au prix de 25 000 francs une villa dans le quartier de la Condamine à Monaco. (11) Moins de deux ans plus tard, le 2 octobre 1893, il revend cette villa 29 000 francs ». (12) Aussi bien lors de l’achat que de la vente, le photographe est domicilié à Bayonne. Sa villa monégasque n’était sans doute qu’une succursale où il s’installait l’hiver.  Au dos des portraits faits à Monaco, il rappelle son titre de « Photographe de la cour de Copenhague »   ce qui devait flatter la clientèle fortunée qui fréquentait la Côte d’Azur.

Tewis Michelsen est mort fin janvier 1921 au Pays basque ; sans doute à Anglet où il a été inhumé le 1er février. (13)

 

Sources :

(1)    « Le Réveil de la Haute-Saône » du 23 février 1887. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales de la Haute-Saône de même que les autres journaux locaux mentionnés dans les notes ci-dessous

(2)    « Le Journal de la Haute-Saône » du 27 janvier 1886.

(3)    « Le Journal de la Haute-Saône » du 7 août 1875.

(4)     « Le Courrier de la Haute-Saône » du 2 avril 1881.

(5)    « Le Réveil de la Haute-Saône » du 30 juillet 1887.

(6)    « Le Réveil de la Haute-Saône » du 12 octobre 1887.

(7)    Les photographes dans le Territoire de Belfort – XIXe et XXe siècles.  Recherches de Claude Kouzmine et Roger Chipaux. Consultable en ligne sur http://photographes.belfort.free.fr

(8)    « Le Réveil de la Haute-Saône » du 12 février 1887.

(9)    « Le Réveil de la Haute-Saône » du 23 février 1887. 

(10) « Patrimoine photographique des Vosges (1870-1950) un héritage pour demain » Catalogue de l’exposition organisée par les Archives départementales des Vosges en 2006.

(11) (12) « Le Journal de Monaco » des 12 janvier 1892 et 24 octobre 1893. Consultables en ligne. Source que m’a signalée Roland Patin, historiens des photographes niçois.

(13)  Xavier Cabantous Président de Généalogie & Histoire des familles Pays basque – Adour maritime.

Notice mise à jour le 31 octobre 2023.