Ferdinand MULNIER

(1817-1891)
Photographe d'atelier
7 photographies

Paris

Jean-Baptiste Ferdinand Mulnier est né le 17 février 1817 à Nantes (Loire-Atlantique). Son père Etienne Ferdinand Mulnier (1784-1854), après avoir vécu sur l’île de Saint-Domingue, s’était installé à Nantes où il était artiste peintre, réputé pour ses portraits en miniature. Mulnier père poursuit sa carrière à Paris et, à la fin de sa vie, pratique la photographie. Ses deux fils seront aussi photographe : l’aîné Nelson (1815-?) a été actif à Marseille durant la première moitié des années 1860 ; Ferdinand, a fait une longue carrière à Paris. Quand il se marie, le 4 février 1857, il est peintre et photographe demeurant 25, boulevard des Italiens. En novembre 1859, le photographe Mulnier, domicilié 23, boulevard de Strasbourg à Paris, dépose un brevet d’invention pour "un châssis vertical multiplicateur dit Mulniercarte". Bien que le prénom de ce Mulnier ne soit pas précisé et que l’adresse soit différente, il y a fort à parier qu’il s’agisse de Ferdinand. D’ailleurs, deux ans plus tard, dans "Le Figaro" daté du 12 mai 1861, Ferdinand Mulnier, peintre et photographe 25, boulevard des Italiens rappelle qu’il est l’inventeur d’un procédé breveté qui lui permet de produire "dans une douzaine de cartes d’une exécution irréprochable et d’une excessive finesse, trois poses diverses et en même temps stéréoscopiques au prix minime de 15 francs. Cette maison, si connue pour ses beaux portraits et sa clientèle d’élite, méritait une mention toute particulière." Photographe très en vue dans la capitale, Mulnier s’était effectivement constitué une belle clientèle : les musiciens Charles Gounod, Johann Strauss, et Guiseppe Verdi,les peintres Corot, Bonnat Fromentin et Bouguereau ont posé dans son atelier. Certains portraits de Mulnier reproduits en photoglyptie ont orné la couverture de la revue "Paris-Théâtre". L’une de ses clientes, Marie Bière, artiste lyrique, n’eut pas cet honneur mais elle fit beaucoup parler d’elle dans la presse. La jeune femme était la maîtresse de Robert Rentien, rentier, dont elle avait eu une fille qu’il avait refusé de reconnaître. Elle rêvait d’épouser son séducteur. Quand elle comprit son erreur, elle n’hésita pas à lui tirer dessus en pleine rue avec un revolver. Robert Rentien en réchappa et Marie Bière, bien défendue, fut acquittée. Mulnier connaissait l’accusée depuis plusieurs années : "Il y a trois ans, Mlle Bière vint me demander de faire son portrait comme artiste. elle me parut très sympathique, très modeste, très distinguée même. Je consentis bien volontiers. Quelque temps après, elle vit son portrait exposé dans ma vitrine, elle me pria de le retirer, la toilette dont elle était vêtue étant trop décolletée, disait-elle. J’accédai immédiatement à son désir". On imagine que le photographe, sous le charme, a gardé par devers lui le portrait un peu trop décolleté de sa cliente. Ferdinand Mulnier a exercé dans son atelier de la rue des Italiens jusqu’en mai 1879, date à laquelle il a cédé son fonds à la société Roma et Cie des Italiens représentée par son directeur Romolo Roma. Prix de la cession : 150 000 francs. Une très jolie somme. Rentier, Ferdinand Mulnier a passé les douze dernières années de sa vie à Paris au 36, rue de Moscou où il est décédé le 17 juillet 1891.

Sources :

- Marc Durand - De l’Image fixe à l’image animée 1820-1910 - Archives nationales  - 2015.

- INPI - base brevets du XIXe siècle - brevet 1BB42948

- Sur le procès de Marie Bière, on peut consulter sur Gallica les articles de la presse nationale , notamment "Le Rappel" du 8 avril 1880 et "Le Temps" du 7 avril 1880.