Rechercher une photo, un photographe, un lieu...
Henri PROTHIN
(1881-1916)
Photographe et opérateur de cinéma
1 photographie
Fils d’un coiffeur, Henri André Prothin est né le 18 janvier 1881 à Reims (Marne). Directeur de spectacles, âgé de 31 ans, il se marie à Reims le 27 février 1912. En 1913, il ouvre un atelier de photographie 9, rue du Châtel à Senlis (Oise). Le 10 juillet 1913, "Le Journal de Senlis" rend compte d’une "Imposante Cérémonie Patriotique" ; l’article est illustré de deux clichés de Prothin. (1) Comme d’autres photographes à cette époque, il était aussi opérateur de cinéma (voir ci-dessous). Henri Prothin est décédé à Senlis le 30 avril 1916 à l’âge de 35 ans. Sa veuve cèdera le fonds de commerce à Georges Huette en 1919
. LE CINEMA SENLISIEN.
Jusqu’à l’automne 1913, Senlis, ville de 7 000 habitants, ne possédait pas de salle de cinéma. Les amateurs devaient se contenter des projections foraines par des opérateurs ambulants qui s’arrêtaient à Senlis notamment lors de la fête de la Saint-Rieul. Prothin qui était directeur de spectacles à Reims où il avait certainement assisté à des séances de cinéma, avait compris qu’il avait à Senlis l’opportunité de passer de l’image fixe à l’image animée. Une salle de cinéma est aménagée dans la salle Saint-Rieul, rue Saint-Joseph. L’inauguration est fixée au dimanche 5 octobre avec la participation de Mme Montazel de l’Opéra qui interprétera, entre autre, un air de Meyerbeer. En 1913, beaucoup de films n’étaient que de très courts métrages. Lors d’une seule séance, les spectateurs pouvaient en voir une dizaine dans des styles différents : comiques, dramatiques, documentaires. A la première séance, le 5 octobre, les Senlisiens ont vécu le drame de l’aiguilleur qui voit périr sous ses yeux, écrasée par un train, sa petite fille qu’il adore puis se divertir aux péripéties comiques du domestique fidèle qui s’était caché dans la malle de son maître parti sans lui en voyage. À la séance des 11 et 12 octobre, parmi l’abondante production des films Pathé, les Senlisiens découvrirent "La Fiancée du Cheyenne" un drame, puis dans le genre comique "Rigadin avec son ocarina" et "Purotin millionnaire". A cette époque, dans les salles de cinéma, comme dans les trains, il y avait trois classes : pour une place en 1ère, les spectateurs devaient payer 1 fr. 50 ; 1 fr. en 2e et 0 fr. 50 en 3e. Les enfants et les soldats profitaient du tarif réduit à 0,25 fr. Les Senlisiens pouvaient acheter leurs billets d’entrée chez les libraires de la ville et chez M. Prothin, photographe 9, rue du Châtel et opérateur de cinéma. (2)
Dix mois après l’inauguration de son cinéma, Senlis, comme toute la France, entrait en guerre. Les Allemands occupent la ville le 3 septembre 1914 et fusillent plusieurs otages dont le maire. Senlis est libérée quelques jours plus tard lors de la bataille de la Marne.
Sources :
(1) "Le Journal de Senlis - Courrier de l’Oise" du 10 juillet 1913.
(2) "Le Journal de Senlis - Courrier de l’Oise" du 28 septembre 1913 et des 2, 5 et 12 octobre 1913. La collection de ce bihebdomadaire est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque municipale de Senlis.