Emile RAT

(1855-1910)
Photographe d'atelier
3 photographies

Poitiers Vienne

Le 21 mai 1855, à Jaunay-Clan (Vienne) la jeune Thérèse (1) donne naissance à un garçon, dont le père est inconnu, qu’elle prénomme Vincent Emile Clément. Trois mois plus tard, Thérèse épouse Jacques Rat, boucher, qui reconnaît l’enfant. Le couple aura deux autres fils nés à Jaunay-Clan s Pierre Armand Léon en 1857 et Frédéric Edmond en 1859. Le couple et leurs trois enfants vivent chez le père de Jacques, François Rat, boucher à Jaunay-Clan où ils sont recensés au printemps 1861. Quelques mois plus tard, la famille Rat -toutes générations confondues- quitte Jaunay-clan et s’installe à Beaumont-(Vienne). C’est là que Jacques Rat décède le 15 janvier 1862, un mois avant la naissance de son quatrième fils, prénommé Sincère Emilien. Veuve à l’âge de trente ans, avec quatre enfants à sa charge, Thérèse quitte Beaumont, confiant les plus jeunes à ses beaux-parents. On n’imagine que dès l’adolescence Emile et Léon Rat ont dû se prendre en charge.

En mai 1875, Emile Rat est employé photographe dans l’atelier de D. Cousin à Rochefort (Charente-Maritime). Profitant du beau temps, il va se baigner dans le bassin à flot avec son collègue Pierre Coudin qui va se noyer malgré qu’Emile Rat ait tout fait pour le ramener à la surface. (2). Fils aîné de veuve, Emile Rat est dispensé de service militaire et travaille encore quelques années comme employé photographe.

POITIERS :  A une date qui reste à préciser, (première moitié des années 1880), il s’associe avec Raymond Garnier-Francès, photographe un peu plus âgé que lui qui déménage souvent. Les deux hommes se partagent un atelier situé 16, rue Magenta. (3) Avant le recensement de 1886, Garnier-Francès a quitté Poitiers ; Emile Rat photographe est recensé au 18, rue Magenta qui deviendra plus tard le n°40 de la même rue. Là, il travaille avec son frère cadet, Léon. Bon portraitiste dont la spécialité était les agrandissements inaltérables au charbon et au platine, Emile Rat, au fil des années, se constituera une belle clientèle. En août 1892, quand il prend ses congés aux Sables d’Olonne, il descend au Grand hôtel du Casino (4) ; choix qui révèle l’aisance que le fils du boucher et de l’enfant trouvée avait atteinte par son seul travail. Emile Rat a été actif dans son atelier du 40, Magenta jusqu’à son décès en 1910. Léon Rat, son frère cadet, était le plus qualifié pour poursuivre l’activité.

Sources principales :

"Images révélées - Poitiers à l’épreuve de la photographie 1839-1914" (2015) Gérard Simmat

"Les Photographes de Poitiers au XIXe siècle : les précurseurs" Le Picton n°169 (janvier-février 2005).

 "Les photographes de Poitiers au XIXe siècle. L’âge d’or". Le Picton n° 170 (mars-avril 2005)

Notes :

(1)  Le 10 janvier 1832, une employée de l’hôpital vient déclarer à la mairie de Poitiers la naissance d’un enfant exposé la veille au tour de l’hôpital "vêtu d’un bonnet de percale garni d’un tulle (?) en fil, d’un mouchoir blanc avec une bordure d’indienne rose, d’une chemise en calicot dont les manches sont garnies en dentelle, d’une brassière en drap bleu et de deux langes dont l’un fait d’un morceau de jupe tricotée et l’autre de drap vert ayant un galon rose au bras droit et d’un billet qui indique son nom de Thérèse.

(2)  « La saison des bains froids est à peine commencée que nous avons un accident à enregistrer. Lundi, dans l’après-midi, une chaleur presque tropicale avait engagé quelques jeunes gens à aller prendre un bain dans le bassin à flot : l’un d’eux, le nommé A. Coudin, âgé de 19 ans, devait y trouver la mort. Nous laissons la parole à un des spectateurs de ce triste évènement : « Le jeune Coudin nous dit notre correspondant ne sachant pas nager, avait pris avec lui un appareil pour pouvoir se soutenir sur l’eau. A peine avait-il perdu pied, et son appareil n’étant pas assez puissant pour le maintenir à la surface, on le vit se débattre et s’enfoncer peu à peu. Le nommé Emile Rat, employé comme lui chez M. Cousin, photographe, voyant le danger imminent que courait son camarade, s’empressa de voler à son secours et l’atteignit au moment où il allait disparaître ; mais il arriva ce qui est toujours à craindre dans de pareilles circonstances, le noyé se cramponna avec une énergie incroyable au cou de son sauveteur, paralysa tous ses mouvements et tous deux coulèrent au fond. Emile Rat eut cependant assez de sang-froid pour se débarrasser de l’étreinte qui pouvait lui devenir fatale, remonta peu à peu sur l’eau et fut assez heureux pour regagner le bord, sans avoir pu, toutefois, ramener son compagnon malgré tous les efforts qu’il avait faits pour le sauver.

Ce ne fut qu’après trois quarts d’heure de recherches qu’on parvint, à l’aide d’une gaffe, à retirer le corps de ce malheureux jeune homme. Les soins que lui prodiguèrent deux jeunes gens de l’Ecole de médecine pour le ramener à la vie, après un aussi long séjour dans l’eau, furent évidemment inutiles ; l’asphyxie étant complète.

Ces accidents sont trop fréquents pour ne pas émouvoir l’administration et la porter à exercer une surveillance plus active sur les baigneurs qui fréquentent le bassin à flot ». (RetroNews « L’Indépendant de la Charente-Inférieure » du 22 mai 1875

(3)  Durant l’été 1884, Raymond Garnier-Francès est photographe aux Sables d’Olonne (Vendée). Deux hypothèses : soit il avait quitté définitivement Poitiers ; soit il était venu travailler aux Sables durant la saison estivale. "La Plage des Sables d’Olonne" du 17 août 1884. Consultable en ligne sur le site des archives municipales des Sables d’Olonne.

(4)  "La Plage des Sables d’Olonne" du 21 août 1892. Voir supra.

Notice mise à jour le 1er novembre 2023.