Fernand RUAULT

(1842-1900)
Photographe d'atelier
1 photographie

Paris

Pierre Fernand Ruault est né le 3 janvier 1842 à Saumur (Maine-et-Loire) chez sa grand-mère maternelle mais ses parents étaient domiciliés à Commercy (Meuse) où son père Charles Edouard Ruault (1803-1869) adjudant-major (1) au 8e régiment de chasseurs à cheval, était en garnison.  Il suivra son régiment à Châteauroux (Indre) où naîtra son fils cadet Armand Edouard Albert le 5 mai 1850. Chevalier puis officier de la Légion d’honneur, Charles Edouard Ruault quittera l’armée avec le grade de lieutenant-colonel de cavalerie et prendra sa retraite à Saumur. (2) Suivant les traces de leur père, Fernand et Albert serviront dans la cavalerie avant de démissionner.

OFFICIER DE CAVALERIE : En 1867, âgé de 25 ans, Fernand est sous-lieutenant au 5e régiment de dragons. Six ans plus tard, il est capitaine au 15e régiment de dragons en garnison à Béziers (Hérault). Le 5 septembre 1873, il se rend à la mairie déclarer la naissance, trois jours plus tôt, d’un garçon dont il reconnaît être le père. Charles Louis Fernand Ruault est le fruit de ses amours avec Alida Louise Rigollet, La jeune femme était née près de Joigny (Yonne) une ville de garnison pour la cavalerie.  C’est sans doute là qu’elle a rencontré le capitaine Ruault qu’elle suivra à Béziers.  En 1873, un officier célibataire qui assumait être le père d’un enfant né hors mariage se trouvait dans une situation très embarrassante. Fernand Ruault a dû démissionner peu après la naissance de son fils. (3)

BANQUIER A ALGER : Le 10 octobre 1876, Fernand Ruault, épouse sa compagne Alida Rigollet à Alger où il exerce le métier de banquier associé son frère Albert qui, sous-lieutenant au 3e régiment de chasseurs à cheval, avait démissionné le 18 juillet 1876. (4) L’expérience des deux frères dans la banque tourne court. Le 5 février 1877, la société qu’ils avaient formée est dissoute ; Albert est chargé de sa liquidation. (5)

PHOTOGRAPHE A PARIS : Quand il s’était marié à Alger, Fernand Ruault avait choisi pour témoins Claudius Portier l’un des premiers photographes professionnels installés à Alger et son employé Paul Famin qui, après avoir quitté l’atelier de Portier, s’installera à son compte. C’est probablement auprès d’eux que l’ancien officier de cavalerie s’est initié à la photographie, un métier qu’il exercera à Paris. Vers 1880, il ouvre un atelier 21, rue de la Sablière à Paris (14e)où il pratique la « Photographie Artistique et Industrielle » On ne conserve pas de trace de ses travaux industriels, seulement des portraits -format carte de visite- d’habitants de son quartier. Rue de la Sablière, Fernand Ruault a été actif une dizaine d’années avant de changer de métier.

PROFESSEUR A L’ECOLE ESTIENNE : Le 24 avril 1891, Alida Ruault, âgée de 42 ans, met au monde un garçon prénommé Edouard. L’accouchement a lieu au domicile conjugal 14, rue Vauquelin qui est aussi l’adresse de l’Ecole Estienne où Fernand Ruault est professeur. Le 27 avril, il se rend à la mairie du 5e déclarer la naissance de son fils accompagné par Marcel Magnuski, directeur de l’Ecole Estienne mais qui ne le sera bientôt plus. En 1887, la Ville de Paris avait décidé de créer une Ecole supérieure des arts et industries graphiques plus connue sous le nom d’Ecole Estienne. (6) A la rentrée de 1889, 108 élèves (tous des garçons) sont accueillis dans les locaux provisoires rue Vauquelin. L’établissement compte huit sections dont la photographie, la seule où Fernand Ruault était qualifié pour enseigner. Mais en 1891 la gestion de Marcel Magnuski est sévèrement critiquée et cela tourne au scandale. Le directeur est mis en congé en août 1891 puis muté au collège Chaptal.  A la rentrée, l’équipe enseignante est renouvelée. Sur vingt-quatre professeurs d’atelier, deux ont été renvoyés, six ont démissionnés et deux sont décédés. Il ne semble pas que Fernand Ruault ait poursuivi sa carrière à l’Ecole Estienne. En 1900, il est professeur au collège Chaptal, là où Marcel Magnuski avait été muté huit ans plus tôt.

Agé de 58 ans, Fernand Ruault est décédé le 2 mai 1900 à son domicile 30, rue Legendre à Paris (17e). Son fils aîné, Charles Ruault (1873- ?) était artiste dramatique à Paris ; le cadet Edouard (1891-1924) sera lui reporter cinématographique.

 Note et sources :

(1) Adjudant-major : officier du rang de capitaine (exceptionnellement de celui de lieutenant) qui était chargé de l’instruction et de la discipline du corps. En cas d’absence, il pouvait remplacer le colonel ou le chef de bataillon. (Service historique de la Défense. Les grades dans l’armée).

 (2) Le 31 août 1867, le maire de Saumur expose au conseil municipal que M. Ruault, lieutenant-colonel de cavalerie en retraite, demande à l’Etat pour son deuxième fils, le jeune Armand Edouard Albert Ruault, âgé de dix-sept ans, qui désire se préparer à Saint-Cyr, au lycée de Nantes, une bourse et un trousseau entier pour entrer audit lycée. Armand Ruault est élève au collège de Saumur et vient d’être reçu bachelier ès-lettres.  La fortune de M. Ruault père se compose comme suit :

- Revenu foncier    1,000 F.

- Pension militaire  2,205 F.

- Légion d’honneur    500 F.

Le chiffre ci-dessus ne lui permet guère de suffire à l’entretien de son  fils le plus jeune et au paiement de la pension exigée par les lycées.

(« L’Echo saumurois » du 31 août 1867. Consultable en ligne sur le site des archives municipales de Saumur).

En définitive Albert Ruault n’entrera pas à Saint-Cyr. Le 27 août 1869, âgé de 19 ans, il signe un engagement volontaire et participe l’année suivante à la guerre contre la Prusse. Il est fait prisonnier le 28 octobre 1870 lors de la désastreuse capitulation de Metz.

 (3) Le dossier individuel d’officier de Pierre Fernand Ruault (que nous n’avons pas consulté) est conservé au Service historique de la Défense sous la cote GR 5 YE 29250

(4) Légion d’honneur. Base de données Léonore - cote LH//242/39

 (5) Gallica « Archives commerciales de la France » du 18 février 1877. Après avoir procédé à la liquidation de la banque, Albert Ruault fera des études de médecine à Paris. En 1887, il fonde les « Archives de laryngologie » dont il sera le rédacteur en chef. En 1891, il devient médecin consultant des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Comme son père avant lui, il sera nommé chevalier puis officier de la Légion d’honneur. Albert Ruault est décédé à le 17 mars 1928 à Saumur où son fils Edouard était capitaine instructeur à l’Ecole de cavalerie. (Légion d’honneur. Base de données Léonore - cote LH//242/39)

 (6) Marie-Cécile Bouju « L’Ecole Estienne, 1889-1949 – La Question de l’apprentissage dans les industries du livre ». (1998) halshs-00157091

Consultable en ligne :

https://hal-enc.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/157091/filename/Estienne.pdf