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Joseph VERNIER
(1817-1870)
Daguerréotypeur et photographe
4 photographies
Fils d’un tanneur, Joseph Vernier est né le 21 novembre 1817 à Belfort qui était encore une sous-préfecture du Haut-Rhin. Il est l’aîné de huit enfants. Lors du recensement de 1846, tous vivent avec leurs parents. Agé de 29 ans, Joseph est tanneur et son frère cadet Victor, lithographe. On ignore à partir de quand l’aîné s’est intéressé à la technique du daguerréotype. Sans doute bien avant le recensement de 1851 où il est qualifié de "daguerotipeur". Pour Joseph Vernier, la photographie était plus qu’un métier. Il se passionnait pour les problèmes techniques et exposait ses solutions dans les lettres qu’il adressait à "La Lumière". Sous le Second Empire, c’était la publication de référence sur la photographie. Le 24 janvier 1857, la revue publie une longue lettre de Vernier fils de Belfort au sujet du collodion sec. L’année suivante, il expose sa "méthode de photographie rapide sur papier, voie humide, voie sèche, révélation de l’image au sulfate de fer". En 1861, il intervient sur "les épreuves à la gélatine sans mettre au bain d’argent". Le 18 juillet 1860, il photographie l’éclipse du soleil en partie visible à Belfort. Il envoie à "La Lumière" sur une seule carte "trois petits spécimens de l’astre éclipsé provenant de négatifs faits avec un objectif simple de MM. Lerebours et Secrétan, de 110 millimètres de diamètre et d’une longueur focale de 75 centimètres. Ces clichés ont été obtenus sur collodion, en une petite fraction de seconde de 2 h 45 à 3 h 20, c’est-à-dire au moment des plus grandes phases de l’éclipse". Sous le Second Empire, la question du droit à l’image se posait déjà. Joseph Verdier raconte dans la "Lumière" qu’en septembre 1852, il se trouvait en Suisse et s’apprêtait à faire un daguerréotype d’Interlacken : "... singulier contraste parmi toutes ces beautés, on rencontre, peuplant ce magnifique pays, un grand nombre d’idiots ou de crétins comme on les appelle plus communément en Suisse.., un surtout, par ses difformités et son costume grotesque attirait plus particulièrement l’attention des voyageurs et des touristes...il s’approcha de moi, examina mon objectif avec attention et me demanda ce que cela signifiait. "C’est pour t’escamoter, lui dis-je. Si tu veux rester un instant sans bouger devant cette petite boite qui paraît t’intéresser, je te ferai tel que tu es et te donnerai pour prix de ta sagesse 2 fr. et ton image." Vernier ne fit pas un mais deux portraits, en conserva un pour lui et donna l’autre à celui qui avait posé devant lui. Le lendemain, Vernier vit dans la rue principale d’Interlacken un groupe de touristes autour de celui qu’il qualifiait d’idiot. Le daguerréotype mis à l’enchère circulait de main en main. On en offrait une jolie somme mais l’homme tenait à son portrait jusqu’à ce qu’une anglaise lui propose cinq pièces d’or qu’il ne refusa pas. Le lendemain, prétend Vernier, tous les "idiots" d’Interlacken voulaient se faire daguerréotyper par lui. Après avoir été le premier -et sans doute le seul- daguerréotypeur sédentaire de Belfort, Vernier sera le principal photographe de la ville sous le Second Empire. Il décède le 28 mars 1870 quelques mois avant le début de la guerre franco-prussienne durant laquelle sa ville natale sera assiégée. Au bout de 103 jours, son gouverneur militaire, le colonel Denfert-Rocherau, acceptera une reddition avec les honneurs sur ordre de son gouvernement. Source : Sur Gallica, la Bnf a mis en ligne la collection de "La Lumière"