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Benoit AYROLLES
(1832-1899)
Photographe d'atelier
2 photographies
AVIGNON : Le 20 mars 1832, à dix heures du soir, le portier de l’hospice des enfants abandonnés d’Avignon (Vaucluse) trouve dans le tiroir communiquant entre sa loge et la rue un nouveau-né vêtu « d’un lange de vieux molleton de coton blanc, une grande et méchante ceinture de laine, rayée de toutes couleurs, un très méchant drapeau (1) ayant fait partie d’une chemise de femme… » Le lendemain, l’officier d’état civil constate que l’enfant est de sexe masculin et le prénomme Benoit Cluse. Six ans plus tard, Mathieu Ayrolles, et sa compagne Marie-Anne Robin, réclament auprès de la commission administrative de l’hospice la garde de leur fils « ne voulant pas rester plus longtemps étrangers à cet enfant » que « des circonstances majeures » les avaient contraints à déposer à l’hospice. Le 7 août 1838, Mathieu Ayrolles, cordonnier, âgé de 72 ans épouse Marie Anne Robin, ouvrière en soie, âgée de 33 ans ; le couple reconnaît et légitime leur fils dont ils avaient obtenu la garde par un arrêté du préfet du Vaucluse daté du 1er août. Marie-Anne Ayrolles ne vivra avec son enfant que trois ans. Elle meurt le 11 juin 1841 à l’hospice d’Avignon. Bien que beaucoup plus vieux que son épouse, Mathieu Ayrolles lui survivra douze ans. Agé de 87 ans, il décède à l’hospice le 9 juin 1853. A cette date, Benoit Ayrolles était sans doute déjà soldat.
AUXONNE : L’engagement de Benoit Ayrolles, sergent-chef au troisième bataillon de tirailleurs à pied en garnison à Auxonne (Côte-d’Or), prend fin le 31 décembre 1864. Un mois plus tard, le 30 janvier 1865, il épouse une Alsacienne Catherine Ahr (1827-1896), marchande de meubles à Auxonne, dont le premier mari était décédé deux ans plus tôt. Benoit Ayrolles est aussi marchand de meubles quand son épouse met au monde le 19 septembre 1866 une fille prénommée Catherine comme sa mère.
DOLE : A une date qui reste à préciser le couple déménage à Dole, sous-préfecture du Jura, située à une quinzaine de kilomètres d’Auxonne. Là, Catherine Ayrolles reprend l’atelier de dégraissage de Mme Gros-Lambert où elle nettoiera les gants de peau… et les gravures anciennes. De son côté, Benoit Ayrolles ouvre le 15 août 1870, un atelier de photographie artistique place Napoléon (place Pingon après la chute de l’Empire). (2) La date est bien mal choisie. Un mois plus tôt, Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse. Le 21 janvier 1871, les Prussiens attaquent la ville de Dole qu’ils occuperont pendant neuf mois.
AYROLLES ET MENETRIER
Après avoir opéré seul deux ou trois ans, Benoit Ayrolles s’associe au jeune photographe dolois Emile Ménétrier (1850-1918). Les deux hommes travaillent ensemble dans l’atelier de la place Pingon qui sera par la suite transféré rue Dusillet.
DOLE et AUXONNE : Quand il était soldat en garnison à Auxonne, Ayrolles n’avait qu’à traverser la rue pour aller s’attabler au café du Levant que tenait Nicolas Kintz lequel était aussi épicier et photographe. Il serait surprenant que le sergent-chef Ayrolles, revêtu de son bel uniforme, n’ait pas été posé dans l’atelier de Kintz. C’est d’ailleurs dans la maison Kintz qu’Ayrolles et Ménétrier ouvriront leur succursale d’Auxonne. (3)
AYROLLES ET JOUANY
Après avoir été associé quelques années, Ayrolles et Ménétrier se séparent au printemps 1879. A compter du 23 mars, le second opère seul dans l’atelier qu’il a fait aménager place Boyvin. (4) Ayrolles s’est trouvé un nouvel associé en la personne de Jouany qui avait été « retoucheur des premières maisons de Paris, Londres, Bruxelles, New York, Philadelphie, etc. » (5) Les deux photographes se partagent entre l’atelier dolois rue Dusillet et celui d’Auxonne 22, rue des Casernes.
DOLE : On ignore à quelle date Jouany a quitté Dole ; son départ entrainant sans doute la fermeture de la succursale d’Auxonne. Dans une annonce publiée dans « L’Avenir du Jura » le 18 juin 1887, Ayrolles (qui n’a plus d’associé) informe « sa nombreuse clientèle » qu’à dater du 29 mai, il fera des portraits depuis 1 F la douzaine ; huit ans plus tôt, ils étaient vendus 12 F. (6) Malgré ce rabais, les Dolois n’étaient pas si nombreux à fréquenter l’atelier d’Ayrolles lui préférant ses confrères Emile Ménétrier ou Edouard Martin qui s’était installé à Dole en juin 1888. En mars 1894, Ayrolles informe les Dolois qu’à partir de ce jour et avec les nouveaux procédés, tout le monde fera faire son portrait pour 3 F. la demi-douzaine. Au bas de l’annonce, il rappelle que son atelier est à vendre avec son matériel dans de bonnes conditions ». (7) En septembre 1895, le fonds de commerce est toujours à vendre. Il n’est pas certain que Benoit Ayrolles ait trouvé un acheteur de son vivant.
Il est décédé à Dole le 4 mai 1899 trois ans après son épouse.
Notes et sources :
(1) Drapeau : Au sens primitif, pièce de drap, ce qui sert à emmailloter un enfant. (Le Nouveau Littré - Edition augmentée du Petit Littré – 2004).
(2) « Album dolois » du 6 août 1870. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Jura.
(3) Dans « Le Progrès de la Côte-d’Or » du 27 octobre 1877, Nicolas Kintz met en vente « pour cause de cessation » le café du Levant situé à Auxonne en face des casernes. L’annonce est encore publiée en novembre 1878. Cependant, il est possible que Kintz ait cédé son atelier de photographie à Ayrolles et Ménétrier avant de mettre en vente son café. La collection du « Progrès de la Côte-d’Or » est consultable en ligne sur RetroNews.
(4) « L’Avenir du Jura » du 22 mars 1879. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Jura.
(5) « L’Avenir du Jura » du 29 mars 1879. Voir supra.
(6) « L’Avenir du Jura » du 18 juin 1887. Voir supra.
(7) « L’Avenir du Jura « du 23 mars 1894. Voir supra.