Philippe CALLIGE

(1841-1912)
Photographe sur la place publique

Annecy Haute-Savoie

 Fils d’un commis, Jean Philippe Calligé est né le 11 septembre 1841 à Annecy (Haute-Savoie). Il est employé dans l’administration du cadastre quand il se marie le 9 septembre 1863. En février 1868, dans sa ville natale, il fonde avec le concours de propriétaires de vignobles un dépôt de vins du midi, de Bordeaux, de Bourgogne.(1) L’affaire périclite et le voilà photographe à Annecy.

PHOTOGRAPHE : Durant les dernières années du Second Empire, André Desgranges avait été photographe à Annecy avant de s'installer à Voiron (Isère). C'et Philippe Calligé qui lui succédera à Annecy.  En avril 1871 il est déjà photographe quand il est élu  au conseil municipal  en tant que membre de l'Internationale (voir ci-dessous). Calligé n’a pas d’atelier. Il opère "sur la place publique près le pont. du Paquier". (2)  Au dos de ses portraits, il se présente comme le successeur de Desgranges et reproduit la médaille que ce dernier avait obtenue en 1869. Sa carrière sera brève. Lors du recensement 1872 -clos le 15 mai-, Calligé, photographe, est recensé hameau d'Albigny mais en octobre 1873, il est redevenu marchands de vins. Nouveau revers : la société qu’il avait créée pour la vente de vins en gros et demi-gros est dissoute à l’automne 1874. (3) Après avoir été l’agent du gouvernement du Brésil pour l’émigration, il se lance dans la fabrication de sirops (menthe, citron, fraise, grenadine). Il entasse la marchandise sur son vieux tricycle et va lui-même la livrer aux hôtels et cafés.(4) A la fin de sa vie, il sera représentant de commerce.

REPUBLICAIN ET LIBRE PENSEUR : A Annecy,  Calligé, surnommé"Pipe", n'est vraiment connu ni pour son travail de photographe, ni pour ses sirops, Jeune, il se passionne  pour la politique. Militant républicain sous le Second Empire, il appelle  à voter non au plébiscite du 8 mai 1870 par lequel Napoléon III demande aux Français d’approuver les réformes opérées dans la Constitution. En novembre 1870, avec d’autres Annéciens, il fonde dans sa ville une section de l’Internationale des travailleurs qu’il préside. Le 16 avril 1871, durant la Commune de Paris, Calligé s’en va seul coller une affiche manuscrite car il n’a pas les moyens de la faire imprimer à plusieurs exemplaires. Adressée aux "Citoyens d’Annecy", l’affiche rappelle que "les membres de la Société internationale des travailleurs savoyards protestent énergiquement contre toute tentative de désordre dans la ville d’Annecy, mais ils jurent en revanche de défendre la République jusqu’à la mort contre toute restauration despotique qui pourrait ramener en France le régime funeste des Bonaparte, des Bourbons, ou encore bien pire celui des révérends pères jésuites"... (5) Un mois plus tard, Philippe Calligé et deux autres membres de l’Internationale sont élus au conseil municipal d’Annecy. Le photographe, le mieux élu des trois, obtient 439 voix ; preuve que tous les Annéciens ne voyaient pas en lui un dangereux révolutionnaire. (6) Toute sa vie, Calligé restera un fervent républicain et un anticlérical. Il avait été dans sa ville l’un des fondateurs de la Libre Pensée ainsi que de la Bibliothèque libre d’Annecy. Il décède le 9 avril 1912 à l’hôpital civil d’ Annecy des suites d’une opération. Ses obsèques "purement civiles" furent suivies d’une "foule considérable".(7)

Sources :

(1) Lectura Plus - "Le Courrier des Alpes" du 8 février 1868.

(2) Lectura Plus - "Le Courrier des Alpes" du 22 avril 1871.

(3) Gallica - "Archives commerciales de France" du 1er octobre 1874.

(4) Gallica -  "La Revue savoisienne" 1931.

(5) Lectura Plus - "Le Courrier des Alpes" du 22 avril 1871.

(6) Lectura Plus - "Le Courrier des Alpes" du 13 mai 1871.

(7) Lectura Plus - "L’Avenir savoyard" du 18 avril 1912.