Eugène CLEMENT

(1824-1905)
Daguerréotypiste puis photographe
2 photographies

Paris

Un Eugène Clément a été daguerréotypiste puis photographe à Paris. Dans son "Répertoire des photographes de France au XIXe siècle" Jean-Marie Voignier indique qu’il se prénommait Eugène François Louis. Nous pensons qu’il s’agit en fait de Charles François Eugène Clément. Fils de Bernard Clément, il serait né à Charonne le 31 juillet 1824. François Boisjoly dans son "Répertoire des photographes parisiens du XIXe siècle" indique qu’Eugène Clément aurait commencé à faire des portraits au daguerréotype à Paris en 1850. Son atelier était situé 29, rue de Rivoli qui deviendra le 43 en 1857. Comme d’autres confrères de la capitale, Clément faisait des tournées en province. Au printemps 1852, il séjourne plusieurs semaines à Tours (Indre-et-Loire), département où était né sa mère qui reviendra y passer les dernières années de sa vie. "Le Journal d’Indre-et-Loire", daté du 4 mai 1852, s’en fait l’écho : "Nous venons de voir exposés chez M. Silvestre, rue Royale 86, des portraits au Daguerréotype de grande dimension et sur papier. Ces portraits qui ne présentent pas les inconvénients de ceux obtenus au moyen de plaques métalliques sont d’une rare perfection et d’une remarquable beauté. Ils sont l’oeuvre de l’un de nos premiers photographes, M. Clément de Paris, qui est venu passer quelques jours dans notre ville." Le même journal revient le 30 mai 1852 sur "les immenses avantages que les portraits au daguerréotype sur papier présentent sur ceux qui ont été faits au moyen de plaques métalliques. Les résultats qu’obtient chaque jour M. Clément en sont la preuve. Sans revenir sur ces avantages nous en indiquerons deux seulement qui méritent de fixer l’attention, c’est d’abord l’absence de ce miroitage si fatiguant pour les yeux, si défavorable pour les portraits, c’est ensuite la facilité de faire sans frais et immédiatement plusieurs épreuves de la même image..." A l’automne 1852, Eugène Clément opère pendant six semaines à Poitiers (Vienne). Avec l’ouverture d’ateliers de photographie permanents en province, les tournées des professionnels parisiens de passage perdent leur raison d’être. Désormais Eugène Clément va se consacrer pleinement à son atelier parisien dont il fait en 1861 la publicité dans un prospectus. Ledit prospectus tombe entre les mains d’un chroniqueur du "Tintamarre" qui s’en moque avec brio dans le numéro du 16 juin 1861 : "M. Eugène Clément est un photographe ; mais là, sincèrement, nous le croyons moins photographe que farceur. Ses meilleures farces se traduisent par des prospectus de sa façon et nous allons vous en faire juges en détachant quelques perles de son écrin. Mas sachez avant tout que Clément est l’inventeur de la photographie hydrofuge. Je ne sache pas que les personnes qui font faire leur portrait s’avisent de le placer dans leur fontaine ou sur leur chapeau par un temps d’orage. Aussi ne m’expliqué-je pas le qualificatif accolé par M. Clément à ses produits photographiques. Je veux bien croire que les portraits de M. Clément sont inaltérables ; et j’ai une foi si robuste dans son talent et son savoir-faire que je crois sincèrement que les traits des personnes représentées ne s’altèrent jamais dans ses photographies, quelles que soient les émotions par lesquelles ses clients sont destinés à passer. La fièvre typhoïde, le scorbut et l’inflammation d’intestins ne laissent pas de trace dans ses cadres. Nous avons connu un de ses clients qui, après trois pleurésies, n’était pas changé sur son portrait..." Les coups de griffes du "Tintamarre", n’empêcheront pas Eugène Clément de poursuivre son activité dans son atelier de la rue de Rivoli jusqu’au début des années 1870. Grâce aux recherches fructueuses de Marc Durand dans le minutier central des notaires de la Seine nous savons qu’Eugène Clément avait épousé Sidonie Lasseray le 19 mai 1855 à Paris. Deux ans plus tard, en février 1857 le couple achète une maison de campagne au Kremlin-Bicêtre. Sur un procès verbal d’adjudication, en date du 7 août 1859, Eugène Clément est qualifié de "directeur de la salle Barthélémy", domicilié 43, rue de Rivoli. En novembre 1871, Eugène Charles François Clément, photographe, domicilié 20, avenue de Marigny à Vincennes (Val-de-Marne) obtient un prêt du Crédit foncier de France. Devenu rentier, il s’installe ensuite avenue du Kremlin au Kremlin-Bicêtre où il est recensé avec son épouse en 1896. Sidonie Lasseray y est décédée le 6 décembre 1901 et Charles François Eugène Clément le 18 mars 1905, à l’âge de 80 ans.

On sait qu’un frère d’Eugène Clément, prénommé Edouard, a été photographe à Paris dans un atelier situé 4, rue Notre-Dame-de- Nazareth. Or, un Jean-Baptiste Gabriel Clément, artiste, âgé de 41 ans, est domicilié à cette adresse le 7 février 1861 sur l’acte de mariage de sa soeur Joséphine ; l’autre témoin est Eugène Charles François Clément, photographe, 43 rue de Rivoli.

Sources :

- La Bibliothèque nationale de France a mis en ligne la collection du "Tintamarre" sur son site Gallica.

- Marc Durand - De l’Image fixe à l’image animée 1820-1910 - Archives nationales - 2015