Eugène DANGUY

(1831-1889)
Daguerréotypeur puis photographe
2 photographies

Enfant naturel d'un père inconnu, Louis Daguenet est né le 11 mars 1831 à Auxerre (Yonne). Dix-huit ans plus tard, le 7 avril 1849, il est reconnu et légitimé par le mariage de ses parents, Michel Danguy et Emilie Daguenet, mariage qui est célébré à Bordeaux (Gironde). (1) Quand il épouse sa compagne, mère de leurs deux enfants, Michel Danguy est commis-négociant à Bordeaux. Un an plus tard, il accompagne son fils aîné dans son périple breton. A 19 ans, Eugène Danguy, est déjà un daguerréotypiste expérimenté. De juin 1850 à mars 1851, le père et le fils sillonnent la Bretagne où ils feront des portraits au daguerréotype dans plusieurs villes : Lorient, Brest, Saint-Brieuc, Lamballe, Rennes… (2)

MM. DANGUY, DAGUERREOTYPISTES ITINERANTS :

Lorient : Le 1er juin 1850, "Le Lorientais" annonce l’arrivée dans la ville de "MM. Danguy de Paris, qui ont obtenu une si brillante réputation pour leurs belles miniatures daguerriennes. C’est donc un une véritable occasion pour les personnes qui tiendraient à avoir leur portrait. La beauté du coloris et le fini de leur épreuve les font prendre pour de véritables miniatures ». Après avoir opéré un mois dans le salon du Grand café de Paris, MM. Danguy quittent Lorient le 25 juin 1850. (3) et se dirigent vers Brest (Finistère).

Brest : Les dates de leur séjour à Brest restent à préciser.

Saint-Brieuc : Au début de l’année 1851, ils sont à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). Dans "Le Publicateur des Côtes-du-Nord" daté du 8 janvier, on lit que "MM. Danguy, peintres en miniature, ont l’honneur d’informer le public que, de retour de Paris, ils ont de nouveau ouvert leur salon qu’ils fermeront le 20 janvier, sans remise. Ces artistes, par de nouveaux procédés, donneront encore de plus beaux portraits que ceux qu’ils ont livrés..." (4) Dans cette annonce, il n’est pas question de portraits au daguerréotype. Pourtant, cela a été leur principale activité à Saint-Brieuc. Le 29 janvier, "Le Publicateur des Côtes-du-Nord" annonce ainsi leur départ : "Nous apprenons avec regret que MM. Danguy de Paris, qui ont fait à Saint-Brieuc, avec un véritable succès, un grand nombre de portraits au daguerréotype, quittent aujourd’hui notre ville pour se rendre à Lamballe, où ils se proposent de rester une huitaine de jours". La ressemblance parfaite de ces portraits, leur remarquable exécution sous le rapport artistique, recommandent puissamment ces artistes, les plus habiles incontestablement de tous ceux qui avaient jusqu’à ce jour visité nos contrées..." (5)

Rennes : Après Lamballe et sans doute d’autres villes bretonnes, les Danguy arrivent à Rennes à la mi-mars 1851. Ils y resteront jusqu’au 6 mai avant de partir à Londres. (6)

Bourges : En février 1852, Danguy père et fils sont à Bourges. « Le Journal du Cher » leur fait une belle réclame : « Nous ne savons mieux rendre justice au mérite de MM Danguy qu’en engageant les personnes qui tiendraient à avoir un portrait parfait d’exécution et de ressemblance, à profiter du peu de jours que ces photographes ont à donner à notre ville. Le modelé de leurs épreuves, la belle carnation qu’ils y appliquent réunis à la pose gracieuse qu’ils donnent à leur sujet en font de délicieuses miniatures. Aussi nos jeunes et jolies femmes, qui jusqu’alors avaient eu en antipathie le daguerréotype qui, à la vérité, par la dureté de ses traits, était loin d’être avantageux n’ont plus rien à redouter. Elles trouveront dans les portraits de ces artistes une reproduction pour ainsi dire vivante de leur ressemblance… ». (7)  Le séjour berrichon de MM. Danguy se prolongera au-delà du 18 mars 1852.

Paris : Quand ils n’étaient pas en tournée en province, à Londres ou en Allemagne, (8) Danguy père et fils travaillaient à Paris. En mars 1852, leur « Grand établissement de Portraits sur plaque et papier » se trouvait 1, boulevard Poissonnière. (9) Mais un portrait au daguerréotype de deux hommes daté lui aussi de 1852 est signé de MM. Danguy – boulevard Beaumarchais

Agé de 37 ans, Eugène Danguy épouse  le 6 juin 1868 à la mairie de Bordeaux Marguerite Alice Solve. Photographe à Paris, il vit avec sa mère qui est veuve. La date et le lieu du décès de son père Michel Danguy ne sont pas connus. Dans la capitale, Danguy fils  a opéré  37, rue Poissonnière (1856-1861) ; 26, rue de la Paix (1862-1868) et 18, place de la Bourse (1869-1879). Rue de la Paix, ses portraits sont signés Danguy et Cie sans que l’on connaisse le nom de son associé. Il est toujours photographe place de la Bourse quand naît le dernier de ses enfants le 13 août 1879. 

LE DIAPHANORAMA DU PROFESSEUR DANGUY :       

Photographe, Danguy s’intéressait depuis longtemps aux projections lumineuses à l’aide d’une lanterne magique que l’on appelait diaphanorama. Pour améliorer la qualité technique de ces projections il met au point un système de fondus enchaînés. Quand il se sent prêt, il commence à présenter son spectacle dans les collèges, pensions,  couvents et  orphelinats.  Puis, pour élargir son public, il se rend dans des salles de théâtre à Paris ou en province. En 1888, un an avant sa mort, il est au casino de Boulogne-sur-Mer. (10)

Réputé sans profession, Eugène Danguy, est mort le 14 avril 1889 à son domicile 23, rue des Filles-du-Calvaire. Sa mère, qui vivait avec lui, était décédée en décembre 1884. Sur son acte de décès, son fils  est qualifié d’artiste lyrique ( ?)

Notes et sources :

(1)  Durand "De l’Image fixe à l’image animée 1820-1910" Archives nationales - (2015).

(2) Dans l’annonce publiée dans « Le Journal de Rennes » le 15 mars 1851 par MM. Danguy, de Paris on lit : « La réputation que nous avons laissée dans toutes les grandes villes du Midi… » De quelles villes s’agit-il ? Apparemment, ils ne sont passés ni à Toulouse, ni à Montpellier, ni à Nîmes, ni à Marseille…

(3) La collection du "Lorientais" est consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Morbihan.

(4) et (5) La collection du "Publicateur des Côtes-du-Nord" est consultable en ligne   sur le site des Archives départementales des Côtes d’Armor.

(6) « Le Journal de Rennes – Echo de la Bretagne » du 15 mars et 26 avril 1851. Collection mise en ligne par la bibliothèque de Rennes.

(7) RetroNews - « Le Journal du Cher » du 21 février 1852.

(8)  Dans « Le Journal du Cher » du 24 février 1852, les Danguy se vantent des « succès qu’ils ont dans toutes les plus grandes villes de France et d’Allemagne »

(9) C’est ainsi qu’ils avaient titré leur annonce dans « Le Journal du Cher » citée plus haut

(10) Laurent Mannoni « Le tour du monde en lanterne magique : le diaphanorama d’Eugène Danguy. »  https://www.cinematheque.fr/article/660.html