Edgard DEBAS

(1845-1891°
Photographe itinéant puis sédentaire
5 photographies

Cognac Charente Madrid Espagne

Pierre Edgard Debas est né le 29 mai 1845 à Moulins (Allier). Son père Jean Debas (1808-1868) était alors boulanger, domicilié à Paris. C’est à Paris, en 1848, que décèdera son épouse, née Marie Dujat. Pierre Edgard avait un frère aîné, Jean-Baptiste (prénom d’usage Fernand) qui était né à Moulins le 31 août 1842. Les deux frères seront photographes en France avant de s’installer en 1872 à Madrid (Espagne)où ils feront une brillante carrière (1).

Pour leurs premières années en France, les sources ne nous permettent pas de départager les deux frères et de savoir où ils ont exercé séparément ou ensemble. Sur les portraits "carte-de-visite" faits en France durant les années 1860, la signature Debas se trouve presque toujours associée à celles de Chanony et Maury puis à Maury seul. A l’enseigne "Société photographique parisienne" les trois professionnels, qui n’avaient pas d’atelier fixe, faisaient de longues tournées en province. Le trio se résuma ensuite à un duo ; Chanony étant parti poursuivre sa carrière dans l’Hérault.

Le 30 janvier 1865, le journal "Le Charentais" (2) informe ses lecteurs que : "La Société photographique parisienne, dirigée par MM. Maury et Debas a l’intention d’installer à Angoulême un de ses ateliers de photographie avec personnel et matériel complet pour y séjourner pendant le printemps. Les artistes de la Société photographique parisienne nous sont déjà connus : dans notre contrée comme dans les autres provinces qu’ils visitent chaque année, ils ont laissé de belles et artistiques épreuves, en même temps que les souvenirs les plus honorables". Ce qui ne devait être qu’un séjour printanier va se transformer en une installation permanente à Angoulême dans un atelier situé 9, rue de l’Arsenal. Les deux hommes vont y travailler ensemble au moins jusqu’en décembre 1866. Après le départ du fils Debas, Maury travaillera avec son père Jean Debas qui était photographe lors de son décès à Angoulême le 23 octobre 1868. Bien que le prénom de l’associé de Maury à Angoulême ne soit pas mentionné, il semble qu’il s’agisse du cadet Edgard Debas. Après s’être séparé de Maury, il a travaillé seul à Cognac (Charente). Un portrait carte-de-visite reproduit sur ce site est signé au recto E.D.F. et au verso E. Debas Fils - Cognac.  Le photographe aurait ensuite fait un passage à Libourne (Gironde) au début des années 1870. En parallèle à son travail en province, Edgard Debas s’était vu confier, à l’âge de 21 ans, soit en 1866, la direction du service photographique du "Monde illustré". En février 1892, la revue "Paris Photographe" (3) de Paul Nadar lui consacra un article nécrologique signé P.N. (Paul Nadar ?). L’auteur rappelait qu’Edgard Debas avait collaboré au "Monde illustré" jusqu’en 1870. "Lorsque la guerre éclata, Debas s’engagea immédiatement. Sa valeur, son énergie une action d’éclat lui valurent le grade de lieutenant et une proposition à la Légion d’honneur. En 1872, il se fixa à Madrid et y fonda une maison de photographie qui,sous son habile direction, ne tarda pas à devenir la plus importante de l’Espagne. Ses clichés présentaient une valeur artistique exceptionnelle. il s’attachait principalement à la composition, à la pose, et ses épreuves très appréciées des artistes étaient particulièrement remarquables par l’absence presque complète de retouches." On ignore si Edgard et son frère aîné sont partis ensemble en Espagne ou si l’un des deux à proposer à l’autre de venir le rejoindre. A Madrid, "Los Hermanos Debas" vont devenir les portraitistes de la famille royale et de l’aristocratie. Pedro Edgardo Debas est le photographe de l’Infante Isabel d’Espagne ; Fernando Debas, celui de Sa Majesté Alphonse XII et de la princesse des Asturies.

Le 20 février 1874, Pierre Edgard Debas avait épousé à Moulins, Camille Hélène Coronado dont le père était médecin et chevalier de l’ordre militaire de Saint-Ferdinand d’Espagne. Le photographe décéda à Madrid le 28 décembre 1891. Selon l’article de "Paris Photographe" cité plus haut "son atelier ne périclitera pas car Mme Debas qui a toujours pris une part active à la direction de sa maison, continuera, en l’exploitant seule aujourd’hui, l’oeuvre artistique de notre regretté ami." Fernando Debas, quant à lui, vivra à Madrid jusqu’à son décès en 1914.

Sources :

(1) Fernàndez Rivero, Juan Antonio Garcia Ballesteros, Maria Teresa. "Los Hermanos Debas. Fotografos de corte en las monarquias alfonsinas". Jornades Imatge i Recerca Girona, 2016.

(2) La collection du "Charentais" a été mise en ligne par les Archives départementales de la Charente.

(3) "Paris Photographe" du 29 février 1892, page 85. Cette revue est consultable en ligne sur le site Ciné-Ressources -Catalogue collectif des bibliothèques et archives du cinéma.