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Jean-Vincent DOPTER
1807-1859
Editeur d'images de dévotion.
Le 2 septembre 1839, Louis-Jacques Daguerre donne à Paris son premier cours sur l'invention qui porte son nom. Un mois plus tard, « un élève de Daguerre » en fait la démonstration à Tours. La petite frange de la population tourangelle qui s'intéressait à cette invention dont la presse locale avait déjà beaucoup parlé n'attendit pas longtemps pour voir ce qu'était un daguerréotype.
Le 7 octobre 1839, dans « Le Journal d'Indre-et-Loire », M. Dopter, élève de Daguerre, annonce « qu'il donnera lundi et mardi une séance publique, de midi et demi à trois heures, destinant les heures de la journée à prendre des vues sur différents points de la ville ». Ses expériences sur le Daguerréotype auront lieu dans une des salles de la mairie où il démontrera tous les procédés servant à la reproduction des images photogéniques. Prix d'entrée : 2 francs ».
Le même jour, « Le Journal d'Indre-et-Loire » rend compte de la première séance de Dopter : « Nous avons assisté hier (donc le 6 octobre) aux expériences faites par M. Dopter au moyen d'un Daguerréotype ; elles ont parfaitement réussi, quoique le temps fût alors très obscur. Nous avons été vivement étonné en voyant que par, le seul empire de la lumière et sans aucun travail de l'homme, on puisse reproduire avec une fidélité qui tient du prodige es points de vue les plus éloignés et qui renferment le plus de détails.
M. Dopter a pris dans sa séance d'hier une vue de la Tranchée et du charmant coteau qui borde la rive droite de la Loire ; il a aussi montré deux autres vues qu'il avait prises antérieurement, l'une représentant le Louvre, l'autre la cathédrale d'Orléans, ces tableaux ont excité la plus vive admiration »
La dernière séance eut lieu le vendredi 11 octobre.
Après Orléans et Tours, Dopter sera les 19 et 20 octobre à Bordeaux. où il reproduit la façade du Grand théâtre. On ignore dans quelles villes il s'est arrêté entre Tours et Bordeaux ni si sa tournée s'est poursuivie au-delà du chef-lieu de la Gironde.
Bien que dans ses publicités, le prénom de Dopter ne soit jamais mentionné, on peut, avec une quasi certitude, dire qu'il s'agit de Jean-Vincent Dopter (1807-1859.) A Paris, il avait créé une entreprise d'imagerie de dévotion. Sa production était diffusée dans toute l'Europe. En 1834, son atelier était équipé de six presses en taille-douce ; en 1852, il en compte trente-deux dont dix-sept lithographiques. L'entreprise emploie alors cent cinquante ouvriers.
Dopter, avait trente-deux ans en 1839. Son métier étant de produire des images, il n'est pas surprenant qu'il se soit intéressé à l'invention de Daguerre. On imagine qu'après avoir suivi l'une de ses leçons à Paris, il est parti en province chargé du matériel (près de cinquante kilos) nécessaire pour faire ses démonstrations. Après sa tournée de l'automne 1839, il renonce à devenir un professionnel du daguerréotype et reprend son commerce d'images de dévotion. Toutefois, il utilisera la photographie dans la reproduction d'images pieuses. Dans l'inventaire dressé après son décès en 1859, on recense dans son magasin sis 29 rue Madame Paris :
- Quatre cent quatre-vingt-huit douzaines de photographies ;
- Six cent soixante douzaines de photographies à fleurs
- Neuf cent quatre-vingt-dix douzaines de photographies coloriées
- Six quatre-vingt-quinze douzaines de photographies pailletées.
Sources :
Lerch Dominique. Une grande entreprise d'imagerie de dévotion : la famille Dopter (1831-1879-1896).
Contribution à l'histoire d'un des trois centres européens de l'imagerie de dévotion au XIXe siècle : Paris et l'imagerie dite de Saint Sulpice.
Extrait du colloque d'Arles (2007) sur l'image. Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques 2010.
Morand Sylvain. Le daguerréotype en province. Une histoire sans fin. Extrait du catalogue de l'exposition du musée d'Orsay (2003) sur « Le daguerréotype français. Un objet photographique ».