François-Marie GILBERT (aîné)

(1821-1892)
Photographe d'atelier
11 photographies

Granville Avranches Manche Laval Mayenne Rennes Saint-Servan Ille-et-vilaine

Fils d’un marin, François-Marie Gilbert est né le 8 août 1821 à Cancale (Ille-et-Vilaine). Sa mère décède quelques mois plus tard. Veuf, son père se remarie et aura d’autres enfants dont Pierre-Louis. Dès l’adolescence, François-Marie est marin ; métier qu’il exerce quand il épouse le 24 octobre 1849 Léopoldine Pissenier, fille d’un gendarme en retraite qui est marchande de mercerie. Après avoir vécu à Cancale au moins jusqu’en juin 1856, le couple s’installe à Granville (Manche). C’est là que le marin et son demi-frère Pierre Louis vont devenir photographes.

GRANVILLE : Chose étonnante dans ce port de 17 200 habitants, quatre hommes qui sans doute se connaissaient, vont embrasser la carrière de photographe vers 1859-1860. (1) Aux deux frères Gilbert, il convient d’associer François Marie (1826- ?) qui sera actif à Rennes à partir de 1861 où François-Marie Gilbert lui succédera ; et, le moins connu du quatuor, Louis Marie Guérin (1826- ?), photographe à Granville en février 1862 et témoin au mariage de sa sœur avec Pierre Louis Gilbert. La date à laquelle les deux frères Gilbert ont commencé à travailler à Granville reste à préciser. En 1861, François-Marie et Pierre Louis, photographes, vivent avec leur père 75, rue des Juifs.

VIRE : En août 1860, les frères Gilbert opèrent à Vire (Calvados) dans un atelier provisoire.  La presse locale tresse leurs louanges : "A un talent de premier ordre comme photographes, à des procédés tout à fait nouveaux et perfectionnés, MM; Gilbert joignent le mérite de coloristes habiles ; les photographies prennent sous leur main le coloris, les teintes, les tons les plus naturels, c'est-à-dire des avantages que les opérateurs ordinaires ne peuvent offrir.  Sous le rapport des prix, MM. Gilbert défient encore toute concurrence. Nous prévenons nos lecteurs que le départ de MM. Gilbert est fixé irrévocablement aux premiers jours de la semaine prochaine". (2)

AVRANCHES : Dans « Le Journal d’Avranches » daté du 30 décembre 1860, « MM Gilbert, Artistes Peintres »   annoncent qu’ils font des « Portraits en Photographie par de nouveaux procédés, coloriés ou non...  MM. Gilbert, depuis longtemps demandés dans cette ville, ont l’honneur de prévenir le public qu’ils apportent un genre de photographie qui n’a pas encore paru. Ils prient surtout les personnes qui désireraient avoir leur portrait de ne pas confondre leur travail avec celui de divers photographes qui ont pu faire séjour en cette ville (3). Leur genre est tout à fait nouveau ; ils ont lieu d’espérer que la perfection qu’ils apportent méritera l’attention des amateurs.  MM. Gilbert donnent des leçons de photographie… ». Avranches, est située à 27 kilomètres de Granville mais compte moitié moins d’habitants. Pourtant, les deux frères vont y prolonger leur séjour. Le 19 mai 1861, ils annoncent leur départ prochain reporté plusieurs fois. Les deux frères (où au moins l’un des deux) restent à Avranches jusqu’à la fin de l’année 1861. Le 29 décembre, Charles Allix, qui était sans doute leur employé, se présente aux Avranchins comme « le successeur des Frères Gilbert »

LAVAL : Les deux frères quittent la Normandie et s’installent à Laval (Mayenne). Une première annonce est publiée dans "L'Echo de la Mayenne" du 12 janvier 1862, (4) un mois avant la naissance de Raphaël Gilbert, dernier fils de François-Marie. Sur l’acte de naissance de l’enfant est témoin son oncle paternel Pierre Louis Gilbert, photographe, domicilié à Laval. Mais dix jours plus tard, le même Pierre Louis Gilbert se marie à Granville. Les photos signées "Gilbert Frères - Peintres - Photographes", faîtes à Laval ou ailleurs, seraient antérieures au mariage du cadet. Ensuite,  au dos de ses portraits, François-Marie appose un cachet avec écrit en bleu "Gilbert aîné - Photographe - Peintre", sans indication de lieu. On notera qu’en mars 1863, "M. Gilbert, artiste photographe" est de passage à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). (5)

RENNES : Vers 1865, François Marie Gilbert s’installe 6 bis, rue de Belair où il est recensé en 1866. Il succède au Granvillais François Marie (voir ci-dessus) qui, lui, part à Laval.  En plus de son atelier rennais, Gilbert aîné en avait ouvert un autre à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Ne pouvant être présent dans les deux villes en même temps, il est possible que cela soit Mathurin Le Michel (1830-?) qui ait opéré rue de Belair pour le compte de Gilbert aîné. Le Michel est domicilié à cette adresse en mars 1869 et il y est recensé en 1872. Par la suite,  il a racheté le fonds de commerce et s’est présenté comme le successeur de Gilbert.

SAINT-SERVAN : Photographe à Rennes, Gilbert aîné avait aussi un atelier situé Grande rue 30 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il n’est pas recensé à cette adresse en 1866 mais c’est là qu’il a exercé jusqu’à ce son fils Eugène lui succède vers 1880. Septuagénaire, François-Marie Gilbert est décédé le 17 janvier 1892 à Cancale, là où il était né.

Ses trois enfants, qui ont atteint l’âge adulte, ont été photographes :

-        Eugène ((1854-1903) a succédé à son père à Saint-Servan. Il a fait faillite en 1889. 

-        Léopoldine (1856-?) est artiste peintre photographe quand elle épouse à Saint-Servan le 21 août 1880 Auguste Bonnesoeur, photographe à Flers (Orne) puis à Saint-Servan.

-        Raphaël Eugène (1862-1913) a été photographe 2, rue de l’Alma à Rennes où il est recensé en 1891 puis 21, boulevard de la Liberté où il a succédé à Graveleau.

Sources :

(1)  Yves Lebrec - "Les premiers photographes de Granville 1839-1939". (2003).

(2) "Le Journal de Vire" des 2 et 9 août 1860. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Calvados.

(3) Les frères Gilbert sont sans doute sévères pour les deux photographes avranchins Constantin Chesnay et Hardy, actifs vers 1857-1859.

(4) "L'Echo de la Mayenne" est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque municipale de Laval.

(5) "L’Armorique" du 18 mars 1863 et "Le Publicateur des Côtes-du-Nord" du 21 mars 1863. Consultables en ligne sur le site des Archives départementales des Côtes d’Armor.