Alexandre KEN

(1831-1874)
Photographe d'atelier
10 photographies

Londres Madrid Paris

Né à Varsovie (Pologne) en 1831, Alexandre (ou Aleksander) Ken a été photographe à Paris sous le Second Empire avec des succursales à Londres et à Madrid.

PARIS :  A compter du 28 avril 1858, Ken prend à bail un appartement situé au 4e étage du 10, boulevard Montmartre à Paris (9e) qui devient son atelier. Peu après, il loue à la Société du passage Jouffroy, propriétaire de l’immeuble, « les deux côtés du passage de la porte cochère pour y placer des vitrines fermées et y établir une exposition de ses œuvres de photographie ». (1) Mais au printemps 1859, Ken découvre avec stupéfaction qu’un autre photographe à accrocher son enseigne à côté de la sienne.  Sans le prévenir, son propriétaire a loué le premier étage à M. Lamazou, directeur de spectacles, avec permission expresse d’en sous-louer une partie à un photographe. C’est Louis Alexandre Dalligny qui profite de l’aubaine et capte une partie de la clientèle de Ken qui opère trois étages plus haut. Face une concurrence qu’il juge déloyale, le photographe assigne en justice la Société du passage Jouffroy.  Le 13 août 1859, le tribunal civil de la Seine lui donne raison : « Attendu que l’effet de cette sous-location est d’établir une concurrence préjudiciable  à Ken en faisant profiter Dalligny des expositions que Ken a fait établir sous la porte cochère de la maison ; qu’il est évident que par suite des enseignes que les deux parties ont fait apposer il y aura confusion entre les deux établissements et que cette confusion ne pourra être qu’au profit du photographe du premier », le tribunal ordonne à Forget (gérant de la société du passage Jouffroy) d’expulser Dalligny et le condamne à  lui verser  la somme de 3 000 francs au titre des dommages et intérêts ; somme qui sera portée à 9 000 francs par la cour d’appel le 29 mars 1860. (2) Ken est de nouveau le seul photographe de l’immeuble et le restera jusqu’à ce qu’il cède son atelier en 1865 à Emile Bondonneau qui gérait la succursale de Londres. En 1864, Alexandre Ken, qui était membre de la Société française de photographie depuis 1860, publie à Paris   ses « Dissertations historiques, artistiques et scientifiques sur la photographie ». (3)

LONDRES : Comme d’autres photographes parisiens, Alexandre Ken ouvre une succursale à Londres. Il confie la direction de cet atelier situé 213 Regent Street à Emile Bondonneau qui lui succédera à Paris. (4)

MADRID : Le 22 décembre 1860, devant Me Fovard, notaire à Paris, Alexandre Ken, photographe, et Mme Blanche Nathalie Ken (sa sœur ?)  épouse divorcée de M. Emmanuel de Bryatte, sujet russe, la dite dame rentière domiciliée à Paris forment entre eux et un commanditaire une société pour la création et l’exploitation d’un fonds de photographie à Madrid. La société existera sous la raison sociale A L. Ken et Compagnie. La commandite est de 50 000 F. qui seront versés au fur et à mesure des besoins de la société et destinés au paiement des frais de construction et d’établissement de la maison de photographie à Madrid et sa mise en exploitation. (5) On ignore le nom du commanditaire : un Français ? un Espagnol ? L’atelier madrilène de Ken ne semble pas avoir été très actif. A signaler, parmi le petit nombre  de portraits faits sur place, celui de Lucio del Valle conservé dans les collections du musée d’histoire de Madrid. (6)

Rentier et célibataire, Alexandre Ken est décédé le 9 février 1874 à son domicile 111, rue du Faubourg Saint-Honoré. Son frère Gustave Ken, domicilié à Varsovie, sera son héritier. (7)

Sources :

(1)  RetroNews « Le Droit, journal des tribunaux » du 7 octobre 1859.

(2)  Gallica « Annales de la propriété industrielle artistique et littéraire » du 1er janvier 1860. p. 187.

(3)  Cet ouvrage est en ligne sur Gallica.

(4)  François Boisjoly « Répertoire des photographes parisiens du XIXe siècle » (2009).

(5)   RetroNews « Le Droit, journal des tribunaux » du 31 décembre 1860.

(6)  C’est le seul portrait signé Ken qu’a recensé Carlos Celles Anibarro, auteur d’un livre à paraître sur les pionniers de la photographie en Espagne « Los Retratistas pioneros de la corte 1858-1865 - Catalogacion de las primeras firmas ».

(7)  Marc Durand « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » Archives nationales (2015).