Emile LEBEAU

(1833-?)
Photographe d'atelier
4 photographies

Besançon Doubs Brienon Yonne Cosne-sur-Loire Nièvre Dijon Côte d'Or Dole Jura Gien Loiret Lyon Rhône

En 1854, quand il se marie, Emile Lebeau est menuisier dans la Haute-Saône. Quelques années plus tard, il est photographe à Besançon (Doubs) ; première étape d’une longue carrière que cette notice ne prétend pas résumer.

 Le 6 février 1833, Marguerite Lebeau, ouvrière en robes à Valay, petite commune de la Haute-Saône, donne naissance à un fils qu’elle prénomme Emile et dont le père restera inconnu. Devenu menuisier, Emile se marie le 27 décembre 1854 à Pesmes (Haute-Saône), avec Jeanne Marie Thevenon, dont le père était décédé et dont la mère était ouvrière en robes. Le couple n’aura pas d’enfants. On ne sait ce qui a poussé Emile Lebeau à délaisser ses varlopes et ses rabots et à s’intéresser à la photographie qui n’était alors pratiquée que dans des communes importantes.

BESANCON : Sa carrière de photographe commence dans la préfecture du Doubs où il rencontre Antoine Lumière, lui aussi originaire de la Haute-Saône. A 24 ans, il est père de deux garçons nés à Besançon : Auguste en 1862 et Louis en 1864, qui trente ans plus tard organiseront dans un café de Paris la première séance de cinématographe. A la naissance de l’aîné, Antoine Lumière est peintre ; deux ans plus tard, il est peintre et photographe. Son premier atelier de pose à Besançon est situé rue du Chateur où il commence à faire des  portraits à l’automne 1864. (1) Il y aurait opéré une année avant de déménager 59, rue des Granges (2) où il va travailler quelque temps avec Emile Lebeau. Pour compléter leurs ressources, les deux hommes ouvrent une succursale 26, rue Mont-Roland à Dole (Jura). A compter du 30 avril 1866 et jusqu’à la fin de l’année, Antoine Lumière s’y rend les lundis, mercredis et jeudis de chaque semaine. (3) De son côté Emile Lebeau tient l’atelier de la rue des Granges. Il y est recensé en 1866 ainsi que sa femme et un parent de celle-ci, Charles Thevenon, employé photographe.

DOLE : A l’été 1867, Emile Lebeau informe les habitants de Dole qu’il a fixé sa résidence dans leur ville depuis le 25 juin, qu’il « tient lui-même l’atelier de photographie dont il reste seul possesseur ». (4)  En clair, l’association entre les deux photographes a pris fin : Antoine Lumière est seul propriétaire de l’atelier de Besançon et Emile Lebeau de celui de Dole. Dans la sous-préfecture du Jura, le photographe fera la connaissance de Ferdinand Clairet, qu’il emploiera à Lyon. Plus tard, Clairet sera photographe à Gien (Loiret). Emile Lebeau aurait quitté Dole en novembre 1868 mais il y reviendra au moins deux fois : seul en septembre 1869, accompagné de Gustave Coret en 1874. (5)

LYON : Vers 1870, Lebeau s’installe rue du Bât d’Argent à Lyon (Rhône). Il y est recensé en 1872 ainsi que Charles Thevenon et Ferdinand Clairet qui travaillent dans son atelier. Le 23 février 1876, son épouse obtient la séparation de biens, Lebeau est alors domicilié au 18, rue Neuve Saint-Michel ; un domicile qu’il va très vite quitter. Dès le mois de mars 1876 il opère à Dijon (Côte d’Or).

PARIS : Dans son « Répertoire des photographes parisiens du XIXe siècle » François Boisjoly mentionne un Lebeau (Emile ?) qui travaillait en 1875 dans l’atelier de Léopold Jullien 65, rue de Clichy. Or, Jullien, après avoir quitté la capitale, succédera aux frères Lumière à Lyon le 1er janvier 1886. Si c’est bien Emile Lebeau qui a fait un passage dans l’atelier de Jullien, il ne devait pas être étranger à cette transaction.

DIJON : A compter du 1er mars 1876, Emile Lebeau opère à l’enseigne « Photographie Lyonnaise » dans un atelier aménagé cours du Parc, près du Théâtre d’Eté à Dijon. Initialement, il avait prévu de quitter les lieux le 20 septembre 1876 mais il y restera jusqu’à la fin de son bail en mars 1877. (6) Lors du recensement de 1876, clos en janvier 1877, Emile Lebeau est t recensé 1, cours du Parc avec son épouse et Emile Boyer, un neveu de celle-ci, qui plus tard sera photographe à Tours (Indre-et-Loire).

Après avoir travaillé à son compte, Lebeau devient à Dijon le représentant de la société Delplace et Cie qui avait repris l’atelier du photographe Antoine Guipet au 5, rue Vaillant. (7)

GIEN : Dans l’Annuaire du Loiret, Lebeau est mentionné comme photographe à Gien de 1880 à 1884. Il avait pour confrère Ferdinand Clairet qui s’était formé auprès de lui dix ans plus tôt. (8)

COSNE-SUR-LOIRE : Lebeau quitte le Loiret pour la Nièvre. Il aurait été actif à Cosne-sur-Loire de 1886 à 1889. C’est dans cette ville qu’Emile Thevenon, jeune frère de Charles, sera photographe.

YONNE : La fin de la carrière de Lebeau dans l’Yonne ne sera pas glorieuse. (9) En 1911, âgé de 78 ans, il est photographe patron à Brienon-sur-Armançon, commune de 2 500 habitants où il vit avec son épouse. Il y décède le 19 avril 1911, quelques jours après avoir été recensé.  Photographe pendant plus de quarante ans, il n’a laissé aucun actif à sa veuve.

Sources :

(1) La première annonce pour la « Photographie A. Lumière - rue du Chateur à Besançon » est publiée dans « L’Union franc-comtoise » du 5 novembre 1864 ; la dernière dans le numéro du 15 juillet 1865. La collection de ce journal est en ligne sur Gallica.

(2)  A l’adresse du 59, rue des Granges se trouvait le magasin de confection « Au Bon Pasteur ». Quittant Besançon, le propriétaire du fonds de commerce liquidera son stock. La fin de la vente eut lieu le 25 septembre 1865. Même si cela reste à confirmer, il est possible que Lumière et Lebeau aient aménagé leur atelier dans le local vacant.

(3) « Le Publicateur de Dole et du Jura » du 28 avril 1866. Une collection incomplète de cet hebdomadaire est en ligne sur le site des Archives départementales du Jura.

(4) « Le Publicateur de Dole et du Jura » du 6 juillet 1867. Voir supra.

(5)  Dans « Le Publicateur de Dole et du Jura » du 31 octobre 1868, le photographe informe les Dolois que « sur la demande de plusieurs personnes, il a consenti à retarder son départ et que son atelier restera ouvert jusqu’au 15 novembre prochain ». Dans « L’Album dolois » du 25 septembre 1869, Emile Lebeau annonce son arrivée à Dole où il commencera à travailler le mardi 28 septembre. Il y revient cinq ans plus tard. A compter du 31 mai 1874, associé à Gustave Coret, il opère dans un atelier rue de la Gare où ils resteront au moins trois mois.

(6) RetroNews « Le Progrès de la Côte-d’Or ». Première annonce pour la Photographie Lyonnaise » le 13 mai 1876 ; dernière le 21 mars 1877.

(7) RetroNews « Le Progrès de la Côte-d’Or » du 30 avril 1877

(8) Jean-Marie Voignier « Loiret d’Argent – La photographie dans le Loiret au XIXe siècle ». (2011)

(9) Un portrait fait Vermenton, petite commune de l’Yonne, est signé Lebeau Fils. Par ailleurs, Lebeau aurait travaillé à Auxerre mais cela reste à vérifier.

Notice mise à jour le 11 août 2023.