Léopoldine LECANU

(1852-1916)
Photographe d'atelier

Périers - Granville Manche

Fille aînée d’un couple de cultivateurs, Léopoldine Rosalie Augustine Désirée Lecanu est née le 12 juillet 1852 à Tribehou, un bourg de la Manche d’un millier d’habitants.  Au XIXe siècle, presque toutes les jeunes filles de la campagne vivaient jusqu’à leur mariage chez leurs parents. Léopoldine fera un autre choix. Elle quitte Tribehou et s’en va travailler à Périers, un chef-lieu de canton de 2 600 habitants. La distance entre les deux bourgs manchois n’est que de 16 kilomètres mais ce petit déplacement ouvre un nouvel horizon à la jeune femme.

PERIERS : Le 31 juillet 1876, Léopoldine Lecanu, employée de commerce domiciliée à Périers, épouse Auguste Henry dit Leplanquais, natif de Périers mais photographe à Paris.  Dans la capitale, il avait repris l’atelier d’Augustin Lejeune au 106, rue de Rivoli ; atelier qu’il cédera peu après son mariage.  Le 29 mai 1877, Auguste Leplanquais est photographe à Périers quand naît sa fille Alice. Au dos des portraits faits à Périers, il mentionne une succursale à Coutances qu’il conservera après qu’il se sera installé à Granville.

GRANVILLE :  Vers 1878, les Leplanquais et leur fille déménagent à Granville, le port de la Manche est devenu une station balnéaire prisée des Parisiens depuis qu’il est relié à la capitale par une voie ferrée. Auguste Leplanquais opère à l’enseigne « Photographie Granvillaise » dans un atelier situé 61, rue des Moulins – 58, route de Coutances.  C’est rue des Moulins qu’Ernest Henri Leplanquais voit le jour le 30 juillet 1878.  Le photographe ne fêtera pas le premier anniversaire de son fils. Il meurt le 14 juin 1879. Veuve à l’âge de 27 ans avec deux jeunes enfants à élever, Léopoldine aurait pu baisser les bras et brader la « Photographie Granvillaise ».  Il n’en sera rien.  Pendant les trois années de leur mariage, Auguste Leplanquais avait dû l’associer à son travail si bien que sans lui, elle s’est sentie capable de maintenir l’activité.  Mais Léopoldine ne pouvait gérer seule l’atelier de Granville, la succursale de Coutances et s’occuper de ses enfants. Elle avait besoin d’être épaulée par un professionnel expérimenté. Elle choisira Ulysse Arthur Godard (1848-1896). Comme son premier mari, il avait débuté sa carrière à Paris. Arthur Godard aurait commencé à opérer à Granville en 1880.  Le 16 février 1881, il épouse Léopoldine Lecanu qui est enceinte de trois mois. Leur fils, Emile-Auguste naît le 5 septembre 1881.  Désormais, les portraits qui sortent de l’atelier granvillais de la rue des Moulins -transféré 32, rue Lecampion en 1891- sont signés A. Godard, ce qui ne veut pas dire que Léopoldine Godard ne soit pas l’autrice d’une partie d’entre eux ; à moins qu’elle n’ait été chargée de tenir le commerce de matériel photographique que les Godard avaient ouvert au 21, rue Lecampion, en face de l’atelier de pose. Arthur Godard décède le 1er avril 1896 à l’âge de 47 ans.  Dix-huit mois plus tard, le 5 octobre 1897, Léopoldine Lecanu épouse Léon Dubois, un photographe bien évidemment qui, comme ses deux premiers maris, vient de la capitale. Dans l’atelier de la rue Lecampion, il travaille avec Léopoldine mais aussi avec son beau-fils, Emile-Auguste Godard mort en 1900.  La carte postale ayant connu son âge d’or durant la première décennie du vingtième siècle, Léon Dubois était bien placé pour éditer et vendre des cartes postales de Granville que les estivants envoyaient à toute leur parentèle.  Vers 1905, Léon Dubois ferme sa succursale de Coutances mais il continuera à faire des portraits dans son atelier granvillais jusqu’en 1911. Le 11 février, il vend son fonds de commerce à Léon Fayet et meurt trois jours plus tard.

Après le décès de son troisième époux, madame veuve Léon Dubois, deviendra propriétaire d’une pension de famille à Granville. Elle est décédée le 26 juillet 1919 à Villemomble (Seine-Saint-Denis) où vivait sa fille Alice Leplanquais, épouse d’Octave Hisette.

Cette notice rédigée en collaboration avec Pascal Cordonnier doit beaucoup aux recherches effectuées par le regretté Yves Lebrec, auteur principal du catalogue de l’exposition "Les premiers photographes de Granville 1839-1939". (2003)