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Prosper LEFEBVRE
(1855-1927)
Photographe d'atelier
1 photographie
Prosper Lefebvre est né le 6 février 1855 à Dijon (Côte d’Or). En 1878, après son service militaire, il est marchand de ferraille comme son père qui était décédé neuf ans plus tôt. Déjà il pratique la photographie en amateur. Au printemps 1885, le professionnel Leblanc-Laborde fait faillite ; en plus de son atelier dijonnais, il possédait une succursale à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Lefebvre rachète le matériel de cette succursale puis ouvre un atelier 53, boulevard Carnot à Dijon qu’il dénomme « Nouvelle Photographie à l’Electricité ». (1) Dans sa vitrine, il expose sans vergogne des portraits faits par Leblanc-Laborde qu’avait retouchés Eugène Adam. Ce dernier qui avait pris la direction de la photographie Scanagatti dénonce les mauvaises manières de son concurrent dans « Le Progrès de la Côte d’Or » du 17 août 1887 : « L’on peut voir actuellement boulevard Carnot, aux vitrines de la nouvelle photographie Lefebvre, des portraits de toutes grandeurs (entre autres ceux de Mme Nazat, ex-Dugazon au théâtre de Dijon…) exécutés jadis par la maison Leblanc-Laborde 2bis, place Saint-Pierre où j’étais en qualité de retoucheur. Je ne puis m’empêcher de protester énergiquement contre cette manière de faire. M. Lefebvre (ex-marchand de ferraille place Saint-Etienne) devrait avoir l’honnêteté d’exposer des portraits faits par lui et non des épreuves retouchées par moi ». Lefebvre lui répond le lendemain. « M. Adam, retoucheur, revendique l’honneur d’avoir retouché ces photographies, il n’y a pas de quoi ; aussi je ne lui conteste pas. Mais puisqu’il parle d’honnêteté, M. le retoucheur Adam devrait être assez scrupuleux pour enlever ou faire enlever les photographies qu’il ne craint pas d’exposer dans les vitrines de la maison qu’il représente et qui ont été faites par moi il y a deux ans et j’en possède encore les clichés… ». La réponse du « retoucheur Adam » ne tarde pas : « tous les portraits exposés chez moi sont de la maison Scanagatti et si ce Monsieur possède quelques clichés, il aura sans doute acheté ceux de mon prédécesseur M. Bouvard, (2) ce qui ne veut pas dire qu’ils émanent de lui… » (3) Fin de la polémique. Par la suite Prosper Lefebvre transfèrera son atelier au 3, rue Paul-Cabet ; une rue où il n’avait aucun concurrent. C’est là que Louis Chamussy, peintre et photographe, donnera des « cours de retouches photographiques négatives et positives » en février 1892. (4) Prosper Lefebvre a été actif à Dijon au moins jusqu’en 1897. En 1904, propriétaire, âgé de 48, ans, il épouse Marie Claudine Vigoureux, blanchisseuse. Après avoir vécu de ses rentes, Lefebvre deviendra antiquaire, métier qu’il exerçait quand il est décédé à Dijon le 7 avril 1927.
Notes et sources :
(1) La dénomination « Nouvelle Photographie de l’Electricité » est un clin d’œil appuyé à la « Photographie Electrique » d’Emile Chesnay, photographe qui opérait 21, boulevard Carnot, à un jet de pierre de l’atelier de Prosper Lefebvre. Sur ce même boulevard, côté impair, on trouvait au n°30 la maison Scanagatti dirigée par Eugène Adam avec lequel Prosper Lefebvre va échanger des piques dans « Le Progrès de la Côte d’Or ».
(2) Edgard Eugène Bouvard dirigeait la maison Scanagatti en 1886.
(3) RetroNews – « Le Progrès de la Côte d’Or » des 17, 19 et 21 août 1887.
(4) RetroNews – "Le Progrès de la Côte d'Or" du 15 février 1892..