Alphonse LESAGE

(1830-1910)
Photographe d'atelier
1 photographie

Clichy Hauts-de-Seine

Fils d’un couple de journaliers, Charles Alphonse Lesage est né le 11 novembre 1830 à Guyancourt (Yvelines). Agé de 30 ans, il est mécanicien à Paris quand il épouse le 24 novembre 1860 sa compagne Jeanne Marie Deschamps Bonnet, couturière. Né huit mois plus tôt, leur fils Louis Victor sera placé en nourrice chez son grand-père paternel à Guyancourt où il mourra à l’âge de 14 mois. Le couple  aura aussi une fille, Céline Marie, née à Paris en 1863. Le 9 février 1871, pendant le siège de Paris, la femme d’Alphonse Lesage, marchande de vin, décède à l’âge de 35 ans. Son mari reprend son commerce mais plutôt que de gérer sa boutique, il choisit de prendre les armes pour défendre la Commune de Paris.

DEPORTE EN NOUVELLE-CALEDONIE : Fait prisonnier, Alphonse Lesage passe le 18 mars 1872 devant le 19e Conseil de guerre. "Coupable d’avoir : 1) exercé un commandement dans des bandes armées. 2) d’avoir dans un mouvement insurrectionnel porté des armes apparentes étant revêtu d’un uniforme militaire. 3) d’avoir fait l’usage de ses armes." Pour ces motifs, le Conseil de guerre condamne Alphonse Lesage à la peine de déportation dans une enceinte fortifiée. (1)  Avec d’autres communards, il embarque le 1er octobre 1872 sur le transport à vapeur "Le Var" qui mettra quatre mois pour rejoindre la Nouvelle-Calédonie. (2)  Le 11 février 1872, il passe sa première nuit dans l’enceinte fortifiée de la presqu’île Ducos. il y restera enfermé quatre ans et demi. Le 21 février 1877, il est rayé des contrôles de l’enceinte, sa peine ayant été commuée en déportation simple. La date du retour en France d’Alphonse Lesage en France reste à préciser. Il a pu, comme 3 300 autres communards, bénéficier de la loi d’amnistie partielle du 3 mars 1879 ou, à défaut, de la loi d’amnistie totale votée le 10 juillet 1880. (3)

PHOTOGRAPHE A CLICHY : Quand il revient en France, Alphonse Lesage est un homme seul ; sa fille Céline Marie est morte en 1875 à Guyancourt pendant sa déportation. En 1871, les Lesage vivaient dans le quartier des Batignolles. L’ancien communard, redevenu marchand de vin, ne s’en s’éloignera guère en élisant domicile à Clichy, (4) de l’autre côté des boulevards de ceinture. Un autre clichois, Désiré Arnould, photographe, avait suivi le même chemin :  après avoir opéré 160, avenue de Clichy à Paris (17e) il avait déménagé à Clichy. Au printemps 1884, son épouse, Emma Rosalie Wallart, est enceinte de triplés. Le 4 juin, elle met au monde un fils, prénommé Gabriel, qui ne vivra que quelques jours et deux enfants sans vie de sexe féminin.  La femme du photographe ne survit que quelques semaines à cet accouchement, elle décède le 31 juillet. Alphonse Lesage connaissait-il la famille Cousin ? Sans doute. Le 13 juin 1884, il accompagne Désiré Cousin, quand il va à la mairie déclarer le décès de son fils Gabriel. On peut penser que Désiré Cousin, qui poursuivra sa carrière dans le Pas-de-Calais, a joué un rôle majeur dans la reconversion professionnelle d’Alphonse Lesage. On ne sait à quelle date le marchand de vin a commencé à faire des portraits 123, boulevard National à Clichy. Il y est recensé comme photographe en 1891 mais avait sans doute commencé plus tôt. (5) En 1902, sur la liste électorale de Clichy, il est photographe domicilié 79, rue du Bois. Alors septuagénaire, son activité à cette adresse devait être très limitée.

Alphonse Lesage est mort à Clichy le 7 novembre 1910 quelques jours avant d’avoir atteint ses 80 ans.

Notes et sources :

(1)  La fiche d’Alphonse Lesage est en ligne sur le site des Archives nationales d’outre-mer. FR ANOM Col H 89. En revanche, le dossier de son passage devant le 19e conseil de guerre (GR8J 415) doit être consulté sur place au service historique de la Défense.

(2)  Site des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 – article sur la transportation des communards à la Nouvelle-Calédonie qui s’appuie notamment sur la thèse de Paul Ledrain « De l’épidémie de scorbut à bord du Var dans son voyage à la Nouvelle-Calédonie ». Paul Ledrain, médecin de la marine, avait embarqué en octobre 1872 sur « Le Var » où se trouvaient 584 déportés dont Alphonse Lesage. Sur le même site, on relève un article sur « Les deux camps de la presqu’île Ducos » là où Lesage avait été enfermé. https://www.commune1871.org

(3)  Site des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871. 1879-1880 L’amnistie des communards.

(4)  La commune de Clichy (Hauts-de-Seine) est parfois appelée Clichy-la-Garenne ou Clichy-sur-Seine pour la distinguer de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

(5) Les recensements de la population de Clichy en 1881 et 1886 n'ont pas été conservés..