Albert MAZE-LAUNAY

(1840-1921)
Photographe d'atelier
1 photographie

Morlaix Finistère

Albert Marie Mazé-Launay est né le 4 août 1840 à Brest (Finistère). Son père Christian Mazé-Launay (1794-1853), négociant, avait été député du Finistère de 1849 à 1851. (1) Le 4 janvier 1864, Albert Mazé-Launay, propriétaire, épouse à Morlaix (Finistère) Marie Augustine Kerbriand-Postic (1838-1915), Les trois premiers enfants du couple naissent à Brest en 1865, 1867 et 1868 ; les deux suivants naîtront en 1870 et 1877 à Guipavas (Finistère) où Albert Mazé-Launay a fait construire au lieu-dit Cosquer une grande maison bourgeoise, entourée d’un beau parc (2). Un peu plus loin, à Kerallas, vit son beau-frère Joseph Pellieux. (3)

MAZE-LAUNAY & PELLIEUX, FABRICANTS DE SOUDE : Les deux hommes créent la société Albert Mazé-Launay et Joseph Pellieux, manufacture de produits chimiques. Le 14 octobre 1871, ils obtiennent un brevet d’invention de quinze ans pour un procédé de fabrication de l’iode et un autre pour un procédé de fabrication de soude brute de varech. (4) La soude est produite sur place et dans d’autres communes du Finistère. Joseph Pellieux se serait occupé seul de l’exploitation ; Mazé-Launay, qui selon son avocat, ne connaissait rien aux affaires, se contentant d’encaisser les bénéfices que dégageait la société, soit en moyenne 60 000 francs par an. (5) Les deux associés mènent grande vie. En l’espace de dix ans, ils engloutissent la somme colossale de 1 800 000 francs. Plus dure sera la chute. Le 5 octobre 1881, la société est dissoute. (6) Quelques jours plus tard, le notaire de Guipavas met en vente les cinq voitures de maître de Mazé-Launay mai aussi « ses nombreux animaux de basse-cour, faisans, poulets pure race… ». (7) En novembre 1881, un huissier procède à la vente aux enchères des objets de valeur des Pellieux (bijoux, argenterie, tableaux, meuble antique chinois) et même d’une batterie de cuisine. (8) Cela ne sauvera pas les deux associés de la faillite qui est déclarée le 25 juillet 1882. (9) En septembre 1882, la maison de maître des Pellieux « avec vue magnifique sur la rade de Brest » est vendue aux enchères : mise à prix : 35 000 F. (10) Beaucoup moins que celle de son beau-frère : en juillet 1883, la propriété des Mazé-Launay au Cosquer est mise à prix à 60 000 F lors d’une vente aux enchères par suite de conversion de saisie immobilière. (11) Le 25 janvier 1884, les ex-associés doivent comparaître devant le tribunal correctionnel de Brest. Joseph Pellieux ayant pris la fuite, Mazé-Launay se retrouvera seul sur le banc des accusés. Le fuyard sera condamné à deux ans de prison et Mazé-Launay à un mois de la même peine. (12)

PHOTOGRAPHE A MORLAIX : Après cette débâcle, les Mazé-Launay se replient à Plourin, un bourg du Léon où leur présence est attestée en janvier 1884 (13). Un an plus tard, ils ont rejoint Morlaix. En 1891, ils sont recensés rue Toul-ar-Parc : Albert Mazé-Launay est représentant de commerce et son épouse ménagère. Ils ont une domestique logée sur place, ce qui est peu de chose comparé au personnel de maison qui était à leur service à Guipavas. Le 14 mars 1894, madame Mazé-Launay acquiert pour le compte de son mari la « Photographie morlaisienne » 7 rue des Vieilles Murailles à Morlaix où Jean-François Coat Dourver avait été actif jusqu’à son décès en 1890. (14) En avril 1894, Mazé-Launay énumère dans la presse locale tous les travaux (portraits de mariés et d’enfants, photographies de villas, portraits après décès…) que la « Photographie morlaisienne » peut réaliser « à des prix très modérés ». (15) Au bas de l’annonce, il précise que « tous ces travaux sont réalisés par H. Yrondy, ex-opérateur de la Maison Nadar, de Paris ». (16) Henri Yrondy ne restera pas longtemps à Morlaix mais Albert Mazé-Launay sera secondé par d’autres employés dans son atelier de la rue des Vieilles-Murailles. En mars 1911, il prévient sa nombreuse clientèle que la « Photographie morlaisienne » sera transférée très prochainement 6, place Emile-Souvestre. (17) Un mois plus tôt, sa fille Anna Mazé-Launay avait épousé André Le Jeune, l’un et l’autre étaient sans profession. Pourtant, ce sont eux qui vont diriger la « Photographie morlaisienne » à partir de 1911.

Agé de 80 ans, Albert Mazé-Launay est décédé à Morlaix en mai 1921, six ans après son épouse.

Notes et sources :

(1) Capitaine des grenadiers de la Garde nationale à Brest, Christian Mazé-Launay est fait chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1838. (Son dossier est en ligne sur la base Leonore). En mai 1849, il est élu député du Finistère à l‘Assemblée nationale où il siégera sur les bancs de la droite conservatrice.
(2) « L’histoire du Gué-Fleuri : 1870-1881 - Une usine d’algues au Relech-Kerhuon ». Premier volet d’une série de quatre publiée dans « Le Télégramme de Brest » à partir du 1er mars 2021, avec le concours de Daniel Leal, historien local.
(3) Le 21 septembre 1863, alors qu’il était inspecteur d’une compagnie d’assurances à Douai (Nord), Joseph Pellieux s’était marié avec Léontine Kerbriand-Postic, sœur de Marie Augustine laquelle  épousera Albert Mazé-Launay quelques mois plus tard.
(4) Sur leurs demandes de brevets d’invention, le nom de Pellieux précède celui de Mazé-Launay, alors que c’était l’inverse pour la société qu’ils avaient créée. On devine que Pellieux était le chimiste et en tout cas le technicien d’une entreprise à laquelle son beau-frère aurait apporté la majeure partie des capitaux. En 1880, avant que la société soit dissoute, Joseph Pellieux, associé à Eugène Allary, chimiste, obtiendra deux brevets d’invention ayant pour objet l’extraction de l’iode à partir des varechs. Base brevets du XIXe siècle de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) brevets n°92868 et 92869 du 14 octobre 1871 – brevets 136447 du 30 avril 1880 et 139014 du 6 octobre 1880.
(5) « Le Petit Brestois « du 8 février 1884. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Finistère.
(6) Gallica « Archives commerciales de la France » du 13 novembre 1881.
(7) « L’Union Républicaine du Finistère » du 15 octobre 1881. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Finistère.
(8) « Le Petit Brestois » du 17 juillet 1883. Voir supra.
(9) Gallica « Archives commerciales de la France » du 3 août 1882.
(10) « Le Petit Brestois » du 11 septembre 1882. Voir supra.
(11) « Le Petit Brestois » du 4 juillet 1883. Voir supra.
(12) « Le Petit Brestois du 8 février 1884. En partant aux Etats-Unis avec toute sa famille, Joseph Pellieux échappera à la prison.
(13) Gallica « Archives commerciales de la France » du 9 mars 1884. Le 23 janvier 1884, Albert Mazé-Launay, sans profession, et son épouse, domiciliés à Plourin, s’étaient séparés de biens.
(14) Gallica « Archives commerciales de la France » du 14 mars 1894.
(15) « La Résistance – Croix de Morlaix » du 21 avril 1894. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales du Finistère.
(16) Henri Yrondy (1874-1909) appartient à la troisième génération des Yrondy qui ont été photographes à Paris et dans quelques villes de province. Il n’a pas dû travailler longtemps à Morlaix. En mars 1896, il est domicilié à Paris quand il épouse Anne Cavois, couturière. Contrairement à tous les Yrondy qui ont été photographes, il ne semble pas qu’il ait jamais travaillé à son compte.
(17) Gallica « La Dépêche de Brest » du 31 mars 1911.