Auguste MESTRAL

1812-1884
Photographe amateur. Participe en 1851 à  la Mission héliographique
1 photographie

Paris Seine

Originaire de Rans, un village du Jura, Auguste Mestral, obtient en 1833 une licence en droit. En 1840, il est nommé greffier de la justice de paix d'Ecouen (Val d'Oise) et fait ainsi la connaissance de Gustave le Gray qui est clerc chez un notaire de Villiers-le-Bel.

En 1844, Mestral se démet de sa charge. Il s'installe à  Paris et vit de ses rentes. Il s'intéresse au daguerréotype qu'il pratique avec talent. Anne de Mondenard relève qu'il « est reconnu pour la qualité de ses portraits au daguerréotype puis sur papier » Malheureusement il n'en reste aucune trace. Mestral a signé aussi quelques épreuves de paysages faites dans son pays natal et en Bretagne. Membre fondateur de la Société héliographique, il est le dernier photographe choisi pour participer avec son ami Le Gray à  la Mission héliographique de 1851 (voir ci-dessous).

Voyageant ensemble, les deux hommes ne respectent pas le programme qui avait été établi par la commission des Monuments historiques. En Touraine, ils photographient l'un et l'autre des édifices à  Amboise, Chenonceaux, Loches, Tours, Azay-le-Rideau et Candes-Saint-Martin.

L'activité de photographe amateur d'Auguste Mestral se poursuit jusqu'en 1856 date à  laquelle il quitte la capitale. Il retourne dans le Jura où il se marie et cède son atelier et ses négatifs à  son ami Ernest Moutrille, banquier à  Besançon.

Il meurt en 1884, la même année que Le Gray.

Source :

Voignier Jean-Marie. Note sur Mestral dans : Etudes photographiques n°14 à janvier 2004.

La Mission héliographique.

Au cours du second semestre de l'année 1851, cinq photographes sillonnent la France. Leur but est de photographier les monuments dont une liste leur a été fournie avant leur départ de la capitale. Dans l'histoire de la photographie, ce que l'on a appelé a posteriori « La Mission héliographique de 1851 » apparaît comme un événement majeur. C'est la première commande publique passée à  des photographes lesquels vont faire beaucoup plus que répondre à  une commande officielle. Les épreuves qu'ils ramènent à  Paris témoignent de la maîtrise de leur art.

Durant le premier tiers du XIXe siècle, la nécessité de répertorier et de sauvegarder tous les bâtiments qui ont un intérêt patrimonial émerge peu à  peu en France. En 1830, François Guizot, ministre de l'Intérieur mais aussi historien, crée le premier poste d'inspecteur des monuments historiques. Sept ans plus tard, une commission des Monuments historiques est créée, Prosper Mérimée assure son secrétariat. Peu à  peu, ceux qui se passionnent pour la sauvegarde du patrimoine (archéologues, historiens, architectes, membres des société savantes) sont convaincus de l'utilité de la photographie pour dresser l'état des lieux des monuments français qu sont souvent en grand péril.

En janvier 1851, la commission des Monuments historiques examine des épreuves des cathédrales de Reims et de Chartres faites par Henri Le Secq. Elle envisage de le mandater pour photographier d'autres monuments. Au fil des semaines, le projet prend de l'ampleur. Ce n'est plus un mais trois puis cinq photographes qui seront envoyés en mission. Les cinq photographes sélectionnés (Le Secq, Baldus, Bayard, Le Gray et Mestral) sont tous membres de la Société héliographique. Fondée en janvier 1851, elle est la première société savante de photographie du monde. A l'exception de Mestral, ce sont tous des photographes professionnels.

Le 26 juin 1851, le ministre de l'Intérieur adresse une lettre aux cinq photographes les chargeant d' «une mission ayant pour but de recueillir un certain nombre d'épreuves photographiques destinées à  compléter les études faites par MM. les architectes attachés au ministre de l'Intérieur, pour la restauration des édifices historiques les plus précieux».

La mission des photographes a été définie par la commission des Monuments historiques. qui a dressé pour chacun la liste des édifices, pour la plupart religieux, qu'il devra photographier. Gustave Le Gray se rendra dans huit départements dont l'Indre-et-Loire ; Auguste Mestral doit parcourir un espace géographique très vaste qui va du Cher aux Pyrénées-Orientales, en passant par la Nièvre et la Gironde. Sauf que les deux amis ne respectent pas le mandat qui leur a été confié. Ils quittent la capitale le 1er juillet et vont voyager ensemble selon un itinéraire qui leur permet de remplir une partie de la mission de l'un et une partie de la mission de l'autre.

Après un séjour de douze jours à  Blois, ils font étape à  Amboise puis se rendent à  Tours. De là , ils font un aller et retour à  Loches, Après Tours, ce sera Azay-le-Rideau puis Langeais et Saumur d'où ils iront à  Candes-Saint-Martin avant de quitter la Touraine.

De leur séjour dans notre département, ont été conservées les épreuves suivantes :

Amboise à château :

- façade sur la Loire ;

- tour du château (image non retenue par la commission des Monuments historiques)

Chenonceaux - château:

- façade sur la cour d'honneur ;

- façade est

- façade ouest

Loches - Eglise Saint-Ours :

- clocher

- entrée du porche

- portail ouest

Tours à cathédrale Saint-Gatien :

- façade ouest

Cet édifice ne faisait pas partie de la liste des monuments que Le Gray devait photographier.

Azay-le-Rideau à château

- façade sud

Candes-Saint-Martin à Eglise Saint-Martin

- portail nord

Source :

Anne de Mondenard

La Mission héliographique. Cinq photographes parcourent la France en 1851.

Monum. Editions du Patrimoine - 2002