Eugène MOUHE

(1837-1884)
Photographe d'atelier

Saint-Germain-en-Laye Yvelines

François Emile Mouhé est né le 15 mars 1837 à Paris. En octobre 1878, il est artiste dramatique domicilié à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Avant de s’installer à son compte, il a travaillé avec Charles Dumesnil,(1) photographe à Saint-Germain-en-Laye qui y est recensé en 1872 et 1876. Le 19 octobre 1879, Eugène Mouhé ouvre un atelier rue du Vieil-Abreuvoir "Des appareils spéciaux et perfectionnés lui permettent d’entreprendre avec succès les plus grands travaux tels que reproductions de vues de propriétés, de groupes et objets d’art. La maison a établi un système d’abonnement pour la classe ouvrière…" (2) Au printemps 1880, le photographe se vante d’avoir recruté "un artiste du plus grand mérite chargé de retoucher les clichés, cet artiste a travaillé dans les meilleures maisons, non seulement de Paris, mais encore de Londres, de New York etc. Il parle l’anglais comme sa langue maternelle ce qui sera très utile dans les rapports avec les étrangers". (3) Mouhé sera actif à Saint-Germain jusqu’à son décès le 16 mars 1884. On ne conserve guère de trace de son travail excepté, peut-être, un portrait après décès réalisé dans des circonstances très particulières.

                        Le crime du Pecq.

Le 29 mai 1882, un marinier retire de la Seine près du pont du Pecq un cadavre en décomposition. Le corps en position fœtale est ligoté par un tuyau de plomb long de 10 mètres qui a été aplati et fait quatre fois le tour de son cou. Le bâillon qui lui ferme la bouche est fixé par une épingle anglaise à sa lèvre inférieure. Mandaté par la justice, Eugène Mouhé se rend sur place et photographie le corps de l’inconnu. Cette photographie sera montrée aux sœurs de la victime qui l’identifieront comme étant Louis Aubert, pharmacien à Paris, qui avait été l’amant de Gabrielle Fenayrou, épouse de l’ancien patron d’Aubert. A la demande de la famille, il est procédé à une exhumation de la victime à laquelle assiste le photographe. Rapidement la police arrête les trois coupables de ce crime prémédité et froidement organisé : Marin Fenayrou, le mari trompé, Gabrielle Fenayrou, l’épouse volage et Lucien Fenayron, frère cadet de Marin. Le crime du Pecq déchaine les passions. Guy de Maupassant et Octave Mirbeau s’intéressent à cette affaire. La photographie du cadavre tiré de la Seine est très recherchée. Mouhé en a-t-il fait commerce ? Trois mois après leur crime, les coupables comparaissent devant la cour d’assises de Seine-et-Oise pleine à craquer. Le président fait passer aux jurés la photographie du cadavre de Louis Aubert faite par Mouhé . Après délibération, Marin Fenayrou est condamné à mort, son épouse à la perpétuité et son frère à sept ans de travaux forcés. Ils font appel. Marin Fenayrou échappe à la peine capitale mais est condamné comme son épouse à la perpétuité, son frère est acquitté.

Sources :

(1) Jean-Marie Voignier "Répertoire des photographes de France au XIXe siècle".

(2) "L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye" du 25 octobre 1879. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales des Yvelines.

(3) "L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye" du 17 avril 1880. Idem