Jean ORICELLY (ORICELLI)

(1869-?)
Photographe d'atelier
1 photographie

Paris

Benjamin d’une fratrie de sept enfants, Jean Simon Oricelli est né le 29 juillet 1869 à Vico (Corse). Il n’a que 14 ans en 1883 quand son père, maçon puis sa mère décèdent à deux mois d’intervalle. Le 26 novembre 1887, le jeune homme se rend à la mairie d’Ajaccio où il signe un engagement volontaire de cinq ans au 46e régiment d’infanterie. Il le quitte le 26 novembre 1890 avec le grade de caporal et s’installe à Paris.

PARIS : Agé de 27 ans, Jean Oricelli, employé photographe, épouse le 1er octobre 1896 à la mairie du 9e arrondissement Ida Preuss, couturière, dont la mère est teinturière. Quelques jours avant leurs noces, les futurs époux avaient signé un contrat de mariage sous le régime de la communauté de biens. (1) Peu après son mariage, Oricelli change de statut et devient photographe patron sous le nom d’Oricelly. Il opère dans un atelier situé 25 & 27, rue Tronchet « près la Madeleine, le Printemps et la Gare St Lazare ». Le quartier ne manque pas de photographes et se distinguer n’est pas chose aisée. Oricelly se fait connaître du petit monde bonapartiste quand il se rend à Bruxelles en 1897 faire le portrait du prince Victor Napoléon. (2) Ce portrait, d’une valeur de 20 francs, sera vendu 6 francs aux lecteurs du « Petit caporal ». Selon l’annonce que publie le journal, Oricelly est « le photographe bien connu, rue Tronchet ». (3) En vérité, il n’était pas si connu que cela. Le portrait d’un Bonaparte exilé à Bruxelles intéressait beaucoup moins les Parisiens que celui d’une actrice ou d’une chanteuse qui posait rue Tronchet dans une tenue de scène qui l’avantageait. Ces portraits d’artistes (presque toujours des femmes) vont devenir la spécialité d’Oricelly. Au début, il fait des portraits au format carte cabinet puis, pour toucher un public plus large, il livre ses clichés aux éditeurs de cartes postales. Parmi ses clientes attitrées, Méaty Fleuron, artiste de café-concert, connue pour avoir joué des rôles vêtue d’un maillot (en fait un collant) très suggestif. Oricelly a fait le portrait de Méaty Fleuron « en maillot ». Dans la même veine, pour le compte de l’éditeur de cartes postales S.I.P., il a signé une série de photos d’une inconnue très légèrement vêtue qui pouvaient passer pour des nus. Pendant les dix premières années du XXe siècle, la carte postale connaît son âge d’or. Oricelly en a profité mais quand vint l’âge de bronze, il se trouva fort dépourvu. Il ne semble pas qu’il ait été très actif après la Grande Guerre. Dès l’automne 1927, ayant cessé son activité, il disperse son matériel :
chambre d’atelier 24 x 30 avec pied + 5 chassis + 1 chambre. Le tout : 1 000 F.  ;  installation complète d’éclairage. Le tout 1 500 F ; 30 décors 5 x 2,50 signés Lebrun. A céder au quart de leur valeur. (4)

En juin 1932, c’est le fonds de commerce qu’il met en vente : « Ancienne Maison de photographie tenue moi-même 36 ans… laboratoire, atelier de pose 9 x 3, terrasse, ascenseur, loyer modéré. » (5) On ne sait s’il trouva un acheteur. En novembre 1939, Jean Oricelly, âgé de 70 ans, artisan d’art au chômage, dépose une demande de secours. (6)

Notes et sources :
(1) Durand (Marc) « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » Tome 2 – page 875. Archives nationales (2015).
(2) Le prince Victor Bonaparte dit Victor Napoléon (1862-1926), fils ainé de Napoléon Jérôme Bonaparte qui était le cousin germain de l’empereur Napoléon III. Prétendant bonapartiste et chef de la famille impériale, Victor Napoléon aurait pu régner sous le nom de Napoléon V. Il fut exilé en Belgique en 1886. (Wikipédia)
(3) RetroNews « Le Petit caporal » du 1er janvier 1898. L’annonce sera publiée pendant un an.
(4) Gallica « Le Photographe » des 20 octobre 1927, 20 décembre 1927, 20 décembre 1928.
(5) Gallica « Le Photographe » du 20 juin 1932.
(6) Archives nationales – Fonds spécial du chômage du département de la Seine. Artisans d’art 1932-1950 Cote 77AJ/42 N° de dossier 5695.