Honoré VINCENT dit Vincent Thiéblin

(1819-1880)
Daguerréotypiste et photographe.

Tours Indre-et-Loire

Fils d'un propriétaire, Honoré Louis Vincent est né le 9 juin 1819 à  Villeneuve-l'Archevêque (Yonne). En juin 1844, avec son frère aîné Louis-Germain, dit Vincent-Larcher, il crée à  Troyes (Aube) une société « pour exécuter ensemble des travaux de peinture sur verre et en bâtiments » . Dans, cette ville qui compte  dix églises  les deux frères vont se consacrer à  la création ou à  la restauration de vitraux. Leur association sera de courte durée.  Honoré Louis qui, suite à  son mariage en juillet 1844, se fait appeler Vincent-Thiéblin, quitte Troyes pour s'installer à  Tours (Indre-et-Loire).

Vincent-Thiéblin, restaurateur de vitraux.

Le 15 juin 1845, « Le Journal d'Indre-et-Loire » annonce que M. Vincent-Thiéblin artiste de Troyes spécialisé dans la restauration des vitraux est venu se fixer à  Tours. Plusieurs membres de la Société archéologique de Touraine ont pu admirer dans son atelier des panneaux du XIVe siècle provenant de la cathédrale. « La restauration est si remarquable qu'il leur a été impossible de distinguer les pièces nouvelles de la partie antique ». Pendant deux ans, Vincent-Thiéblin se voit confier des travaux de restauration des verrières de la cathédrale jusqu'à  la création en décembre 1847 d'un atelier tourangeau de peinture sur verre dont Lobin prendra la direction en septembre 1848. Les deux hommes ont du travailler quelque temps ensemble.

Vincent-Thiéblin, daguerréotypiste puis photographe.

Sans emploi, Vincent-Thiéblin, père de deux filles, dont l'épouse est marchande de mercerie, va se tourner vers un métier que nul n'exerce à  Tours à  cette époque, il va faire des portraits au Daguerréotype. Il est probable qu'il a été formé à  cette technique par M. Lacarelle, daguerréotypiste de passage à  Tours en avril-mai 1849, qui s'était installé 9, place du Peuple. (place Foire-le-Roi). Lacarelle proposait de donner des leçons aux amateurs. Vincent-Thiéblin qui habitait juste à côté fut sans doute l'un d'eux. Le 18 août 1849, il insère dans « Le Journal d'Indre-et-Loire », la publicité suivante « Portraits au Daguerréotype. Place du Peuple 11, à  Tours. M. Vincent, « professeur de photographie d'après le procédé américain. Ce nouveau procédé permet d'opérer dans un appartement ; il est très favorable à  la reproduction des Tableaux, gravures et objets d'art. On opère tous les jours de 9 heures du matin à  5 heures du soir, quelque temps qu'il fasse. Prix : grande plaque 10 fr, 7 fr, 5 fr et 4 fr. » Fin novembre, il n'opère plus que jusqu'à  3 heures bien que les appartements soient chauffés. Dans sa publicité titrée « Portraits au Daguerréotype en noir et en couleurs », il propose de faire des portraits après décès. En août 1850, son atelier est 78, rue Colbert. A l'automne 1851, Vincent-Thiéblin passe du daguerréotype à  la photographie sur papier. Dans un article du « Journal d'Indre-et-Loire » du 19 septembre, titré « Photographie », il se présente ainsi : « M. Vincent, après de longues études, est arrivé à  reproduire l'image des objets sur papier aussi bien que sur plaque. L'avantage des épreuves sur papier, c'est qu'il n'existe aucun miroitage, qu'elles peuvent se reproduire à  volonté, se mettre dans un album sans qu'il soit besoin de les encadrer ». En juillet 1855, Vincent-Thiéblin s'inscrit pour prendre part à  l'Exposition universelle de Paris. Il dépose quatre de ses oeuvres dont le descriptif n'a pas été conservé. On connaît de lui deux épreuves, datées de 1853, représentant la cathédrale et le baptistère. Elles ont été proposées lors d'une vente aux enchères en 2002. Bien qu'il soit en situation de monopole jusqu'à  l'ouverture de l'atelier de Pipelet en 1855, l'activité de photographe de Vincent-Thiéblin ne suffit pas à  faire vivre sa famille. Il est aussi « dessinateur pour broderies en tous genres sur toute espèce d'étoffe ». En juillet 1856, il met en vente des instruments de photographie, sans doute les siens, et repart à  Troyes.

Veuf, il se remarie à  une demoiselle Feste. Sous le nom de Vincent-Feste, il reprend son métier de peintre-verrier mais n'est plus associé à  son frère aîné. Dans l'inventaire dressé après son décès survenu à Troyes le 5 septembre 1880, est mentionné  un appareil à  photographier pour paysage et un autre petit appareil pour portrait.

 Source : Danielle Minois  - Article sur Honoré Louis Vincent dans le catalogue de l'exposition consacrée à l'oeuvre de son  frère et intitulée  "Vincent-Larcher. Regards sur le vitrail au XIXe siècle".  Editions Snoeck 2017