Alfred BAUDELAIRE

(1838-1905)
Photographe d'atelier
2 photographies

Caen Calvados dijon Côte d'Or

Alfred Baudelaire a été photographe à Caen (Calvados) où son cousin Auguste Colas dit Baudelaire (1830-1880) avait opéré quelques années plus tôt. (1) Celui-ci avait commencé à pratiquer le daguerréotype avec son  père Alexandre Colas dit Baudelaire (1884-1882) à Nantes (Loire-Atlantique) où Alfred a vécu jusqu’à l‘adolescence.

Les parents d’Alfred Baudelaire s’étaient mariés à Fort-Royal -aujourd’hui Fort-de-France- (Martinique) le 26 avril 1835. Son père Auguste Henri y était avoué ; sa mère Claire Joséphine Peyré était la fille d’Antoine Peyré, ancien commerçant, qui passera les dernières années de sa vie à Nantes. Après leur mariage, les parents d’Alfred quittent la Martinique et s’installent à Montargis (Loiret) où Auguste Henri est avoué. Son fils aîné, prénommé Oscar Alfred sur son acte de naissance, naît à Montargis le 11 mai 1838. Neuf ans plus tard, sa sœur, Claire Ezylda, voit le jour le 11 août 1847 à Nantes où ses parents, désormais rentiers, sont domiciliés. Auguste Henri Baudelaire décède à Spa (Belgique) le 26 août 1849 deux ans après la naissance de sa fille. Sa veuve Baudelaire vivra à Nantes jusqu’à son décès le 11 décembre 1862 à l’âge de 47 ans. A la mort de leur mère, Alfred avait 24 ans mais Claire Ezylda était une adolescente. Quel parent l’a accueillie chez lui ? Et Alfred, quel métier a-t-il exercé avant d’être photographe ?  (2)

CAEN : Alfred Baudelaire débute sa carrière de photographe dans la préfecture du Calvados où il s’installe en 1869 (3) sept ans après le départ de son cousin Auguste Colas dit Baudelaire. Celui-ci avait été photographe 111, rue Notre-Dame à Caen. Il y est recensé en 1861. En 1862, il cède son atelier à Etienne de Grisy.  Alfred Baudelaire, lui, opérera au 3, rue Singer. Un an après son installation, il doit s’éloigner de son atelier. La France est en guerre contre la Prusse. Le 24 septembre 1870, il rejoint en qualité de lieutenant une compagnie d’éclaireurs de la Garde nationale.  « Officier plein d’entrain et d’une grande bravoure a toujours su payer de sa personne et donner le bon exemple à sa compagnie. A reçu une blessure honorable au combat du 4 janvier (1871) à Saint-Ouen-de-Thouberville (Eure) ». A ce titre, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 5 mai 1871, deux mois seulement après avoir été démobilisé. (4) De retour à Caen, le photographe reprend son travail. Le 25 août 1875, âgé de 37 ans, il épouse à Vézelise (Meurthe-et-Moselle) Julie Massé, fille d’un vérificateur des poids et mesures en retraite. Le frère de Julie, Charles Massé, se mariera à Bayeux (Calvados) le 5 avril 1881 où il sera photographe moins de deux ans. (5)  A une date inconnue, Alfred Baudelaire transfère son atelier caennais du n°3 au n°11 de la rue Singer où il est recensé au printemps 1881 ainsi que son épouse qui est photographe. Le couple va travailler là jusqu’en 1884, date de son départ pour Dijon (Côte d’Or). Le 17 janvier 1884, à Paris, Alfred Baudelaire, rentier (?) à Caen, était témoin au mariage d’Edgard Eugène Bouvard, opérateur photographe à Caen, lequel suivra son patron à Dijon., A Caen, c’est Louis Bacheley, gendre du photographe Léon Ruppé, qui succédera à Alfred Baudelaire.

DIJON : Dans son « Répertoire des photographes de France au XIXe siècle » Jean-Marie Voignier mentionne un Baudelaire photographe à Dijon, place Saint-Michel 6 ; années 1880. Or, dans son dossier individuel de membre de la Légion d’honneur, on trouve plusieurs déclarations de changement de résidence, dont une datée de 1884 précisant qu’il est désormais domicilié à Dijon. Dans l’atelier de pose du 6 place Saint-Michel, Baudelaire s’est intercalé entre Mme veuve Emery-Dufour qui y est recensée en 1881 et Jules Chapuis qui le sera en 1886. A cette date, Baudelaire a quitté la Bourgogne et mis fin à sa carrière de photographe.

Par la suite, Baudelaire a souvent déménagé. Son dossier de membre de la Légion d’honneur nous apprend qu’il a vécu, peu de temps, dans le Doubs puis à Rochefort (Charente-Maritime) et à Saint-Mandé (Val-de-Marne) où il est agent d’assurances en 1891. On le trouve ensuite au 15, rue Jules-César à Paris (12e). C’est là que son épouse Julie Massé décède le 28 avril 1894 à l’âge de 44 ans. Capitaine retraité, Alfred Baudelaire est mort le 18 juin 1905 à son domicile 317, rue du Faubourg Saint-Antoine. (6)

Cette notice a été rédigée en association avec Pascal Cordonnier.

Notes et sources :

(1)  Le 9 septembre 1873, Claire Ezylda Baudelaire, se marie à Paris. Elle a pour témoins son frère aîné Alfred Baudelaire, domicilié à Caen et Auguste Baudelaire, « cousin de l’épouse », domicilié à Strasbourg. Deux ans plus tard quand Alfred se marie le 25 août 1875, à Vézelise (Meurthe-et-Moselle) Auguste Colas Baudelaire, rentier domicilié à Nancy, est son témoin. Le degré de parenté entre les deux photographes est difficile à établir. Les parents d’Auguste, René Jacques Colas et Marie Françoise Baudelaire s’étaient mariés en 1829 à Paris. L’acte qui a été détruit en 1871 lors de l’incendie de l’hôtel de ville, n’a pas été reconstitué. Marie Françoise Baudelaire serait née à Evreux (Eure) vers 1796. Alfred Baudelaire, était lui le petit-fils de Marie Gilbert Baudelaire, marchand drapier à Marseille où sont nés ses trois enfants puis percepteur à Vernouillet (Eure-et-Loir). Il  était né le 5 juin 1772 à Montlivault (Loir-et-Cher). Quel était le lien de parenté entre Marie Françoise et Marie Gilbert Baudelaire ?

 (2)  Sur son acte de décès, Alfred Baudelaire est qualifié de capitaine retraité. En septembre 1870, quand il rejoint une compagnie d’éclaireurs de la Garde nationale, il a le grade de lieutenant. Cela semble indiquer qu’avant d’être photographe il avait fait carrière dans l’armée bien que son dossier de chevalier de la Légion d’honneur n’en fasse pas état.

(3)  « Objectif Calvados – Un siècle de photographie aux Archives du Calvados (1850-1950) Cahier de la Direction des Archives du Calvados – n°44 – 2010.

 (4)  Base Léonore – dossier L0139008  

 (5)  Dans « L’Indicateur de Bayeux » daté du 6 mars 1883, on apprend   que « Par suite du départ, de M. Massé, photographe rue du Marché n°18 à Bayeux, M. Baudelaire, photographe à Caen rue Singer n°11 va réorganiser la maison et en annoncer ultérieurement la réouverture ». Consultable sur Normannia.

(6)  Sur Geneanet, il est mentionné qu’Oscar Alfred Baudelaire aurait été nommé maître du Grand Orient de France le 13 janvier 1884. Information à vérifier.