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Jean-Pierre BLANC
(1827-1887)
Photographe d'atelier
1 photographie
Fils d’un propriétaire cultivateur, Jean-Pierre Blanc est né le 19 juillet 1827 à Puycelci (Tarn). Le 19 février 1849, âgé de 22 ans, il épouse Céline Angélique Soleil (1827-?) dont les parents étaient, eux aussi, propriétaires-cultivateurs à Puycelci. Le 27 septembre 1851, son épouse met au monde une fille prénommée Jeanne Blanche. Aîné d’une fratrie de cinq, Jean-Pierre Blanc était destiné à reprendre l’exploitation familiale qu’il aurait pu agrandir avec les terres de ses beaux-parents. La voie était toute tracée mais Jean-Pierre Blanc va bifurquer. Peu après la naissance de sa fille, il part à Paris où il se formera au métier de photographe. Démarche surprenante de la part d’un homme qui vivait dans un bourg tarnais de 2 200 habitants situé à 45 kilomètres d’Albi où il n’avait pas dû croiser beaucoup de photographes. Dans sa carrière, il faut distinguer ce qui est probable : Toulouse (Haute-Garonne) et Montauban (Tarn-et-Garonne) et ce qui est attesté : Gaillac et Carmaux (Tarn).
TOULOUSE : Le 2 novembre 1854, « Le Journal de Toulouse » publie la première annonce de Blanc, photographe 5, rue des Chapeliers. Il y vante une : « Imprimerie photographique de portraits, de monuments, paysages, statues, façades de magasin, etc. Daguerréotype et photographie sur glace, plaque métallique et papier de toutes les dimensions, aux prix les plus réduits. Une connaissance approfondie et pratique des procédés les plus récents et de tous les perfectionnements modernes, acquise dans les meilleurs ateliers de la capitale, garantit le fini du travail et la ressemblance absolue des portraits ». (1) Dans son atelier, Blanc expose et vend des vues de Toulouse (façade du Capitole, clocher Saint-Sernin, Vue du pont…) mais aussi d’Albi (Eglise Sainte-Cécile et statue de Lapérouse). Après avoir travaillé deux ans rue des Chapeliers, Blanc s’installera 18, rue Saint-Etienne. Dans l’Annuaire de la Haute-Garonne, il figure dans la liste des photographes de Toulouse jusqu’en 1858 inclus. (2)
MONTAUBAN : Après avoir quitté Toulouse, Blanc aurait opéré 110, rue Lacapelle à Montauban. Son travail dans la ville chef-lieu du Tarn-et-Garonne n’est pas documenté.
GAILLAC : Jean-Pierre Blanc s’installe à Gaillac, commune du Tarn de 7 800 habitants durant la première moitié des années 1860. En juin 1865, alors qu’il est photographe à Gaillac, il dépose un brevet d’invention pour une « machine à amplification géométrique des portraits de grandeur naturelle ». (3) Pour cette invention, il recevra une médaille d’argent de 2e classe à l‘exposition des beaux-arts et l’industrie ouverte à Toulouse en juin 1865 (4) Il en obtiendra une seconde à Albi en 1866 et une troisième à Rodez en 1868. Au dos d’un portrait fait à Gaillac, le photographe précise que pendant la saison, il opère à Cauterets (Hautes-Pyrénées). A Gaillac, Jean-Pierre Blanc ne faisait pas que des portraits. Avec sa fille Blanche, il s’adonnait au spiritisme. Le 20 février 1872, a lieu à leur domicile une fête spirite qui rassemble des médiums de la région et des curieux. « Cinquante à soixante personnes remplissaient le salon de M. Blanc. L’administration, la magistrature, le barreau y étaient largement représentés. Des dames, en certain nombre, et des habitants de la ville complétaient la réunion ». (5) Pour les spirites français, la grande affaire du moment était la « photographie d’Esprits". Faire apparaître sur une photographie l’esprit de celui qui, pour un spirite n’était pas mort mais simplement désincarné. Il ne semble pas que les essais faits à Gaillac aient été tout à fait concluants. C’est un photographe parisien, Edouard Buguet, pas spirite pour un sou mais parfaitement cynique, qui remporta le marché juteux de la photographie des esprits.(6)
Après le mariage de sa fille Blanche en 1873 avec un boulanger de Carmaux, Jean-Pierre Blanc vivra seul rue de la Magdeleine. (7) Il y est recensé en 1876 mais plus en 1881. Entre-temps, il était parti à Carmaux pour se rapprocher de sa fille.
CARMAUX : On ne sait si Jean-Pierre Blanc a fait beaucoup de portraits dans la cité minière. Quand son nom a été cité dans la presse locale, ce ne fut pas en tant que photographe mais en tant que délinquant sexuel. Le 26 février 1880 à Carmaux, il avait commis un attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence sur une fille au-dessous de 15 ans accomplis. Trois médecins aliénistes avaient conclu que l‘accusé était sain d’esprit et devait être considéré comme responsable de ses actes. La cour d’assises du Tarn le condamna à un an de prison. (8) A l’issue de de sa détention, sa carrière de photographe à Carmaux était sérieusement compromise. C’est sans doute pour cela que Jean-Pierre Blanc a obtenu le 27 juillet un passeport pour aller exercer sa profession à Barcelone. (9) Est-il vraiment parti ? Ce n’est pas sûr. En tout cas, c’est à Carmaux qu’il est décédé le 10 mars 1887.
Sources :
(1) Rosalis « Le Journal de Toulouse » du 2 novembre 1854. Quatre jours plus tard, le même journal publiait l’annonce de « Mme Blanc (de Paris) et sœur » marchande de confections 5, rue des Châpeliers, là où Jean-Pierre Blanc venait d’ouvrir son atelier de pose . « L’emploi de première occupé par Mme Blanc, pendant plusieurs saisons, dans la maison Oudot-Manoury, à Paris, garantit le bon goût, l’élégance de la coupe, l’irréprochable perfection de tous les articles qui sortiront des ateliers que nous annonçons ». Cette Mme Blanc (de Paris) était-elle l’épouse de Jean-Pierre Blanc qu’elle aurait accompagné dans la capitale ?
(2) François Bordes « Encyclopédie historique de la photographie à Toulouse 1839-1914 » Editions Privat (2016)
(3) Institut national de la propriété industrielle (INPI) Base brevets du XIXe siècle. 1BB67848 – Brevet pour une machine à amplification géométrique des portraits de grandeur naturelle. Le 28 novembre 1866, il dépose un autre brevet pour une chambre noire sol statique. 1BB73978.
(4) Rosalis Exposition des beaux-et-arts et de l’industrie à Toulouse. https://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/12148/bpt6k9763868f/f1.item
(5) Gallica « La Revue spirite » du 1er avril 1872.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2709678w
(6) voir la notice d’Edouard Buguet sur ce site.
(7) Sur l’acte de mariage de Jeanne Blanche Blanc en 1873, il est indiqué que la future n’a pu obtenir le consentement de sa mère dont elle ignore le domicile. Quatorze ans plus tard, sur l’acte de décès de Jean-Pierre Blanc, photographe à Carmaux, il est rappelé que son épouse légitime Cécile Soleil, sans profession, était domiciliée à Gaillac, donc séparée de son mari.
(8) Rosalis « Le Journal de Toulouse » du 6 septembre 1880.
(9) Jean Déléris.