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Auguste CHABRIER
(1842-?)
Photographe d'atelier
1 photographie
Fils d’un maçon, Auguste François Chabrier est né le 24 avril 1842 à Barjols (Var). Il se forme au métier de photographe à Paris. Par la suite, il se vantera d’avoir été "l’un des élèves les plus distingués de l’illustre maître Pierre Petit".
LA MAISON MAIRE-MENGIN : De retour dans le Var, Auguste Chabrier épouse le 29 novembre 1866 la jeune Victoria Maire-Mengin. Son père, Louis Maire-Mengin exploite à Draguignan un grand bazar où il vend des jouets, des pendules, de la coutellerie, des articles de religion... Tel César Birotteau, ce commerçant ingénieux écoule une eau de Cologne "qu’il prépare lui-même selon une formule qui lui est exclusive". Enfin, les Dracenois que leurs dents font souffrir viennent se faire soigner par Louis Maire-Mengin qui se flatte de pratiquer l’art dentaire. L’union de sa fille avec un photographe lui permet d’ouvrir dans ce bazar déjà bien fourni les "Ateliers de la Photographie des Deux Mondes" dirigés par Auguste Chabrier. Quelques jours après la noce, le journal "Le Var" insère une publicité stupéfiante où la concurrence est piétinée.(1) Il convient de reproduire ce texte étonnant dans son intégralité : " La Maison Maire-Mengin Allées d’Azémar 7bis à Draguignan est certes, trop avantageusement connue dans le Var pour avoir besoin des grossières et stupides réclames que font quelquefois, en style trivial et ridicule, certains établissements de bas étage, dans des accès de jalousie des plus excusables à nos yeux, car un négociant intelligent doit pardonner toutes les platitudes aux idiots qu’irrite un succès auquel ils se sentent incapables d’atteindre.
La Maison Maire-Mengin, en face le Jardin public à Draguignan a fait fortune à force de loyauté, d’honnêteté et de probité, d’une probité reconnue dans dix départements à la ronde.
La Maison Maire-Mengin, en face le Jardin public à Draguignan, se fait un plaisir d’annoncer à sa très-nombreuse et très-honorable clientèle qu’à l’occasion du jour de l’an, elle livrera dès à présent au plus bas prix possible, les 200 000 jouets d’enfants qu’elle a relégués dans ses caves et greniers, la bimbeloterie ne formant pour elle qu’un accessoire qui encombre mais qui ne rapporte pas.
La Maison Maire-Mengin, en face le Jardin public à Draguignan, a fait élever, dans le seul but d’être agréable à sa très-nombreuse et très-honorable clientèle de la ville et du département, les Ateliers de la Photographie des Deux Mondes, que dirige M. A. Chabrier, habile correspondant de Pierre Petit dont les artistes vraiment dignes de ce nom s’abstiennent bien de contester les succès, mais que ravaleraient volontiers à leur niveau, des individus qui se proclament photographes, sans avoir jamais réussi un portrait. Les affiches placardées à l’angle des Place et rue Impériales pour annoncer la réouverture et indiquer les divers tarifs de la Photographies des Deux Mondes ayant été, à plusieurs reprises, déchirées et indignement maculées, nous prions ceux de nos clients qui désireraient connaître nos prix courants de bien vouloir demander à la maison la notice que l’on distribue gratuitement, et qui donne, outre le catalogue de nos articles, le calendrier de 1867 et un Petit Indicateur du chemin de fer (service d’hiver). Dorénavant, nous n’afficherons plus, pour épargner au public la vue de ces turpitudes dégoûtantes."
On ne sait qui est l’auteur de ce texte : Auguste Chabrier ou son beau-père ? Sans doute, les deux ensemble. Tout de même, ce chiffre mirobolant de 200 000 jouets, laisse pantois dans une ville qui, même si elle était encore la préfecture du Var, ne comptait que 9 275 habitants. En 1868, il est encore question de la "Photographie des Deux Mondes" (2) mais elle va bientôt être mise en sommeil. Lors du recensement de 1872, Auguste Chabrier est enregistré comme marchand quincaillier. Entre temps, son beau-père est, semble-t-il, parti faire du commerce à Cannes (Alpes-Maritimes).
LA FAILLITE Chabrier, seul, n’a pas su gérer la Maison Maire-Mengin. Il va la conduire à la faillite. Le 6 mai 1878, il est procédé " à la vente aux enchères publiques de tous les objets mobiliers et marchandises composant le Bazar connu sous le nom de Bazar Maire-Mengin - Chabrier successeur. et qui consiste notamment en jouets d’enfants, vases, flambeaux, tableaux, cannes, articles de religion, coutellerie, etc. " Conséquence directe de cette mauvaise gestion, le 13 décembre 1880, "la dame Maire-Mengin, épouse du sieur Auguste Chabrier, auparavant négociant, actuellement photographe demeurant et domicilié à Draguignan, elle demeurant à Cannes, a été séparée de biens avec son mari et autorisée à en reprendre la libre administration et jouissance". De fait, en 1881 et 1886, Auguste Chabrier, séparé de son épouse, vit chez ses parents à Draguignan. Il a repris son métier de photographe mais les revenus qu’il tire de cette activité doivent être bien minces et il n’a plus les moyens de se payer de flamboyantes publicités dans la presse locale. Agée de 84 ans, sa mère est décédée à Barjols le 23 octobre 1898. Lui, on ne sait où il a fini sa vie.
Sources : La collection du journal "Le Var" a été mise en en ligne par la médiathèque Villa-Marie de Fréjus. (1) "Le Var" du 9 décembre 1866. (2) "Le Var" du 27 août 1868. (3) "Le Var" du 28 avril 1878. (4) "Le Var" du 19 décembre 1880.