Jules Joseph MIGEVANT

(1823-1891)
Architecte et photographe
1 photographie

Paris

Jules-Joseph Migevant est né le 16 avril 1823 à Villepreux (Yvelines) ; fils aîné de Jean Nicolas Joseph Migevant, tisserand en laine, et de Marie Madeleine Beaumesnil. (1) De 1840 à 1842, il est élève à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. (2) Cependant ce n’est pas dans l’armée qu’il fera carrière. Il est architecte domicilié à Charonne quand il épouse le 7 mai 1856, Augustine Desrochers à l’église Saint-Martin-des-Champs. (3) Le couple aura cinq enfants nés à Paris entre 1856 et 1867.

LE PHOTOGRAPHE : A une date inconnue, Jules-Joseph Migevant, architecte, s’associe au photographe Augustin Bar pour l’exploitation d’une maison de photographie 2, boulevard Beaumarchais à Paris. Cette société est déclarée nulle par jugement du tribunal de commerce de la Seine en date du 17 octobre 1865. (4) Sept mois plus tard, le 31 mai 1866, Migevant, toujours architecte, forme avec un commanditaire une société en nom collectif à l’égard de Migevant et en commandite à l’égard de son associé. Elle a pour objet l’exploitation à Paris :
- des bureaux d’architecture et de contentieux du bâtiment exploités rue Pierre-Levée n°16 et boulevard Sébastopol n°28 ;
- un établissement de photographie sis boulevard Beaumarchais n°2 ;
- une agence de publicité industrielle et commerciale sise boulevard Sébastopol n°28.
La durée de la société Migevant &Cie est de douze années qui ont commencé le 1er mars 1866. (5)

Jules-Joseph Migevant est désormais photographe et travaille à l‘enseigne « Photographie Beaumarchais » comme l’avait fait Auguste Bar avant lui. En octobre 1868, un violent incendie ravage son atelier. Les dégâts s’élèvent à 20 000 F. (6) La Compagnie d’assurances « La Paternelle » lui verse 20 030 F alors que le photographe avait estimé sa perte à 60 000 F. Pour faire part de son mécontentement, il fait établir au-dessus de son atelier transféré place de la Bastille un grand panneau d’une hauteur de 6 mètres portant en grosses lettres l’inscription suivante « « Par suite de l’incendie des ateliers de la photographie Beaumarchais et pendant son procès avec la Compagnie d’assurances la Paternelle, on opère à côté, à sa succursale, « La photographie la Bastille » Place de la Bastille, à l’angle du boulevard Beaumarchais et de la rue Saint-Antoine, 221… ». L’assureur jugeant le procédé de nature à lui nuire saisit le juge des référés qui, en février 1869, impose au photographe de ne plus mentionner la compagnie d’assurances sur son grand tableau. (6) En 1871, Migevant participe à la Commune de Paris (voir ci-dessous). En cessation de paiements en décembre 1871, le photographe est déclaré en faillite le 30 janvier 1872. (7)

LE COMMUNARD : Pendant la Commune de Paris, Jules-Joseph Migevant est chef du 66e bataillon de la Garde nationale. Le 12 mai 1871, il est nommé juge suppléant d’une cour martiale où il n’a pu siéger que quelques jours. Le 28 mai 1871, après une semaine de combats acharnés, les Versaillais sont maîtres de la capitale. Un an plus tard, le communard Migevant, est appelé à comparaître devant un conseil de guerre. Le 6 août 1872, il est condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée ; peine qu’il n’accomplira pas. Juste avant d’être jugé, il quitte la France et se réfugie en Belgique. Il s’installe à Anderlecht où il travaille comme architecte. (8) Comme beaucoup d’autres communards, Migevant bénéficie de la loi d’amnistie du 3 mars 1879. Deux questions restent à éclaircir : Migevant n’est-il rentré en France qu’après avoir été amnistié et si c’est le cas à qui avait-il confié la gestion de la « Photographie Beaumarchais » ? (9)

Le 20 octobre 1879, quelques mois après avoir été amnistié le photographe est à nouveau déclaré en faillite. (10) Migevant est alors contraint de vendre son fonds de commerce. (11)

Il reprend son métier d’architecte et crée avec un commanditaire une société en nom collectif et en commandite ayant pour objet l’achat de terrains, l’entreprise et la vente de constructions. lElle est déclarée en faillite le 6 novembre 1883. (12) Trois ans après le décès de son première épouse, Jules-Joseph Migevant commis d’architecte, épouse le 26 janvier 1889 à la mairie du 10e arrondissement, Philomène de Condé, modiste née à Anvers (Belgique). Le couple ne vivra ensemble que dix-neuf mois. Agé de 68 ans, Jules-Joseph Migevant, commis d’architecte, décède le 25 août 1891 à son domicile, 17, faubourg du Temple à Paris (10e).

Notes et sources :
(1) Aucun autre enfant n’est né à Villepreux. Il semble que les parents de Jules-Joseph aient quitté cette commune mais on ignore où ils sont partis.
(2) Fondée en 1802 par Napoléon Bonaparte, Premier consul, l’Ecole spéciale militaire accueillit ses premiers élèves au château de Fontainebleau puis fut transférée à Saint-Cyr (Yvelines) en 1808. Elle s’installe à Coëtquidan en 1945.
(3) L’acte de mariage n’a pas été reconstitué.
(4) Gallica « La Gazette des tribunaux » du 26 octobre 1865. Le 8 avril 1865, Migevant était témoin sur l’acte de naissance d’une fille d’Augustin Bar qui était domicilié 10, rue Sedaine.
(5) RetroNews « Gazette nationale ou Moniteur universel » du 5 juin 1866. La société Migevant & Cie fut créée par un acte sous seing privé signé à Château-Thierry (Aisne) le 31 mai 1866. Le commanditaire de la société devait donc y résider.
(6) RetroNews » « Le Droit » du 21 février 1869.
(7) Gallica « La Gazette des tribunaux » du 23 février 1872
(8) Maitron « Dictionnaire du mouvement ouvrier »
https://maitron.fr/migevant-jules-joseph-quelquefois-orthographie-megevaut-migevault-michevant-michevont/, notice MIGEVANT Jules, Joseph (quelquefois orthographié MÉGEVAUT, MIGEVAULT, MICHEVANT, MICHEVONT) par , version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 17 juin 2024.
(9) A l’automne 1872, alors que Migevant s’est réfugié en Belgique, l’hebdomadaire parisien « Le Cri-Cri » publie une annonce pour les « Photographies réunies Beaumarchais et de la Bastille – Migevant et Cie – place de la Bastille – Agencement unique permettant d’opérer par tous les temps ». (RetroNews « Le Cri-Cri » du 27 octobre 1872)
(10) RetroNews « Le Droit » du 29 octobre 1879.
(11) En août 1880, c’est Pontonnier qui opère 2, boulevard Beaumarchais à l’enseigne « « Photographie Beaumarchais et de la Bastille ».
(12) RetroNews « La Loi » du 25 novembre 1883.