Rechercher une photo, un photographe, un lieu...
Eugène ROZYCKI (DE)
(1848-1921)
Photographe d'atelier
1 photographie
Paris Seine Senlis Chantilly Oise
Eugène Antoine Abel Rola de Rozycki est né le 24 décembre 1848 à Tournon-sur-Rhône (Ardèche) où son père, Michel Antoine Rola de Rozycki, ancien officier de l’armée polonaise, émigré en France, était "teneur de livres". Il sera suite comptable au Puy-en-Velay (Haute-Loire) où son épouse décèdera le 14 août 1871. Ayant reçu une formation artistique, Eugène Rola de Rozycki est d’abord dessinateur pour les compagnies de chemin de fer. (1) Au printemps 1875, une loterie est organisée par les artistes lyonnais au bénéfice des inondés. L’un des lots est un bon pour un portrait au pastel fait par Rozycki. (2) Trois ans plus tard, quand il se marie le 14 mai 1878 à Saint-Maurice-de-Dargoire (Rhône), il est domicilié 12, rue de Rougemont à Paris (9e) où il est artiste peintre. (3)
PARIS : Durant l’été 1878, Eugène de Rozycki débute sa carrière de photographe 147, rue Saint-Martin (4e) dans l’atelier que lui a cédé Auguste Bouche. (4) . Il subsiste quelques portraits faits dans cet atelier. En mai 1880, le "peintre-photographe" est domicilié 76, rue Bonaparte (6e) quand son épouse donne naissance à leur fils Philippe. Mais bientôt les Rozycki s’installent à Senlis (Oise).
SENLIS : Lors du recensement de 1881 (mais qui est daté du 14 mars 1882), Eugène de Rozycki, photographe, est recensé rue de la République - rempart de Bouteville. Début 1884, il fait paraître une annonce dans "Le Journal de Senlis" pour la "Photographie Nouvelle - actuellement rue Saint-Pierre n°6." (5) Dans cette annonce Rozycki vante les "Photographies en couleurs inaltérables (procédé nouveau et particulier dit Photonature (voir ci-dessous)) Le photographe sera longtemps actif à Senlis et ouvrira une succursale à Chantilly (Oise) et deux autres à Abbeville et Amiens (Somme).
CHANTILLY : Située à seulement 10 kilomètres de Senlis, Chantilly offrait aux photographes un patrimoine exceptionnel : son château, ses forêts domaniales qui couvrent plus de 6 300 hectares et son hippodrome, le plus ancien de France, où, les pur-sang de trois ans se disputent le prix du Jockey-Club depuis 1836. Eugène de Rozycki et son fils Philippe se sont peu intéressés au château préférant couvrir les chasses à courre et les courses hippiques. Au début du XXe siècle, leurs clichés seront diffusés sous la forme de cartes postales.
LA FAILLITE : En 1906, c’est Philippe de Rozycki qui gère la succursale de Chantilly, son père, en plus de son établissement principal de Senlis, a ouvert deux succursales dans la Somme, à Amiens et Abbeville. Avait-il vu trop grand ? Le 21 février 1907, il est déclaré en faillite (6) Pour apurer ses dettes, le fonds de commerce de Chantilly est vendu par adjudication le 15 avril 1907. Mise à prix : 1 000 Fr avec en plus des "collections importantes et très intéressantes de clichés de chasses à courre et de courses…" (7) Malgré cette faillite, Eugène de Rozycki poursuit sa carrière de photographe dans son atelier de la rue Saint-Pierre. Il y est toujours photographe patron lors du recensement de 1911 puis photographe négociant en 1921 quelques semaines avant sa mort. Agé de 72 ans, il est décédé à Senlis le 23 juin 1921.
Deux fils d’Eugène de Rozycki ont été photographes :
- Philippe (1880-1911) à Chantilly.
- Robert (1894-1964) à Pouancé (Maine-et-Loire).
LA PHOTONATURE :
La Société générale de photonature est une société anonyme constituée les 23 et 26 août 1882 devant Me Verrier, notaire à Lyon. Elle a pour objet l’application et l’exploitation, tant en France qu’à l’étranger, d’un procédé nouveau de photonature (ou reproduction avec leurs tons et nuances de tous les objets que, jusqu’à ce jour, la photographie n’a pu donner qu’en gras et en noir) au moyen d’appareils perfectionnés brevetés, et de toutes améliorations et additions à y apporter. Le fonds social est de 350 000 Fr divisé en 700 actions de 500 Fr chacune. Parmi les administrateurs de la société, on relève les noms du photographe lyonnais François Armbruster et de l’ingénieur Arthur Durand, inventeur du procédé. (8) La photonature fait l’objet d’un article élogieux dans « Le Figaro » du 17 mars 1883. L’auteur, Paul Bernier, attaque fort : « Il est certain que la photographie a fait son temps et que tout en conservant la faveur publique pendant quelques années encore, elle tend peu à peu à céder la place aux inventions nouvelles qui sont issues des mêmes origines qu’elle - qui, sans elle, n’eussent même jamais existé sans doute…… C’est le cas de la photonature, ce procédé nouveau dont on a déjà beaucoup parlé, et qui donne aux yeux la sensation de la peinture elle-même, avec en plus la netteté rigoureuse de la photographie. La photonature est en passe de devenir universelle… Pour asseoir le procédé sur une base solide, la Société s’est assuré le concours de M. Bisson, le photographe bien connu… » (9) Rozycki était infiniment moins connu que son collègue parisien. Pourtant, le 4 avril 1883, Eugène Antoine Rola de Rozycki, peintre photographe, demeurant 41, boulevard des Capucines, dépose les statuts d’une société anonyme qu’il a créée ayant pour objet « l’exploitation commerciale des techniques photographiques d’après les procédés utilisés par la société générale de photonature dont la durée est fixée à cinquante ans, sous la raison sociale Société française de photonature et d’impressions photographiques inaltérables aux encres grasses et au charbon, au capital de 650 000 francs, siège social à Lyon (Rhône) ». (10) Que venait faire le photographe senlisien dans cette galère ? Car la photonature a disparu aussi vite qu’elle était apparue.
Notes et sources :
(1) Marc Durand « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » - Archives nationales (2015)
(2) « Le Salut public » du 17 mai 1875. Consultable en ligne sur Lectura Plus - Portail du patrimoine écrit et graphique en Auvergne-Rhône-Alpes.
(3) Eugène Rola de Rozycki s’est marié trois fois : sa première épouse, Claudine Irma Arond est décédée à Senlis le 13 février 1885 à l’âge de 27 ans. Le 16 mai 1888, à Maisons-Alfort, il a épousé Claudine Arond, sœur de Claudine Irma, qui est décédée à Senlis le 18 juillet 1896. En 1900, il s’est marié avec Louise Guillaud qui travaillera avec son mari dans l’atelier de Senlis.
(4) Gallica - "Archives commerciales de la France" du 5 septembre 1878
(5) « Le Journal de Senlis – Courrier de l’Oise » du 24 janvier 1884 est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque de Senlis.
(6) Gallica – « Archives commerciales de la France » du 9 mars 1907.
(7) « Le Journal de Senlis – Courrier de l’Oise » du 7 avril 1907 est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque de Senlis.
(8) « Le Salut public » du 18 novembre 1882. Consultable en ligne sur Lectura Plus - Portail du patrimoine écrit et graphique en Auvergne-Rhône-Alpes.
(9) Gallica – « Le Figaro » du 17 mars 1883.
(10) Marc Durand « De l’image fixe à l’image animée 1820-1910 » - Archives nationales (2015)